- Putain, mais c'est pas possible ! J'ai vraiment la poisse ce matin ! s'écria Bosco.
- Qu'est-ce qui t'arrive encore ? soupira sa coéquipière.
- Rien, ça me soule, on peut pas circuler tranquille sans être pris dans un bouchon !
- Oulà ! Quand tu parles comme ça, je sais qu'il y a autre chose ! rétorqua Faith.
- Mais non, je… bon, ok, soupira Bosco en voyant le regard insistant de son amie… Nina m'a largué…
- Quoi ? Pourtant ça commençait à faire longtemps !
- Oui… presque 2 mois ! rougit le jeune homme en pensant aux 14 ans de mariage qu'avait vécu Faith avant de divorcer d'avec Fred.
- C'est déjà pas mal… le réconforta-t-elle.
- Ouais… et sinon, toi, t'as fait quoi pendant ce jour de congé ? demanda-t-il pour changer de sujet.
- Et ben, j'ai essayé d'expliquer les maths à ma fille mais vu que je suis encore plus nulle qu'elle, on n'est pas arrivées à grand-chose, sauf à partir dans un fou rire !
- En maths tu dis ?! Je peux lui donner des cours, si tu veux ! C'est bien le seul truc où j'étais bon… à part le sport bien sûr !
- C'est vrai ?... Oui, mais ça va te prendre du temps, t'as pas que ça à faire !
- Arrête, puisque je te le propose ! insista Bosco. De toute façon, maintenant que je ne suis plus avec Nina, j'ai que ça à faire ! Ca m'arrange, au moins je passerai pas mes heures de libre tout seul !
- Bon… c'est d'accord ! Merci Bosco !!!
- Si tu veux je peux venir ce soir, à 20h, après le service !
- Oui ! Oui, ça serait sympa !
- Pas de problème… putain, espèce de connard ! bouge ta bagnole, tu vois pas que y'en a qui bossent ?! hurla-t-il en sortant la tête par la fenêtre de la voiture.
CENTRAL 55, VESTIAIRE DU COMMISSARIAT, 19H30.
- Bon ben on se retrouve chez toi tout à l'heure, Faith ! lança Bosco en sortant.
- Oui, à tout à l'heure !
- Oh… vous avez rendez-vous ! se moqua gentiment Sully.
- C'est pas ce que tu crois ! répondit Faith en riant. Il vient donner des cours de maths à Emily !
- Olala c'est pas drôle, t'aurais pu laisser un mystère, qu'on rigole un peu ! dit Ty en s'immisçant dans la conversation.
- Ce sera pour une prochaine fois ! Bon, maintenant je dois y aller, Bosco arrive à 20h !
- A demain Faith !
- A demain les gars !
APPARTEMENT FAITH & EMILY YOKAS, MERCREDI, 20H.
- Diiiiing Donnnng !
- Entre !
- Salut la petite famille ! Ca va, Emy ?
- Ca va, répondit la jeune fille en souriant.
- Bon et bien… on va pas perdre de temps ! Direction ton cahier de maths !
- Olala t'es moins marrant que d'habitude !
- Ah, ben qu'est-ce que tu veux !... t'as combien de moyenne en maths ?
- 4.
- 4 ?! Oulà ! Ca va être dur à remonter ! Mais je suis sûr que je peux te faire remonter à 8 ! Au boulot !
Pendant plus d'une heure, Bosco lui réexpliqua les règles et théorèmes en lui faisant refaire des exercices. Au bout d'un moment, Emily cria :
- Maman ! Viens voir ! J'ai réussi un exercice moi toute seule !!!!
- C'est super ! Et tu crois que tu peux en refaire un du même genre ?
- Oui ! En fait c'est trop facile ! s'exclama Emily, excitée comme une puce.
- Bon, ben moi je vais y aller ! Je reviens dans deux jours, et je te donne à faire l'exercice 8, le 9 et le 10 page 245. Ne triche pas, fais-les toute seule !
- Pas de problème Bosco ! Merci !
- Pas de quoi ! A demain, Faith !
- A demain !
APPARTEMENT FAITH & EMILY YOKAS, VENDREDI, 20H30.
- Salut, c'est moi !
- Salut Bosco ! lança Emily en s'approchant de lui.
- Elle n'est pas là, ta mère ?
- Non ! Elle avait un rendez-vous !
- Ah oui… elle m'en a parlé !!
- C'est un rendez-vous galant, non ? Elle a rien voulu me dire !
- Oui, je crois !
DRIIIIING ! DRIIIIING ! s'énerva le téléphone.
- Allo ?
- Emily c'est Maman !
- Maman ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Et bien… mon rendez-vous se passe très bien, alors c'était juste pour te dire que… je ne rentre pas cette nuit !
- Ok, y'a pas de problème ! rit Emily.
- T'es sûre ? Et… est-ce que Bosco est déjà arrivé ?
- Oui, il y a cinq minutes !
- Dis-lui que s'il est fatigué il peut dormir à la maison, ça lui évitera de faire un grand détour par chez lui !
- D'accord, je lui dirai ! Bisous Maman ! A demain !
- A demain chérie !
Emily raccrocha et se mit à rire.
- Ma mère ne rentre pas avant demain !
- Pourquoi ? s'étonna Bosco.
- Et bien son rendez-vous se passe très bien alors elle va passer la nuit chez lui !
- Ok, rit Bosco. Bon allez, on se met aux maths ? demanda-t-il après un silence.
- D'accord !
- Tu as fait les exercices que je t'ai donnés ? lui demanda-t-il en s'asseyant.
- Attends, tu me prends pour qui ?! Tiens !
Bosco regarda attentivement les exercices de la jeune fille et, au bout de cinq minutes, releva la tête en disant :
- C'est presque parfait ! Tous tes résultats sont bons, mais le raisonnement de l'exercice 8 est incomplet ! Mais à part ça c'est très bien ! Je suis fier de toi !
- C'est vrai ? demanda Emily en se retournant vers son nouveau professeur.
Leurs visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Bosco eut un mouvement de recul, tout comme Emily. Tous deux étaient assez gênés par la situation.
- Tu veux boire quelque chose ? lança Emily en se dirigeant vers la cuisine.
- Oui… tu as une bière ?
- Oui, normalement… Tiens, dit-elle en lui tendant la canette.
- Merci… bon… on est quand même là pour te faire bosser les maths, non ? Alors allons-y !
- Ok… soupira la jeune fille.
Une heure et demie plus tard, ils vinrent à bout des exercices les plus difficiles.
- Et voilà ! Lança-t-elle en posant son crayon.
- Quand est ta prochaine interro ?
- Lundi.
- Je crois que t'es prête, là ! Il suffisait juste que quelqu'un t'explique la méthode et c'est bon ! Maintenant, t'as tout pigé sur ces deux chapitres, je vais pouvoir y aller !
- Attends ! Ma mère a dit que si tu voulais tu pourrais dormir ici, vu qu'il est tard et que tu habites assez loin d'ici !
- Euh… ok, c'est pas de refus, répondit-il après un instant d'hésitation. Je me sens pas de conduire maintenant !
- Tu peux dormir dans la chambre de ma mère !
- Ok… tu as cours, demain ?
- Non ! J'ai jamais cours le samedi ! On n'a qu'à allumer la télé si tu veux !
- Ok… dit-il en s'asseyant dans le canapé. Qu'est-ce qu'il y a à cette heure-là ?
- Je sais pas, quelle heure il est ?
- 22h30.
- Y'a Friends, si t'aimes bien.
- Ouais, génial, j'adore ! lança Bosco avec entrain.
Les deux compères se mirent à rire comme des fous devant la série, avant de partir en batailles de chatouilles.
- Arrête ! Bosco j't'en supplie ! hurlait Emily en se tordant de rire.
- Ben défend-toi ! riait-il.
- J'peux pas !!! Aaaaaaaah ! Arrête !!!!
Bosco finit par obéir et Emily, allongée sur le canapé, reprit son souffle. Soudain, elle se redressa et se jeta sur Bosco en le chatouillant à son tour.
- Aaaah ! cria-t-il en riant, espèce de traîtresse !!!
Emily était allongée sur le jeune homme, et leurs visages n'étaient plus qu'à 10cm l'un de l'autre. Ils s'arrêtèrent soudain de rire et se regardèrent profondément. Emily ferma les yeux et déposa un léger baiser sur ses lèvres. Elle recula de quelques centimètres pour observer la réaction de Bosco. Celui-ci rapprocha ses lèvres de celles de la jeune fille et les captura en un baiser hésitant. Les deux jeunes gens prirent un peu d'assurance et leur baiser se fit plus passionné. Leurs langues s'entremêlèrent durant quelques secondes, puis Bosco se recula.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda doucement Emily.
- Je… on peut pas faire ça… je suis le meilleur ami de ta mère, et ce serait pas correct vis-à-vis d'elle… et puis, t'as que 16 ans, et moi j'en ai 34 ! Ca fait quand même 18 ans d'écart… je pourrais être ton père !
- Oui, t'as raison… je suis désolée…
- Non, t'as pas à l'être! Ecoute, on va faire comme si rien ne s'était passé ...y'a pas de raison que ce baiser change quoi que ce soit entre nous, hein !
- Ouais… bon, je vais me coucher, ça sera mieux comme ça ! dit doucement Emily.
- Ouais, moi aussi… Bonne nuit !
- Bonne nuit !
Emily entra dans sa chambre et se laissa tomber sur son lit. Elle fixait le plafond en repensant à ce qui venait de se passer. Elle avait embrassé Bosco… Bosco, le meilleur ami de sa mère, celui qu'elle avait autrefois toujours appelé Oncle Bosco… Elle ne savait plus où elle en était. Elle attrapa sa chemise de nuit et se changea rapidement, avant de se blottir sous sa couette. Elle éteignit la lumière et se mit à réfléchir… Bosco ne l'avait pas repoussée, bien au contraire ! Il l'avait embrassée à nouveau, et c'était merveilleux ! Elle ne le voyait plus comme l'ami de sa mère, mais comme un homme très beau et très séduisant. Soudain elle sursauta lorsqu'on frappa à sa porte :
- Emily ? Je peux rentrer ? demanda Bosco à travers la porte.
- Oui, bien sûr, répondit-elle.
Il s'approcha de son lit et s'accroupit à côté. Emily lui tournait le dos et n'avait pas changé de position lorsqu'il était entré.
- Emily… je… Emily ?
Il passa sa main autour de sa taille pour la faire se tourner vers lui, et posa ses lèvres sur les siennes. Emily se recula :
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Excuse-moi, je… je croyais que t'avais autant envie que moi que je t'embrasse… dit-il, confus, en se relevant.
Il commença à s'éloigner vers la porte quand une voix le retint :
- Reste, Bosco !
Il se retourna :
- Pardon ?
- Reste, répéta Emily. C'est juste que… tout à l'heure tu voulais pas, tu disais…
Emily descendit de son lit et s'approcha de lui. Elle passa ses mains derrière la nuque de Bosco et l'embrassa sur les lèvres, tout en le tirant vers le lit. Bosco passa ses mains derrière le dos de la jeune fille et l'allongea doucement sur le lit. Il se coucha sur elle, et l'embrassa à nouveau.
- Je suis tellement bien avec toi, murmura Emily.
- Moi aussi… je pensais pas que nous deux ça serait possible, mais je me rends compte que je serais vraiment passé à côté de quelque chose…
- C'est clair… c'est pareil pour moi !
Elle passa les mains sous le T-shirt de Bosco et lui enleva. Soudain, celui-ci la stoppa.
- Tu veux pas ?
- C'est pas ça… c'est juste que je veux pas que tu crois que je suis avec toi pour coucher, mais vraiment parce que j'ai ressenti quelque chose de fort…
- Je sais tout ça… Je sais comment t'es, Bosco !
- Tu l'as déjà fait ?
- Non… répondit-elle après un silence.
- Alors je suis pas sûr que ce soit une bonne idée… tu risques de le regretter, et ça cassera tout entre nous…
- Je le regretterai pas… je sais ce que je fais… et j'ai envie de toi…
Bosco sourit. C'était pour lui une responsabilité de dépuceler cette jeune fille, si belle, si pure, mais il en avait terriblement envie. Il voulait lui offrir du plaisir, et que sa première fois soit inoubliable et très belle, qu'elle ne perde pas sa virginité dans une tente avec le premier venu, comme ça lui était arrivé à lui. Les volets étaient ouverts, mais la lumière de la chambre éteinte, ce qui donnait une ambiance tamisée romantique. Bosco laissa ses mains glisser sous la chemise de nuit d'Emily et lui caressa le ventre. La jeune fille leva les bras tandis que Bosco lui retirait sensuellement sa chemise de nuit. Il l'embrassa sur les lèvres, dans le cou, et descendit progressivement, en s'attardant sur la poitrine et le ventre de sa petite amie. Il était doux avec elle, comme il ne l'avait jamais autant été, avec aucune autre femme. Emily lui caressait doucement la tête et la nuque, et il remonta vers elle en capturant ses lèvres dans un doux baiser. Elle le retourna sur le dos, pour se retrouver sur lui, et lui enleva son pantalon. Bosco se retrouva alors en boxer noir, alors qu'Emily était en string blanc. Celle-ci caressa le torse du jeune homme, ce torse que tant d'autres femmes avaient eu le privilège de toucher. Mais Bosco ne ressentait pas la même chose avec Emily qu'avec toutes les autres femmes qui étaient passées sur son corps musclé : cette fois, il se sentait en parfaite osmose avec son esprit, il se sentait vivant, il savait que la jeune fille qui se trouvait dans ses bras n'était pas n'importe qui… un sentiment nouveau l'envahissait, un sentiment plus beau et plus grand que tout ce qu'il avait pu ressentir dans sa vie. Il caressa Emily dans les moindres recoins de son corps, avant d'accéder au fruit béni qu'il toucha avec précaution. Après de longs préliminaires, Bosco mit un préservatif et commença lentement un va-et-vient en elle. Puis, il s'allongea à côté d'elle et posa sa tête au-dessus de sa poitrine. Emily la lui caressa, en passant sa main dans sa chevelure.
- Ca va ? lui demanda soudain Bosco, inquiet.
- J'ai jamais été aussi bien de toute ma vie, répondit-elle en souriant. Je suis heureuse que ce soit avec toi...
Il leva la tête et l'embrassa. Puis ils s'endormirent, l'un contre l'autre, dans le lit d'Emily.
APPARTEMENT DE FAITH & EMILY YOKAS, SAMEDI, 9H30.
- Chut ! lança Faith en riant.
- Pourquoi ? demanda Alex, tout aussi hilare.
- Je t'ai dit : ma fille dort sûrement encore !
- Ah oui, j'ai passé une si bonne nuit avec toi que j'ai tout oublié ! répondit-il en l'embrassant.
- Bosco ! murmura Emily.
- Mmmmh ?..... grogna Bosco.
- Bosco réveille-toi ! Ma mère est rentrée, il faut que tu t'habilles ! chuchota-t-elle.
- merde, c'est vrai ?!
- Oui ! Habille-toi vite !
Bosco se leva, remit en vitesse son boxer, son pantalon et son T-shirt, et se retourna vers Emily qui s'était levée, enroulée dans le drap blanc. Il s'approcha d'elle et l'embrassa :
- Habille-toi vite toi aussi ! murmura-t-il.
Elle se pencha et attrapa un shorty et un soutien-gorge roses qu'elle enfila.
- T'es belle, comme ça… dit-il en arrivant derrière elle et en la prenant par la taille.
- T'es trop gentil… je savais pas que t'étais un mec aussi doux !
- Ah, qu'est-ce que tu veux ! Personne le sait !... J'compte sur toi pour garder le secret ! ajouta-t-il en lui faisant un clin d'œil.
Elle lui donna un léger smack et prit un jean et un débardeur dans son placard. Elle s'habilla rapidement et dit :
- Il faut que tu sortes de ma chambre en premier et que tu ailles dans le salon. Tu fais une tête surprise en la voyant. Là j'arrive avec mon cahier de maths et je te dis : « Bosco, j'ai réussi l'exercice ! »… ça te va ?
- Bien sûr ! Dis donc, t'es la reine des comédiennes, toi !
- Et oui ! J'ai toujours un plan de dernière minute ! rit-elle.
- Bon allez, j'y vais.
SALON DE FAITH & EMILY YOKAS, 9H45.
- Tiens ?! Salut Faith, t'es déjà rentrée ?!
- Salut Boz ! T'as dormi ici ?
- Oui, sur le canapé !
- C'est vrai ? T'aurais pu prendre mon lit tu sais !
- Oui, Emy m'a dit, mais je me suis dit que ça pourrait te servir, lança-t-il ironiquement en lançant un regard à l'homme qui se trouvait derrière elle.
- Oh ! réagit Faith, je te présente Alex, mon rendez-vous d'hier soir.
- Salut Alex ! Moi c'est Bosco.
- Salut !
- Bosco, j'ai réussi à faire l'exercice 12 du… tiens, maman ! T'es déjà rentrée ?!
- Merci pour l'accueil ! rit Faith.
- Non, je voulais dire, vu ce que tu as dû faire cette nuit, je pensais que tu dormirais plus longtemps… lança Emily en faisant sa tête de petit ange.
- Emy !
- Ben quoi ?!
- Bon, et ben moi je vais y aller ! lança Bosco. Merci de m'avoir laissé dormir ici !
- Y'a pas de quoi, c'est normal ! Merci à toi pour avoir donné des cours à Emily !
Bosco et Emily se retinrent de rire.
- Bon allez, bye bye tout le monde ! dit-il en partant.
- Tu me présentes pas ? demanda Emily à sa mère.
- Euh… si, bien sûr ! Emily, voici Alex… Alex, Emily, ma fille !
- Enchanté !
- Moi aussi !... oups, j'ai oublié de rendre mes exercices à Bosco ! Je reviens ! dit-elle en prenant des feuilles dans sa chambre, avant de sortir de l'appartement en courant.
Elle rejoignit Bosco dans le hall, et manqua de tomber. Il la rattrapa :
- Hé ! Fais attention ! Qu'est-ce qui se passe ?
- On se revoit quand ? demanda-t-elle en se frottant la cheville endolorie par la chute qu'elle avait failli faire.
- Je sais pas…
- Boz… tu crois que c'est une bonne idée de sortir avec moi ? Tu sais, si tu m'aimes pas je comprendrai, et je m'effacerai ! Mais dis-le moi maintenant, parce que ce que je ressens pour toi est déjà très fort, alors je ne…
Bosco la fit taire en l'embrassant.
- Je ne veux pas te perdre… je tiens à toi bien plus que je ne l'aurais voulu…
- Emily ? Tu viens ? lança une voix du haut de l'escalier.
- J'arrive ! cria-t-elle. Je dois y aller… murmura-t-elle.
Elle embrassa furtivement Bosco et s'éclipsa. Il la regarda s'en aller en souriant tristement : où cette histoire allait-elle donc bien pouvoir les mener ? 18 ans d'écart… c'était bien trop ! Lui, ça ne le dérangeait pas, et elle non plus visiblement, mais les autres ? Comment réagiraient les gens en les voyant passer dans la rue, main dans la main ? Il savait que ça ne serait jamais possible de l'embrasser en public, ou même de lui tenir la main, et ça lui faisait du mal… Mais que lui arrivait-il ? Bosco, le grand Bosco deviendrait-il sentimental ? Et bien visiblement, oui…
PATROUILLEUSE 55 DAVID, 14H.
- C'est qui ? demanda Faith en brisant le silence.
- De quoi c'est qui ? interrogea Bosco, surpris.
- La fille avec qui tu sors… c'est qui ?
- Mais arrête tes conneries, je sors avec personne !
- Bosco je te connais. Quand tu as ce petit air, c'est que t'as une copine… allez, c'est qui ? insista-t-elle.
- Mais je… oh, et puis merde à la fin, céda-t-il, c'est… Clarisse ! lança-t-il en pensant à la nouvelle infirmière qui travaillait à la Pitié.
- Qui ça ? demanda Faith en fronçant les sourcils.
- Clarisse ! Tu sais, la nouvelle infirmière !
- Oh ! Et ça se passe bien ?
- Euh… oui, mais elle préfère que ça reste secret ! Tu comprends, elle a tout juste 20 ans…
- Et alors ?
- Et alors on a 14 ans d'écart !
- Et… ?
- C'est énorme !
- Pas tant que ça !
Bosco en profita pour lancer le sujet sur Emily :
- Mais t'imagines, si Emily sortait avec un gars de 30 ans, comment tu réagirais ?
- C'est différent ! protesta Faith.
- En quoi ?
- Elle est mineure et je crois qu'elle est encore vierge !... Mais bon, si ça arrivait je ne pourrais pas faire grand-chose… et puis s'ils s'aimaient, pourquoi pas ?
Bosco sourit intérieurement. Oui, pourquoi pas ? Il se rendait compte qu'il avait eu un véritable coup de foudre pour la jeune fille, simplement en l'aidant à bosser ses maths… Mais elle avait une telle douceur, une telle joie de vivre ! L'innocence de ses 16 ans…
- Pourquoi tu dis plus rien ?
- Je réfléchissais.
- A quoi ?
- Euh… Au fait que j'ai plus de papier toilette !
3 SEMAINES PLUS TARD…
Il y avait maintenant 3 semaines que Bosco et Emily sortaient ensemble. Bien sûr, ça n'avait pas tous les jours été facile, car ils devaient constamment se cacher. Bosco lui faisait encore réviser ses maths, mais ils y passaient seulement une ou deux heures, avant de répondre à leurs envies secrètes. Une fois ou deux, déjà, Faith avait failli les surprendre dans le lit d'Emily, mais comme elle dormait souvent chez Alex, ils avaient presque toujours l'appartement pour eux. Au fur et à mesure que les jours passaient, leurs sentiments grandissaient…
CENTRAL 55, VESTIAIRES DU COMMISSARIAT, 20H.
- Salut les gars ! lança Bosco en rentrant dans le vestiaire.
- Salut ! Dis donc, t'es bien de bonne humeur ! T'as rencart ce soir ?
- Pourquoi tu dis ça, Davis ?
- Pour rien, pour rien… T'as perdu ta partenaire ?
- Faith ? Non, elle est allée voir Christopher, y'a un mec qui s'est fait descendre cet après-midi, et c'est elle qui a surpris son tueur ! Alors faut qu'elle remplisse des papiers !
- Ok… bon, fais-la pas attendre ! lança Sully.
- Qui, Faith ?
- Mais non ! Celle avec qui tu sors ce soir !
- Tsss vous êtes vraiment trop cons, les mecs ! dit-il en prenant ses affaires et en sortant du vestiaire.
Sully et Davis se mirent à rire :
- Pourtant, d'habitude, il adore se vanter sur ses histoires !!!
- A croire que même les plus durs changent ! répondit Sully.
Bosco rejoignit Faith et lui demanda, alors qu'elle remplissait ses papiers :
- Alors, tu fais quoi ce soir ?
- Pourquoi, tu veux m'inviter à dîner ? plaisanta Faith.
- Mais non ! rit-il. Tu sors avec Alex ?
- T'es bien curieux !
- Je me renseigne ! dit-il en lui faisant un petit clin d'œil.
- Si tu veux tout savoir, céda Faith, oui, je sors avec lui ce soir, et je vais dormir chez lui !
- Ahah ! C'est sérieux alors ! se moqua Bosco.
- Plutôt, oui ! répondit-elle d'un ton enjoué, les joues rouges. Tu sais, maintenant que Fred a demandé le divorce, je compte bien en profiter et rattraper le temps perdu !!!
- T'as raison !! dit-il en déposant un baiser sur sa joue.
- A lundi !
- A lundi !
Bosco sortit du Central et prit son portable dans sa poche. Il composa le numéro de l'appartement de Faith :
- Allo ?
- Emily ? C'est Bosco.
- Hey ! Ca va ?
- Très bien ! Ta mère sort ce soir, elle passe la soirée avec Alex et dort chez lui !
- Génial ! Tu viens dormir à la maison ?
- Tu veux dormir ? Vraiment ? demanda-t-il alors que Davis passait derrière lui.
- Bosco, je savais que t'avais rendez-vous ! Lança-t-il, ce qui fit sursauter son ami.
- Deux minutes ! dit-il a l'attention d'Emily. Ce que je fais, ça te regarde pas ! lança-t-il en se tournant vers Davis.
- Oh, ça va, si on peut même plus rigoler ! se vexa-t-il avant de poursuivre sa route.
- Emy ?
- Oui ?
- Excuse-moi ! Je viens de me rendre compte qu'il faut qu'on fasse très attention à ce qu'on fait et à ce qu'on dit, il faut s'assurer que personne ne nous remarque !
- Oui, c'est clair, mais ça va être dur !
- Bon écoute, ma puce, on en reparle ce soir, ok ?!
- D'accord. A ce soir !
Bosco raccrocha. Il monta dans sa Mustang et démarra, direction l'appartement de Faith. Il ne devait pas y aller si tôt, mais il ne put résister à la tentation de la voir tout de suite et de la prendre dans ses bras. Pressé de se retrouver près d'elle, il accéléra légèrement. Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas la camionnette blanche qui venait sur lui à toute allure, et continua d'avancer. Le chauffeur de la camionnette, ivre, ne ralentit pas sa course et rentra dans la Mustang à 120 km/h.
HÔPITAL DE LA PITIE, CHAMBRE 143.
Bosco se réveilla et regarda autour de lui. Il vit des tuyaux passer tout autour de lui et découvrit qu'il était sous perfusion. Il n'arrivait pas à penser, tant sa tête le faisait souffrir. Il savait qu'il était à l'hôpital, mais ne savait en revanche pas pour quelle raison. Il sentit un poids dans sa main et vit Faith, endormie dans le fauteuil en face de lui, en train de lui tenir la main. Il la pressa doucement, n'ayant pas assez de force pour parler ou pour faire un autre geste. La jeune femme s'éveilla en sursaut et regarda Bosco :
- Oh mon dieu t'es réveillé ! Je reviens ! Je reviens tout de suite ! s'affola-t-elle. Venez tout de suite ! cria-t-elle dans le couloir de l'hôpital.
- Calmez-vous Mademoiselle ! Que se passe-t-il ?
- Monsieur Boscorelli, chambre 143 ! Il vient de se réveiller !!!!
- Très bien, j'appelle une infirmière !
- Merci, sourit-elle avant de retourner dans la chambre.
- Emily… murmura Bosco avec peine.
- Quoi, Emily ? s'étonna Faith.
- Je… appelle Emily…
- Mais pourquoi ?
- Je devais…passer…pour les…maths… mentit-il.
- D'accord, je l'appelle. Une infirmière va arriver !
APPARTEMENT FAITH & EMILY YOKAS, 22H.
Emily tournait en rond. Elle avait déjà essayé de joindre Bosco sur son portable, en vain : elle tombait toujours sur son répondeur.
DRIIING ! DRIIING ! S'excita le téléphone.
- Allo ? répondit en hâte Emily.
- Emy c'est Maman.
- Maman ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Bosco m'a dit qu'il devait passer te donner des cours de maths ce soir.
- Oui, et ? demanda Emily, le cœur battant la chamade.
- Et il ne pourra pas venir. Il a eu un accident, il est à l'hôpital. Il m'a dit de t'appeler pour te prévenir.
- Quoi ? Il est à l'hôpital ? Mais qu'est-ce qu'il a ?
- Je ne sais pas encore, il vient de se réveiller, mais…
- J'arrive ! la coupa Emily avant de raccrocher.
- Emily ! Emily ! s'écria Faith dans le téléphone, avant de s'apercevoir que sa fille était déjà partie.
Emily se précipita dans le parking souterrain de l'immeuble et enleva l'antivol de son scooter. Elle alluma le contact et démarra en trombe. Plus rien ne se passait dans sa tête, sauf l'image de Bosco lui souriant dans ce lit où, un jour auparavant, ils étaient tendrement enlacés.
HÔPITAL DE LA PITIE, 22H20.
- Maman !!!
- Emy !
- Maman, il est où ? demanda-t-elle à sa mère, affolée et les yeux rougis par le vent qui s'était engouffré dans son casque pendant le trajet.
- Il était dans la chambre 143, mais le temps que tu arrives, son état a chuté et il a été transporté au bloc opératoire… répondit Faith, les larmes aux yeux.
Emily regarda sa mère et la vit dépitée, comme elle l'était elle-même. Il était vrai que depuis 10 ans maintenant, sa mère et son petit ami travaillaient ensemble, et ils avaient vécu beaucoup de choses, peut-être plus qu'elle n'en vivrait jamais avec Bosco... Mais elle n'était pas jalouse ; elle avait vu les ravages que cela avait fait entre son père et sa mère, et elle ne voulait pas que ça arrive entre elle et Bosco. Après tout, ce n'était pas parce qu'ils étaient ensemble huit heures par jour qu'il y avait entre eux plus qu'une relation frère/sœur !
- Madame Yokas ? demanda un médecin en s'approchant de Faith.
- Oui ?
- Comme vous le savez, monsieur Boscorelli est au bloc opératoire…
- Mais qu'est-ce qu'il a ?
- Je ne peux pas vous en dire davan…
- Vous vous foutez de moi ? explosa Faith. Mon meilleur ami est au bloc, peut-être entre la vie et la mort et vous me dites ça ?! Je suis sa seule véritable famille ! Alors merde, maintenant dites-moi ce qu'il a ou je vous traîne en justice !
- Maman, arrête !
- Je vous jure, continua Faith sans prêter attention aux suppliques d'Emily, je vous jure que je vous étranglerai de mes mains si mon meilleur ami meurt dans cette salle d'opération !
- Calmez-vous, madame Yokas, reprit le médecin d'une voix timide, je… je vais vous donner des nouvelles… votre ami va être transféré dans une chambre d'ici quelques minutes… il a une jambe cassée, mais rien de bien grave, il n'en gardera pas de séquelles. En revanche, il a subi un traumatisme crânien, mais il est solide, il ne devrait pas garder de séquelles non plus… s'il sort du coma dans les 15 jours qui viennent…
- Quoi ? dit Faith en s'asseyant dans un fauteuil.
Toute colère l'avait à présent abandonnée. Elle était remplacée par une immense tristesse et de l'inquiétude. Elle espérait qu'il ne resterait que peu de temps dans le coma. Emily, quant à elle, se tenait à l'écart, plus forte qu'elle ne s'en serait jamais crue capable. Elle restait de marbre pour sa mère, pour la consoler et la prendre contre elle, mais intérieurement elle était effondrée ; l'homme qu'elle aimait était là, dans cette salle et…
- Bosco ! s'écria la jeune fille en voyant le brancard où il se trouvait poussé par deux infirmiers. Bosco ! répéta-t-elle en s'approchant de son corps inerte.
- Restez à l'écart, Mademoiselle, nous allons l'installer. Ensuite, mais ensuite seulement, vous pourrez venir le voir.
- Merci… dit-elle en revenant vers sa mère, qui était en pleurs.
Elle la prit dans ses bras et la serra contre son cœur. Au bout de quelques minutes, le médecin qui était venu voir Faith vint la chercher pour lui dire qu'elle pouvait aller voir Bosco, qu'il était dans la salle 263. La jeune femme se leva, accompagnée de sa fille, et toutes deux se rendirent dans la chambre 263. Emily dit à sa mère d'entrer seule, car elle ne pouvait supporter les larmes de sa mère devant ce corps inerte. Faith entra et resta un moment près de Bosco. Lorsqu'elle sortit de la pièce, elle avait les yeux rougis par les larmes. Elle dit :
- Viens, chérie, on rentre à la maison.
- Non, Maman !
- Ecoute, je travaille, demain, et je me lève à 5h ! Alors il faut que je dorme !
- Vas-y si tu veux… moi je reste là ! De toute façon, demain j'ai pas cours !
- Tu es sûre ?
- Oui, certaine. Allez, rentre et essaie de dormir !
- D'accord. Toi aussi.
Elle embrassa sa fille et rentra chez elle. Emily entra dans la chambre et manqua de s'évanouir en voyant l'homme qu'elle aimait dans cet état. Elle prit un fauteuil et s'installa près de lui en prenant sa main entre les siennes. Elle lui parlait de tout et de rien, lui raconta ses rêves, ses projets, mais ne parla pas de son amour pour lui, de cet amour qui grandissait chaque jour, et de ce lourd secret qui l'enfermait dans un mutisme permanent. Elle voulait se montrer joyeuse pour lui, pour qu'il s'en sorte, et elle restait forte pour ça. Chaque soir pendant une semaine, la jeune fille restait à l'hôpital et s'endormait là, dans le fauteuil qui faisait face à son amant. Une nuit, alors qu'Emily dormait, elle se réveilla en sursaut en sentant une pression dans sa main. Avait-elle rêvé ? Elle leva les yeux vers Bosco et le vit cligner des yeux.
- Bosco ?
- Em… murmura-t-il.
- Bosco, mon cœur,… oh mon dieu t'es réveillé !
- Mal… ma tête… articula-t-il avec peine.
- Je vais chercher un médecin… t'en fais pas mon cœur…
Elle se leva d'un bond, mais trop précipitamment : la tête lui tourna et elle eut tout juste le temps de s'accrocher au fauteuil pour ne pas tomber. Elle se dirigea vers la porte et sortit dans le couloir. Elle courut jusqu'à l'accueil pour trouver un médecin, malgré la tête qui lui tournait de plus en plus. Soudain, elle s'effondra sur le sol, inconsciente. Elle resta là une dizaine de minutes, avant qu'une infirmière ne passe dans le couloir :
- Mademoiselle ! dit-elle en la réanimant doucement, mademoiselle ?
- Mmmmh ? marmonna-t-elle en ouvrant péniblement les yeux.
- Qu'est-ce qui vous est arrivé ?
- Je… euh… mon ami… Maurice Boscorelli… chambre 263… il s'est réveillé… j'ai couru pour prévenir quelqu'un… et je me suis évanouie… répondit-elle avec peine, tout en se relevant.
- Je vais prévenir un médecin, qui ira s'occuper de votre ami. En attendant, venez avec moi.
- On va où ? demanda la jeune fille, encore un peu dans les vaps.
- Je vais vous faire passer des examens, parce que ça n'est pas normal de s'évanouir comme ça !
- C'est la fatigue, prétexta Emily, en vain.
- Vous venez avec moi, Mademoiselle… ?
- Emily. Emily Yokas.
- Emily, répéta la jeune infirmière. Moi c'est Sonia.
- Mmmmh…
Les deux jeunes femmes entrèrent dans une salle où se trouvait un lit étroit, un bureau et une chaise.
- Allongez-vous, c'est préférable.
- D'accord, s'exécuta Emily.
- Je vais vous poser quelques questions, certaines plus personnelles que d'autres, et je vous demande d'y répondre très sérieusement. Tout d'abord : Quel âge avez-vous ?
- 16 ans.
- Avez-vous déjà eu des vertiges de ce genre ?
- Non, jamais.
- Avez-vous été opérée dans les 8 derniers mois ?
- Non.
- Est-ce que des membres de votre famille sont sujets à des maux de tête ou des vertiges ?
- Non, pas que je sache !
- Etes-vous toujours vierge ?
- Pardon ? s'insurgea Emily, pensant avoir mal compris.
- Est-ce que vous avez déjà eu des rapports sexuels ? reformula Sonia.
- Oui… répondit-elle sans comprendre le rapport.
- Avez-vous eu des rapports dans les 2 derniers mois ?
- Oui…
- Avez-vous constaté un retard ?
- Un… retard ? répéta Emily en fronçant les sourcils.
- Un retard dans vos règles ?
- Mes règles ne sont jamais régulières.
- D'accord. Utilisez-vous un moyen de contraception ?
- Oui, le préservatif.
- Pas de pilule ?
- Non…
- Bien. Je vais vous faire passer un test pour qu'on en ait le cœur net.
- Un test ? s'étonna Emily.
- Oui. Un test de grossesse.
- Mais… je ne suis pas enceinte ! Mon petit ami et moi, on n'a jamais oublié le préservatif !
- Il a pu craquer sans que vous ne le remarquiez ! De toute façon, ajouta-t-elle en voyant le regard inquiet de la jeune fille, vous n'êtes peut-être pas enceinte ! Tenez, dit-elle en lui tendant un test. Allez aux toilettes et faites pipi dessus. On regardera ensuite le résultat.
- D'accord, répondit Emily, angoissée.
- Les toilettes sont là, dit Sonia en lui indiquant une porte.
- Merci…
Au bout d'une ou deux minutes, Emily sortit des toilettes et revint, le test entre les doigts :
- Et maintenant ? demanda-t-elle.
- On attend quelques minutes et on verra ce que ça donne. Si ça devient bleu, vous êtes enceinte. Sinon, c'est une fausse alerte.
- D'accord.
Les deux jeunes femmes attendirent trois minutes. Trois minutes interminables pour Emily, qui espérait que le trait du test reste rose. Sonia tenait le test entre ses mains tout en jetant quelques coups d'œil à sa montre.
- Alors ? demanda Emily après avoir vu sur sa montre que les trois minutes étaient passées.
- C'est bleu. Vous attendez un bébé…
- Qwa ? S'exclama Emily, indignée. Mais je ne peux pas être enceinte ! Je ne suis pas enceinte, c'est pas possible ! J'ai que 16 ans !
- C'est possible, Emily. Et c'est le cas.
Emily s'effondra en larmes. Elle avait l'impression que le ciel lui tombait sur la tête. Sonia la prit dans ses bras, mais la jeune fille la repoussa :
- C'est votre faute !
Elle sortit de la pièce, effondrée. Elle marchait lentement, comme si ses jambes étaient paralysées. Elle se dirigea vers la chambre de Bosco, bien décidée à lui annoncer tout de suite la nouvelle. Elle poussa la porte et s'arrêta devant le lit de son amant.
- Emy… dit Bosco doucement.
- Hey ! murmura-t-elle en se forçant à sourire.
- Hé, ma puce ! Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il, ayant remarqué la tristesse et l'inquiétude d'Emily. C'est à cause de moi ? T'en fais pas, je vais b…
- C'est pas à cause de toi, le coupa-t-elle.
- Ben alors ma belle ?
- C'est pas évident…
- Vas-y… quelque soit ce que tu veux me dire, je suis sûr qu'on pourra trouver une solution ! l'encouragea Bosco.
- D'accord, je… je suis enceinte…
- Non, sérieusement, Em !
Mais il scruta son visage en silence, et s'aperçut qu'elle ne plaisantait pas.
- Oh… tu… je… enfin on…
- Oui mais t'en fais pas ! lança-t-elle en s'asseyant dans le fauteuil et en lui prenant la main. J'irai seule, j'ai mon scooter ! Je m'arrangerai !
- Mais… de quoi tu parles ? demanda Bosco, désorienté.
- De l'avortement !
- De… hein ? Tu veux avorter ? s'affola Bosco.
- J'ai pas le choix… on n'a pas le choix, Boz !
- On a toujours le choix ! rétorqua-t-il. Tu peux pas l'abandonner ! C'est notre bébé !
- Et c'est mon corps !
- Réfléchis, Emily…
- Mais comment on va faire ? Personne ne sait qu'on est ensemble !
- Mais ils finiront par le savoir !
- Et puis j'ai pas d'argent ! continua-t-elle.
- Mais moi j'en ai ! rétorqua-t-il. Et de toute façon, je compte bien montrer au monde à quel point je t'aime !
Emily marqua une pause et reprit, presque en murmurant :
- Toi… ? Tu m'aimes ?
Bosco se redressa et prit le visage d'Emily entre ses mains, en l'embrassant sur les lèvres :
- A ton avis ?
Emily l'embrassa à nouveau et lui répondit :
- Oui…. Je t'aime aussi, mon cœur !
- Alors ? Pour notre bébé ? l'interrogea Bosco, redevenu sérieux.
Il scruta le visage d'Emily en attendant la réponse, celle qui changerait leur vie, qu'elle dise oui ou qu'elle dise non.
- On le garde ! s'exclama-t-elle, son visage soudain éclairé par un large sourire.
- Je t'aime, chuchota-t-il en l'embrassant tendrement.
- Bosco ! Bosco, on m'a dit que t'étais rév…
Faith s'arrêta soudain de parler, comme sciée par ce qu'elle venait de voir. Emily se tourna vers sa mère qui, sous le choc, fit marche arrière en sortant de la chambre. La jeune fille se leva et s'élança dans le couloir. Elle rejoignit sa mère devant les escaliers.
- Maman, attends !
- Qu'est-ce qui se passe ? Tu vas me dire qu'il n'y a rien entre vous ? s'énerva Faith.
- Non ! Non, parce que ça serait mentir…
- Alors ? Il embrasse bien, Bosco ?
- Arrête, Maman !
- Pourquoi ? C'est un homme, et toi tu n'es qu'une gamine ! Une fois que t'auras couché avec lui, il te plaquera !
- Non, c'est faux ! protesta Emily.
- Si, c'est vrai !
- Mais tu crois tout connaître de moi, et de ma vie ? Détrompe-toi ! Ca fait trois mois que je sors avec lui, et je l'aime !
- Et lui ?
- Quoi, lui ?
- Lui, il t'aime ?
- Oui, je l'aime, répondit Bosco en les rejoignant.
- Je ne sais pas quoi vous dire ! Je ne comprends pas… Je… mais ça pourrait être ton père, Emily !
- Maman…
- Et toi, dit-elle d'un air dégoûté en se tournant vers Bosco, toi, mon meilleur ami… t'as vu grandir mes gosses, et là tu me poignardes dans le dos !
- C'était pas prémédité, Faith !
- Ouais… dit-elle, peu convaincue. Mais quand ? Depuis quand ça dure ?
- Depuis le deuxième soir où je lui ai donné des cours, avoua Bosco d'une voix hésitante.
- Et vous avez… enfin… balbutia Faith, le regard soudain triste, grave et inquiet.
- Maman… l'interrompit faiblement Emily.
- … couché ensemble ? termina-t-elle.
- Faith ! s'offusqua son ami.
- Bosco répond-moi ! Tu as couché avec Emily ?
- Oui, répondit-il avec sincérité.
Faith marqua une pause, le scruta avec dégoût, détourna les yeux et finit par le gifler violemment.
- Vous me dégoûtez, siffla-t-elle entre ses dents, avant de descendre les escaliers en courant.
Bosco frotta sa joue gauche, rougie par la claque que sa meilleure amie venait de lui donner. Mais était-elle toujours sa meilleure amie ? Ou plutôt : était-il toujours son meilleur ami ? Après tout, il avait couché avec sa fille ! Il se demandait comment il réagirait à la place de Faith… probablement de la même manière… même pire !
Il se tourna vers Emily, qui retenait ses larmes. Il la prit dans ses bras et la serra contre lui. Elle éclata en sanglots. Bosco était totalement désemparé. Il n'avait jamais tenu entre ses bras une jeune femme, une jeune fille, aussi sensible qu'elle. Toutes les autres étaient des femmes fatales, avec qui il n'avait que des histoires d'une nuit. La seule avec qui il était resté vraiment longtemps était Nicole, une véritable nymphomane !!! Non, vraiment, il n'avait jamais vécu une relation aussi sincère et profonde. Il aimait vivre ça, elle le faisait vibrer. Avec elle, il était quelqu'un d'autre ; attentionné, doux, tout ce qu'il n'était pas avec les autres.
- J'en peux plus, Boz. J'en peux plus ! C'est trop dur !
Surpris, Bosco sortit de ses pensées et s'éloigna légèrement de sa petite amie, pour voir son visage. Il était couvert de larmes. Bosco prit la tête d'Emily entre ses mains et essuya ses larmes avec ses pouces.
- Qu'est-ce qui est trop dur ? la questionna-t-il.
- Mais tout ! répondit-elle. Ce bébé, ces histoires avec ma mère… et nous, ajouta-t-elle après un bref silence.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Nous deux c'est pas possible, t'as bien vu ! Je crois… je crois qu'on devrait arrêter de se voir ! acheva-t-elle.
- Mais tu rigoles ou quoi ? Tu es enceinte, Emy ! Et je t'aime ! Je te laisserai pas t'éloigner de moi ou avorter, tu m'entends ?! Je ne veux pas te perdre !
- Laisse-moi, Bosco… tu es blessé, retourne te reposer… s'il te plaît…
- Fais pas ça, Emily…
- Je t'aime, murmura-t-elle avant de descendre les escaliers.
- Me laisse pas, Emy… fais pas ça… j't'en supplie…
Bosco avait perdu toute assurance. Sa voix était faible et on sentait les sanglots se perdre dans ses cordes vocales. Il retourna dans sa chambre et s'allongea à plat ventre sur le lit. Là, il laissa sa douleur s'exprimer, et ne chercha plus à se montrer fort. Pour la première fois de sa vie, il se foutait de sa fierté et de sa dignité. Tout ce qu'il voulait, c'était Emily et leur bébé. Le reste n'avait plus d'importance, mis à part son amitié avec Faith, qu'il avait elle aussi fait souffrir. Les larmes coulaient sur son visage, avant de s'imprégner dans les couvertures. A force d'avoir trop pleuré, Bosco s'endormit.
APPARTEMENT DE FAITH & EMILY YOKAS, 7H.
Emily poussa la porte et s'avança lentement dans le salon. Sa mère était dos à elle, un café fumant entre les mains. Elle le posa sur la table et, sans se retourner, interrogea sa fille :
- Tu l'aimes ?
- Maman, écoute…
- Est-ce que tu l'aimes ? répéta Faith d'une voix neutre.
- Oui, répondit Emily d'une voix assurée.
- Tant mieux… c'est bien… ajouta la jeune femme, soudain nostalgique.
Sa voix était douce et sensible, comme si elle comprenait à présent que leur amour était vrai et sincère, dans le cœur d'Emily comme dans le cœur de Bosco.
- On n'est plus ensemble…
- Quoi ? s'étonna Faith en se retournant.
- Je l'ai quitté…
- Mais… pourquoi ?
- Nous deux ça marchera jamais… c'est ton meilleur ami, vous avez vécu tellement de choses ensemble ! Je peux pas te faire ça !
- C'est… à cause de moi ? dit Faith d'une voix à peine audible.
- Non ! Non, c'est juste qu'il y a tellement de trucs qui se passent en même temps ! Il faut que je prenne du recul… et lui aussi, je pense !
- Emily, je ne veux que ton bonheur, décréta Faith, et si ton bonheur c'est d'être avec Bosco et bien… je ne peux que m'incliner… j'ai beaucoup réfléchi, tu sais !
- Ce n'est pas uniquement pour ça, reprit la jeune fille.
- Alors ? Qu'est-ce qui se passe ?
Emily prit une chaise, face à sa mère, et s'assit à califourchon. Elle hésitait : devait-elle réellement tout dire à Faith maintenant ? Après avoir rapidement pesé le pour et le contre, elle se décida à tout lui révéler.
- Ecoute, c'est pas facile à dire, commença-t-elle en redoutant la réaction de sa mère. Bosco et moi, on s'aime, quoi que les gens puissent dire, et… enfin…
- Vas-y, l'encouragea Faith, non sans inquiétude.
- Maman, débuta-elle en prenant son courage à deux mains, Maman je suis enceinte.
- ???
Faith écarquilla les yeux, sans oser y croire. Un jour auparavant, elle vivait bien, elle pensait que sa fille n'avait pas de petit ami, qu'elle était encore vierge, et voilà qu'aujourd'hui elle découvre que sa fille est enceinte de Bosco, son meilleur ami ! Elle eut soudain l'impression que tout son monde s'écroulait, et bien qu'elle voulut répondre beaucoup de choses, aucun mot ne sortit de sa bouche.
- Maman ? Maman, redémarre ! lança Emily d'une voix hésitante.
- Oui, oui, je… mais… depuis quand ? réussit-elle à articuler.
- Je sais pas encore… je vais retourner voir Sonia, la jeune infirmière qui m'a fait passer le test de grossesse cette nuit…
- Et qu'est-ce que tu vas faire ?
- Comment ça ? demanda Emily en fronçant les sourcils.
- Ben… tu vas avorter ?
- Je… je sais pas… je verrai dans quelques jours…
- Ouais… Bon allez, je vais me recoucher… je suis crevée… dit Faith pour briser le lourd silence qui s'était imposé.
HÔPITAL DE LA PITIE, 10H.
- Je vous ai dit de me laisser sortir ! Putain, mais ça va, je vais très bien ! Je veux rentrer chez moi ! cria Bosco sur la pauvre intérimaire.
- Je… vous ne pouvez pas encore partir, M. Boscorelli, répondit-elle, intimidée. Vous devez rester encore quelques jours ici. Retournez dans votre chambre et reposez-vous !
Après avoir grogné quelques injures, Bosco se résigna. Il retourna dans la chambre 147 et s'allongea dans son lit avec l'espoir de dormir un moment, pour oublier quelques heures tout ce qui se passait dans sa vie… en vain ! Il ne parvenait pas à trouver le sommeil. Il commençait tout juste à s'assoupir lorsqu'une jeune fille poussa la porte.
- Bosco ? Tu dors ?
- Emy ? Non, rentre !
Emily attrapa le fauteuil et le réinstalla devant le lit de Bosco. Elle prit sa main entre les siennes, comme à son habitude, et le regarda en silence. Ce fut lui qui prit la parole en premier :
- Tu as changé d'avis ?
- A propos de quoi ?
- De nous.
- Oui.
- Je t'aime, Emily Yokas !
- Moi aussi je t'aime, Maurice Lewis Boscorelli, répondit-elle d'un air amusé.
- T'es bête ! lança-t-il avant de l'embrasser tendrement.
- Je sais ! rit-elle en s'écartant légèrement.
- Et pour Kylian ?
- Kylian ? répéta Emily, désorientée.
- Notre bébé, précisa Bosco.
- Qui te dit que ce sera un garçon ? demanda-t-elle en riant.
- Bah parce que c'est comme ça ! Les Boscorelli, c'est toujours des p'tits gars !
- Justement ! On va changer la donne ! Cette fois, ça sera une petite Mary-Beth !
- Mary-Beth ? fit-il avec une grimace de dégoût.
- Oui ! T'aimes pas ?
- J'ai le droit d'être honnête ?
- Oui !
- Alors non, j'aime pas ! rit-il.
- Hum… Lolly !
- Aaaah ! Ca j'aime mieux ! C'est plutôt chouette !
- Alors si c'est un garçon, c'est toi qui choisit son prénom, et si c'est une fille c'est moi !
- Alors c'est décidé ? demanda Bosco redevenu sérieux. On le garde ?
- Oui. Oui, on la garde.
- « la » ?
- Je t'ai bien dit que ça serait une fille !!!
APPARTEMENT DE FAITH & EMILY YOKAS, 3 MOIS PLUS TARD.
Une jeune fille caressait son ventre déjà bien arrondi par ce bébé qui allait naître dans quelques mois. Elle comptait les coups de pieds et de poings qu'il lui donnait de l'intérieur, et lui parlait doucement, persuadée qu'il comprenait déjà tout ce qu'elle lui disait. Cette jeune fille n'avait que 16 ans, mais elle savait qu'elle avait pris la bonne décision : garder l'enfant.
- Emily ! Aide-moi à accrocher cette pancarte, s'il te plaît !
- Maman ! Arrête !
- On fête tes 17 ans, ce soir, et la naissance future de ton bébé ! Alors non, j'arrêterai pas ! Alex ! Alex, tu peux m'aider ? lança-t-elle du haut de son escabeau.
- J'arrive !
- Tiens-moi ça comme ça s'il te pl…
DIIIING DOOOONNG !!!
- J'y vais ! lança Emily en passant dans le couloir. Papa ?! s'exclama-t-elle en ouvrant la porte.
- C'est moi ! Comment ça va ?
- Euh… bien… mais qu'est-ce que…
- Fred ! C'est bien que tu sois venu !
Au bout d'un certain moment, Faith remarqua que sa fille ne comprenait pas tout à fait la situation.
- J'ai appelé ton père, expliqua-t-elle. Il a accepté de venir !
- Tant que Bosco ne vient pas, tout va bien ! lança-t-il en riant avec son ex-femme.
- ???!!!
Emily sembla soudain prise de panique.
DIIIING DOOOONNG !!!
- Cette fois c'est moi qui y vais ! s'écria Faith.
Elle ouvrit la porte.
- Bosco ?!
- Ca va ? demanda-t-il à son amie en déposant un baiser sur sa joue.
- Oui, ça va, mais…
- Bosco ?! T'as osé venir ici ?! Après ce que t'as fait à ma fille ?!!!
- Fred ! Comment ça va, toi ? ignora Bosco, d'une voix détachée.
- Espèce de salaud ! A cause de toi ma fille a tout perdu ! Sa liberté, sa virginité, sa pureté ! T'es qu'un enfoiré !
- Papa arrête ! C'est moi qui lui ai demandé de venir me chercher, ce soir ! On devait… enfin, on devait passer la soirée en tête à tête…
- Vous deviez quoi ? Je t'interdis de le revoir, Emily, lança-t-il, au paroxysme de sa colère. C'est bien clair ?
- Tu n'as pas le droit de me l'interdire, répliqua-t-elle sèchement.
- Comment ? J'ai tous les droits sur toi !
- Bosco est le père de mon bébé, et sur ça t'as aucun droit ! Maman l'a accepté, elle ! Viens, Boz, on y va, dit-elle en se tournant vers son amant.
Les deux amoureux quittèrent la pièce et Emily claqua la porte. Elle ne comprenait pas comment son père pouvait accepter le bébé sans accepter son père… surtout qu'il ne l'avait pas abandonnée en apprenant sa grossesse ! Lorsque Emily et Bosco sortirent de l'immeuble, la pluie tombait à verse. C'était le mois de mai, mais on se serait cru en novembre. Les deux amoureux se mirent à rire en se retrouvant comme ça, sans rien d'autre pour les couvrir que la fine veste de Bosco. Emily portait un simple débardeur qui laissait voir son ventre rond, et Bosco n'avait que son T-shirt NYPD. Il l'ôta et le tendit en riant à sa petite amie qui écarquilla les yeux avant d'exploser de rire.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je te donne mon T-shirt !
- Oh ! C'est trop mimi ! Tu veux pas que je tombe malade ! lança-t-elle pour le taquiner.
- Non, c'est pas pour toi ! C'est pour le bébé ! rétorqua-t-il sur le même ton.
- Saloperie ! rit-elle en faisant mine de le frapper.
- Allez, sérieusement, enfile-le !
- Et toi ?
- Moi ? Je suis un homme fort, moi ! répondit-il en montrant ses biceps.
Emily prit le T-shirt et l'enfila. Bosco lui déposa la veste sur les épaules. La jeune fille le regarda tendrement. Ses yeux s'attardèrent sur son torse – à présent nu, ce torse si parfait qu'elle avait déjà senti contre elle beaucoup de fois… Tandis qu'ils marchaient tous deux sous la pluie battante, Bosco la regarda silencieusement.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Je me disais que j'avais vraiment de la chance d'être avec toi !
- Oh, t'es trop gentil !
Elle s'approcha pour l'embrasser, mais fut soudain prise d'un malaise, et perdit connaissance. Bosco la rattrapa juste à temps. Il tenta de la ranimer, en vain. Il se souvint alors que ce n'était pas la première fois qu'elle avait ce genre d'étourdissements, mais cette fois elle était carrément tombée dans les pommes ! Bosco la souleva et la porta jusqu'à la maison la plus proche. Il frappa vivement à la porte. Au moment où il commençait à s'éloigner, celle-ci s'ouvrit et une vieille femme l'apostropha :
- Hé ! Jeune homme !
- Dieu soit loué ! Madame, est-ce qu'on peut entrer s'il vous plaît ?
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Ma petite amie est enceinte, et elle s'est évanouie, j'arrive pas à la ranimer !
- Entrez vite !
- Merci madame ! Merci beaucoup ! lança-t-il, soulagé, en pénétrant dans la vaste maison.
La vieille femme lui indiqua le salon, et Bosco déposa délicatement Emily sur le canapé. Il s'assit près d'elle et prit son pouls. Il était très faible. Sa respiration était en revanche assez régulière. Bosco prit son portable et composa le numéro de Carlos… c'est dire son désespoir !
- Allo ?
- Nieto ? C'est Bosco !
- Bosco ?! s'étonna Carlos, vu que ses relations avec Bosco étaient assez froides. Qu'est-ce qui t'arrive ?
- Ma… petite amie a un problème, elle est tombée dans les pommes et je peux plus la ranimer, son pouls est plutôt faible.
- Elle respire bien ?
- Oui, mais son cœur bat de moins en moins fort.
- T'es où, là ?
- Sur la 53ème, entre Riverside et Landercity.
- Ok, je suis pas loin, donne-moi le numéro de la maison !
- C'est au 59.
- J'arrive.
Bosco raccrocha tourna son regard sur Emily… Son Emily, qui était là, inanimée, comme lui l'avait été 3 mois plus tôt…
MAISON 59, 53EME RUE, 21H.
DING ! DONG ! S'excita le carillon de la porte d'entrée. La vieille femme, Madame Jones, ouvrit la porte. Carlos la salua rapidement en lui demandant si c'était bien ici que se trouvait son ami. Elle le conduisit dans le salon, où Bosco était agenouillé près de sa petite amie.
- Carlos ! Merci d'être venu !
- Pas de quoi, j'étais à 10 minutes !... Mais… c'est pas la fille de Yokas ? demanda-t-il, surpris, après l'avoir vue.
- Si…
- T'as pas dit que c'était ta petite amie qui était dans les vaps ?
- …
- Tu sors avec cette gamine ?!!!!
- C'est pas une gamine ! s'énerva Bosco.
- Ok, ok… bon, je vais regarder ce qu'elle a.
Il commença à prendre son pouls, qui battait à seulement 33 pulsations par minute. Sa respiration était toujours régulière. Carlos regarda plus attentivement la jeune fille et crut apercevoir un ventre rond. Il souleva le T-shirt de Bosco et tourna son regard vers lui :
- Pourquoi tu m'as pas dit qu'elle était enceinte ?
- Je sais pas… t'étais déjà en train de me juger parce qu'elle a que 16 ans, alors j'ai pas vou…
- Mais t'es con ou quoi ? merde, Bosco ! le coupa Carlos, soudain furieux.
- Excuse, je savais pas que c'était si important !
- Aide-moi à la transporter dans ma voiture ! s'affola Carlos.
Bosco s'exécuta et, après avoir remercié Madame Jones, les deux hommes démarrèrent, direction la Pitié. Le stress de Carlos avait emparé Bosco qui sentait à présent que l'heure était grave ; il savait que c'était plus qu'un simple malaise, que la femme de sa vie – car c'est ce qu'elle représentait pour lui, était probablement entre la vie et la mort. Tandis que Bosco la portait dans les couloirs, Carlos se dirigea vers l'accueil pour prévenir les médecins. Elle fut transportée d'urgence dans une chambre pour être examinée. Tandis que Bosco, éprouvé par les évènements, était assis dans la salle d'attente, Carlos le rejoignit.
- Je savais pas que tu sortais avec elle !
- Ben maintenant tu sais, répondit froidement Bosco.
- Elle est enceinte depuis combien de temps ?
- 4 mois.
- Mais… t'es avec elle depuis quand ?
- 4 mois…
- 4 mois ? C'est toi le père ?
- Mais bien sûr que c'est moi le père ! Qu'est-ce que tu crois ? Qu'elle couche avec plein de mecs ? Tu crois qu'il n'y a que des petites salopes qui peuvent m'aimer ? s'énerva Bosco.
- Mais arrête ta parano, j'ai jamais dit ça !
- Ouais, mais tu le pensais tellement fort ! Et ben tu vois, je suis désolé de te décevoir, mais Emily et moi on s'aime, je suis complètement dingue de cette fille, et je compte bien faire ma vie avec elle !... Pourquoi tu souris bêtement, comme ça ?
- Elle t'a carrément changé… c'est bien, ça ! T'es plus humain…
- Et c'est toi qui me dis ça ?! rétorqua Bosco en se calmant. Toi qui es le mec le moins sensible que je connaisse !
- Ouais… ben depuis que je suis avec Holly, je suis plus pareil…
- L'amour nous rendra fous, c'est moi qui te le dis !
APPARTEMENT DE FAITH & EMILY YOKAS, 21H45.
DRIIIING ! DRIIIIING ! S'énerva le téléphone.
- Allo ?
- Madame Yokas ?
- C'est moi.
- Ici le docteur Horner, de la Pitié.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Emily, c'est votre fille ?
- Oui ! Oh mon Dieu, qu'est-ce qui lui est arrivé ?
- Elle a dû être emmenée d'urgence à l'hôpital. Elle a fait un malaise et son ami n'a pas réussi à la ranimer... et nous non plus, à vrai dire ! Le mieux serait que vous veniez à l'hôpital mainte…
- J'arrive ! le coupa-t-elle.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Alex, qui avait compris que quelque chose de grave se passait.
- Emily est à l'hôpital, dit-elle, affolée, après avoir raccroché, elle a eu un malaise et personne n'arrive à la réveiller.
- Je viens avec toi.
Les deux amoureux montèrent dans la voiture de Faith et se rendirent en trombe à la Pitié.
HÔPITAL DE LA PITIE, 22H
- Bosco ! Qu'est-ce qui se passe ? hurla-t-elle en courant vers son ami.
- Emily est en neurologie, ils lui font passer des examens… répondit-il, dépité.
- En… neurologie ? répéta-t-elle d'une voix tout juste audible.
- Oui, ils… elle s'est réveillée mais a des problèmes de mémoire, elle se souvient plus de combien de mois elle est enceinte, ni de sa propre date de naissance !
- Tu veux dire qu'elle est… amnésique ? s'inquiéta Faith.
- Non, pas exactement. Par exemple, elle se souvient parfaitement de nous, de ce qui s'est passé avant qu'elle ne s'évanouisse, etc. !
- Justement… qu'est-ce qui s'est passé avant qu'elle ne s'évanouisse ?
- Et bien… je lui ai passé mon T-shirt et ma veste parce qu'on était sous la pluie. On a ri, on a parlé un peu et puis elle s'est tournée vers moi pour m'embrasser, et là elle a perdu connaissance. Je l'ai rattrapée juste à temps !
Faith laissa ses quelques larmes couler silencieusement en écoutant Bosco, puis s'assit dans un fauteuil. Bosco se posa à côté d'elle. Il plaqua la tête contre le mur, en même temps que Faith, et tous deux se laissèrent voyager dans leurs pensées. Ils ne se parlaient pas, mais chacun pouvait deviner ce que l'autre pensait. Ils avaient travaillé tant d'années ensemble qu'ils ressentaient toujours la même chose dans les moments difficiles.
- M. et Madame Yokas ? demanda un médecin en ouvrant la porte.
Les deux amis relevèrent la tête en même temps.
- Oui ?
- Vous êtes les parents d'Emily ? interrogea-t-il.
- Oui, répondit Faith. Enfin, moi je suis sa mère et lui c'est… enfin… hésita-t-elle.
- Je suis le petit ami d'Emily, l'aida Bosco avec assurance.
- Bien… dit le médecin en fronçant les sourcils, je suis le Dr Horner.
- Comment va Emy ? demanda Faith en se levant.
- Suivez-moi, se contenta-t-il de répondre.
Faith regarda Bosco qui se contenta de hausser les épaules, signe qu'il ne savait pas ce qui se passait. Il se leva et nos deux amis suivirent le Dr Horner. Celui-ci les fit entrer dans un bureau et les invita à s'asseoir. Sans attendre la question de Faith, il commença :
- Je dois vous avouer qu'au début, nous n'avions aucune idée de ce qui lui arrivait. Mais nous avons finalement trouvé une lésion dans son cerveau…
- Une lésion ?!
- Oui… c'est ce qui expliquerait ses gros problèmes de mémoire ainsi que les étourdissements qu'elle a subis ces dernières semaines.
- Mais qu'est-ce que… enfin… qu'est-ce qui va se passer pour elle ? demanda Faith au bord des larmes, alors que Bosco écoutait attentivement la conversation.
Dans sa tête, tout était embrouillé. Il se demandait ce qui allait se passer pour sa petite amie, et pour son bébé, mais n'arrivait pas à prononcer un mot.
- Je ne sais pas, répondit le médecin. La lésion a engendré une tumeur qui s'est développée très rapidement.
- Mais enfin… qu'est-ce que ça veut dire ?
- Nous n'avons pas toutes les cartes en main. Je ne peux pas vous dire si Emily va supporter le choc de l'opération.
- Et notre bébé ? demanda Bosco, totalement anéanti.
- Il ne souffre pas… pour l'instant !
- Je veux la voir.
- Vous ne pouvez pas !
- Je veux la voir ! répéta-t-il en hurlant presque.
- Ecoutez, Monsieur…
- Non ! Vous, écoutez ! le coupa Bosco, soudain furieux. Ma petite amie, la femme de ma vie est dans une salle, en train d'être opérée. Dans son ventre il y a notre enfant qui grandit. Là, en face de vous, vous avez la mère d'une jeune fille de 16 ans, une mère qui se demande ce qui va advenir de son enfant et de son petit-enfant. Alors j'estime, dites moi si je me trompe, j'estime qu'on a le droit de voir Emily et de l'embrasser, parce que ce sera peut-être… la dernière fois… lança-t-il.
Il dit ses mots du bout des lèvres, ayant soudain perdu toutes ses forces et toute sa colère. Il sortit de la pièce et se dirigea vers la chambre où se trouvait Emily en attendant d'être opérée. Bosco entra, suivi de Faith, et tous deux s'approchèrent de la jeune fille. Elle était pâle, livide, et regardait intensément les deux personnes de sa vie. Son regard était d'une profondeur impressionnante. Bosco s'assit sur le lit, à côté de sa belle, pendant que Faith lui parlait, les larmes aux yeux. Pendant 20 minutes, Faith monologua et Emily l'écouta en pleurant silencieusement. Celle-ci ne pouvait plus parler, plus bouger ses membres… Sa mère déposa un doux baiser sur son front, passa sa main dans les cheveux de la jeune fille et laissa ses larmes couler. Après un silence, Bosco lui demanda :
- Faith… Est-ce que tu peux nous laisser seuls un instant ?
- Quoi ?
- S'il te plaît, Faith… murmura-t-il.
Elle se leva et sortit de la chambre, comme un zombie.
- Hey ma puce !...... Non, n'essaie pas de parler…… Emily je t'aime… Je t'aime même comme un fou, t'es toute ma vie ! J'ai jamais ressenti quelque chose d'aussi fort pour qui que ce soit… Je veux faire ma vie avec toi, on va s'installer ensemble avec notre bébé…
- C'est… fini… Bosco… murmura-t-elle avec peine.
- Ne parle pas ! Rien n'est fini ! T'es encore vivante ! Et lui aussi ! dit-il en caressant le ventre d'Emily.
- C'est… fini… répéta-t-elle en laissant ses yeux se fermer.
- Emy ! Non ! cria-t-il en lui secouant doucement les épaules.
Elle ouvrit à nouveau les yeux, légèrement. Bosco se pencha sur elle et l'embrassa en passant sa main derrière la tête d'Emily. Il l'embrassait avec l'énergie du désespoir en la couvrant de « je t'aime ».
- Je t'aime… Bosco…
Il sentit qu'elle ne lui rendait plus ses baisers et s'écarta légèrement d'elle.
- Emily ! Réveille-toi mon cœur ! Emy ! Emy !
Mais Emily ne répondait plus. Ses yeux restaient clos. Près d'eux, les moniteurs s'affolaient. Seul le cœur de la jeune fille continuait de battre grâce aux appareils, et des tuyaux qui passaient dans son nez lui donnaient une assistance respiratoire. Des médecins entrèrent précipitamment, suivis de Faith qui ne comprenait pas tout ce qui se passait.
- Emily ! Emily !!!
- Eloignez-vous, Madame Yokas, ordonna le Dr Horner. M. Boscorelli, sortez, je vous prie !
- Non ! Je reste là !
- Bien. Alors restez à l'écart avec Faith.
Il s'exécuta. La jeune femme criait corps et âme, les sanglots se coinçant dans sa gorge serrée par la douleur. Bosco la serra contre lui et la berça doucement, tout en gardant un œil sur les médecins et le corps inerte d'Emily. Il tentait d'imaginer sa vie sans elle mais ne parvenait à voir qu'un sinistre tunnel interminable. Puis, dans sa détresse, il pensa au bébé. Qu'en était-il ? Etait-il mort avant sa mère ou bien au même instant ? Une demi-heure plus tard, il en eut la réponse. Il était dans une salle d'attente, et Faith venait de s'endormir, la tête sur ses genoux. La porte s'ouvrit et le Dr Horner fit signe à Bosco de le rejoindre. Celui-ci posa délicatement la tête de Faith sur le fauteuil et rejoignit le médecin.
BUREAU DU DR HORNER, HÔPITAL DE LA PITIE, 23H15.
- Qu'est-ce qui se passe, Dr ? Si c'est pour me faire vos condoléances, c'est pas la peine, j'ai pas été fan de ça quand mon frère a été retrouvé mort dans une benne, alors je ne serai pas fan de ça maintenant !
- Ce n'est pas pour ça, Monsieur Boscorelli.
- Alors ?
- Je sais que ce que vous vivez est terriblement dur, mais il faut que vous preniez une décision… votre vie est entre vos mains.
- Qu'est-ce que vous me racontez comme connerie ? Ma vie est brisée !
- Pas forcément.
- Comment ça ?
- Le corps d'Emily n'est pas mort. Son cœur continue de battre artificiellement et elle est toujours sous assistance respiratoire.
- Pourquoi ? s'indigna Bosco.
- Pour votre enfant.
- Pardon ?
- Votre petite amie est morte mais le bébé, lui, est toujours en vie.
Bosco écarquilla les yeux. Il se croyait dans un mauvais rêve, et espérait se réveiller rapidement.
- C'est quoi cette connerie ?
- Le bébé est en parfaite santé, puisque seul le cerveau d'Emily a été touché. Ses autres organes vitaux fonctionnent. C'est à vous de prendre une décision.
- Quelle décision ?
- Voulez-vous ou non avoir cet enfant ?
- Je… enfin… bégaya Bosco, déconcerté.
- Vous pouvez prendre un peu de temps pour y réfléchir. Pour l'instant, Emily continue de faire vivre son enfant. Son cœur bat, de l'air est insufflé dans ses poumons et on peut la faire manger, pour nourrir le bébé. Je vous laisse le temps de…
- Je le garde.
- Vous êtes sûr ?
- Certain, affirma Bosco. La femme de ma vie vient de mourir, je veux que ce bébé vive.
- Il faut qu'on le fasse vivre dans le ventre d'Emily pendant encore au moins trois mois, pour que ses organes soient bien développés.
- Il sera en bonne santé ?
- Si tous ses organes se développent normalement, oui !
- Merci Docteur.
Lorsqu'à son réveil Faith apprit la nouvelle, elle voulut d'abord s'opposer à ça… Cet acharnement sur le corps d'Emily, c'en était trop pour elle. Elle aurait voulu laisser faire la nature, laisser cet enfant mourir avec sa mère. Et puis finalement, elle dût s'incliner devant la volonté de son meilleur ami, en voyant qu'il croyait en sa vie. Il voulait ce bébé, garçon ou fille, qui grandissait jour après jour dans le ventre de la femme de sa vie. Il voulait lutter contre la mort qui emportait déjà Emily,… Il voulait vivre encore pour quelqu'un, venger celle qu'il aimait et qui était morte dans ses bras… car elle était bien morte ! Enfin, elle était dans le coma, mais dans celui dont on ne sort jamais, son cœur était toujours vivant pour que le bébé ne meure pas, mais son cerveau était mort définitivement. En plus du deuil terrible qui le frappait, il dû supporter la haine de Fred qui pensait que c'était la faute de Bosco si sa fille était morte…
HÔPITAL DE LA PITIE, 9 SEMAINES PLUS TARD.
- Monsieur Boscorelli ?
- Mmmmh ? répondit-il en se réveillant. merde, j'me suis endormi…
- Vous devriez aller vous reposer ! Ca fait 27 heures que vous êtes à côté d'Emily…
- Non, ça va…
- Monsieur, ne vous inquiétez pas, s'il y a un problème, je vous appelle.
Elle le conduisit dans une chambre vide pour qu'il puisse dormir quelques heures. Ca faisait plus de deux mois qu'il passait ses journées de libre et ses nuits à côté d'Emily et de leur bébé qui avait déjà bien grandi… Il s'asseyait dans un fauteuil en face du lit et parlait en caressant le ventre d'Emily. Il parlait à ce petit bout de 5 mois qui tapait déjà bien contre les parois de son cocon. Bosco lui racontait ses journées, ses rêves, ses banalités, mais surtout l'amour qu'il avait pour Emily et sa peur de vivre sans elle. Ses joues n'avaient plus que la pâleur de la mort et pourtant, c'était la vie qu'elle portait en elle... Malgré le fait que sa vie était chamboulée par ces évènements incroyables, Bosco continuait de travailler. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il n'avait pas le choix : il fallait qu'il se prépare à accueillir son enfant, et c'était la seule chose à faire. Pendant quelques heures, il ne devait plus penser à sa vie privée, mais seulement redevenir l'officier Boscorelli, celui qui sait tout des gens et dont on ne sait rien…
CENTRAL 55, CINQ SEMAINES PLUS TARD. MARDI 10 JUIN 2004, 8H00.
- Salut Bosco !
- Salut… répondit-t-il à Ty d'un ton neutre.
- T'es tombé du lit ou quoi ? s'étonna Davis.
- Si seulement je dormais dans un lit !
- Comment ça ?
- Laisse tomber ! lança Bosco en se souvenant que Davis n'était pas au courant qu'Emily était cérébralement morte.
- Et au fait ! Carlos m'a dit que la fille de Yokas est à l'hôpital depuis trois mois ! Qu'est-ce qu'elle a ?
- Ca te regarde pas !
- C'est vrai qu'elle est enceinte ?
- En quoi ça te concerne ?
- Oh, en rien ! Faith m'a dit que le père l'a laissée tomber ! Quel connard ce mec !
- Euh… Ouais, t'as raison, répondit-il, pensif. Faut que j'y aille !
BUREAU DE L'INSPECTEUR FAITH YOKAS, 8H10.
- Qu'est-ce que t'es allée raconter à Davis ?
- Pardon ?
- T'as dit à Ty que le père du bébé avait laissé tomber Emily !
- Ecoute, Boz, j'avais pas le…
- Quoi ? T'avais pas le choix ? T'aurais pu dire que tu savais pas qui était le père mais non, t'as dit que je l'avais laissée tomber ! Qui passe toutes ses nuits et toutes ses journées de libre avec Emily et notre bébé ?
- Je sais, Bosco… j'te demande pardon… dit-elle d'un air sincèrement désolé.
- Bon allez ! On va pas en faire toute une histoire ! lança-t-il, incapable de résister aux moues de son amie.
- Ecoute, Bosco… je sais que j'ai pas été très sympa avec toi ces dernières semaines… je pensais que tu ne pourrais pas assumer le fait de garder le bébé sans Emily, de le faire grandir tout seul, en l'accrochant à ton amour… et t'as réussi… tu réussis jour après jour, et je sais qu'Emily serais fière de toi si elle te voyais…
- Je savais pas que tu doutais de moi… dit faiblement Bosco, sans aucune colère.
- J'avais tort ! dit-elle en s'approchant.
- Mais tu doutais de moi… répéta-t-il, ahuri.
- Bosco…
Elle s'approcha de lui et le serra contre son cœur en lui caressant la nuque.
- Je ne doute plus de toi ! Je sais que tu l'élèveras bien, et je serai là pour l'élever avec toi… si jamais t'as besoin de moi !
- Bien sûr que j'ai besoin de toi ! Je suis carrément nul en cuisine ! dit-il, faussement sérieux.
- Qu'est-ce que t'es con des fois ! lança-t-elle en riant, en faisant mine de le frapper.
- C'est comme ça qu'on m'aime !
Tililili ! Tililili ! Tililili ! S'excita le portable de Bosco.
- Allo ?... Oh, bonjour Dr !... Maintenant ?... d'accord… d'accord… j'arrive ! Merci.
Il raccrocha et se tourna vers Faith. Après un silence interrogateur de Faith, il s'écria :
- Je vais être papa !
- Quoi ? Tout de suite ?
- Oui !!!
HÔPITAL DE LA PITIE, 8H50.
- Docteur Horner !
- Oh, Monsieur Boscorelli… Madame Yokas… Suivez-moi !
Il les conduisit dans la chambre d'Emily. Il s'arrêta devant la porte et expliqua :
- Ce moment va être beau, mais aussi très dur. Au moment où le cordon ombilical sera coupé, il faudra éteindre les appareils maintenant Emily en vie…
- Bien… je comprends… répondit Bosco, l'air grave. On voudrait voir Emily avant l'accouchement.
- Ecoutez…
- S'il vous plaît, insista Faith, dépitée.
- Quelques minutes seulement. Nous ne devons pas prendre le risque de pousser l'accouchement plus loin. Nous avons laissé Emily et le bébé en assistance médicale pendant 14 semaines. Les fonctions vitales et les organes du bébé se sont développés au-delà de nos espérances. C'est pour aujourd'hui…
- Je comprends.
Ils entrèrent tous les deux dans la chambre et se dirigèrent vers Emily. Bosco l'embrassa pendant une longue minute, sur les lèvres, dans le cou, et il s'attarda sur le ventre très arrondi de la jeune fille. Il déposa un dernier baiser sur sa bouche et sortit, pour laisser Faith avec sa fille une dernière fois. Elle s'approcha d'elle et se mit à pleurer, en caressant son visage avec délicatesse. Elle l'embrassa longuement sur le front et sortit. Le Dr Horner préféra que les deux amis n'assistent pas à la césarienne d'Emily, de peur qu'ils ne soient vraiment traumatisés par cette vision. Ils entrèrent d'eux-mêmes dans la salle lorsqu'ils entendirent enfin, après une longue attente, les cris d'un bébé.
- Oh mon Dieu ! Bosco ça y'est !!!
- Monsieur ? Vous voulez couper le cordon ?
- Bien sûr !... murmura-t-il, visiblement très ému.
Il s'exécuta. Faith s'approcha des appareils et appuya sur trois boutons en pleurant ; le cœur d'Emily cessa soudain de battre. Les infirmières nettoyèrent l'enfant et le mirent dans les bras de Bosco.
- C'est une magnifique petite fille ! dit l'une d'entre elle d'une voix douce.
- Merci… merci pour tout… répondit Bosco en pleurant, à la fois de joie et de chagrin. Sa fille était née, et Emily ne verrait jamais sa beauté…
- Vous avez déjà trouvé un prénom ? demanda l'infirmière.
- Oui… Lolly…
- C'est très joli ! dit-elle en l'inscrivant sur le petit bracelet du bébé.
- C'est Emily qui l'avait choisi…
Il tourna ses yeux vers Lolly, la fille d'Emily, sa fille, et se dit que la vie, même si elle avait été injuste, lui avait quand même donné un très beau bébé. Ce petit bout de presque huit mois avait l'air en parfaite santé. « Nous allons quand même la mettre en couveuse, par mesure de précaution », avait dit le médecin. Mais Bosco, lui, savait que c'était inutile : les Boscorelli sont toujours très solides !!!
MERCREDI 10 JUIN 2005, 9h58.
- Elle est vraiment superbe, notre fille… C'est dingue ce qu'elle te ressemble... Tu me manques, Emy, tu sais ! Je t'aime encore tellement… Aujourd'hui, ta petite Lolly a un an, et tu ne seras pas là… Je te jure que je prendrai soin d'elle aussi longtemps que je vivrai… Je croyais pas que ce serait aussi dur de l'élever tout seul… enfin, tout seul c'est vite dit ! Heureusement que ta mère est là ! Elle est vraiment adorable ! A deux on s'en sort très bien… J'ai demandé à Davis d'être le parrain… Je vais pas la faire baptiser puisqu'on n'est pas croyants, mais ce sera quelque chose d'officieux ! J'espère que tu m'en veux pas… Davis est vraiment super ! Il vient de se remettre avec Sasha, et elle est retombée enceinte… j'espère que tout se passera bien cette fois… Bon allez ma puce, j'y vais… Ta mère a organisé une grande fête… Et n'oublie jamais ça : je t'aime, Emily, et je t'aimerai toujours !
Bosco se pencha et déposa un baiser sur la photo d'Emily fixée sur la pierre tombale. Il s'éloigna du grand chêne sous lequel reposait le corps de la jeune fille et retourna parmi les siens ; après tout, ce n'était pas rien : aujourd'hui, sa fille avait un an…
FIN
Note de l'auteur : J'espère que ça vous a plu… beaucoup de choses dans cette histoire sont issues d'une histoire vraie. Une histoire bouleversante que j'ai lue dans « Instant Crucial » de Pierre Bellemare. Je voulais vraiment la réinstaurer quelque part... Encore désolée pour les dérapages bizarres de mon histoire ! lol Mais bon, c'est marrant de faire ce qu'on veut des personnages..... c'est vrai que c'est un peu poussé à l'extrême, mais on s'amuse comme on peut !! lol
INDEX