ET SI ... par Lyssi




CHAPITRE 1

Faith se redressa lorsqu'elle entendit le premier coup de feu, puis demanda des renforts. Sa vision était toujours aussi trouble et la douleur au niveau de sa poitrine était plus présente que jamais, sa respiration était travaillée, elle ne pouvait presque pas tenir sur ses jambes, mais son partenaire était là haut ; il avait besoin d'elle. Elle se força à monter les marches aussi vite que possible, tout en se tenant à la rampe.

Bosco : FAIIIITHHH !!! Faith qu'est-ce que tu fous ???
Faith : Bosco ?

Elle pouvait entendre les cris suppliants de son ami, mais elle ne pouvait pas aller plus vite, elle était à bout de forces. Tout ce qu'elle souhaitait était que les coups de feu cessent vite, qu'elle puisse arriver pour épauler son partenaire dans l'arrestation de Mackinley. Elle ne savait pas ce qu'il se passait un étage au dessus d'elle, mais Bosco avait toujours le dessus, pourquoi serait-ce autrement cette fois-ci ?

Bosco : FAIIIITHHH !!! … FAITH !

Elle était de plus en plus proche, plus qu'un pallier et elle serait auprès de Bosco. Elle se figea un instant en entendant les suppliques de son ami, ce dernier l'appelait, elle pouvait dire qu'il était paniqué, effrayé. Elle monta encore une marche lorsqu'elle entendit un coup de feu, un bruit sourd puis plus rien. Son sang se glaça. Le silence avait fait place. Elle secoua la tête, une boule s'était formée au niveau de sa gorge, et elle avait envie de vomir, sans parler de sa nausée. Elle arriva jusqu'au palier.

Faith : Bosco ?

Elle l'appela mais pour toute réponse elle n'eut que la voix de Mackinley.

Mackinley : Laissez-moi tranquille !

Où était Bosco ? Pourquoi ne répondait-il pas ? Qu'est-ce qu'il lui était arrivé ? Faith pouvait sentir son cœur battre la chamade sous sa poitrine.

Faith : C'est la police, si vous avez une arme ça serait une très bonne idée de la jeter maintenant.

Rien, personne, elle s'avança prudemment et regarda rapidement dans le couloir. Sa respiration s'accéléra lorsqu'elle aperçut Bosco, de dos, allongé en travers de la porte de l'appartement, dans le couloir. Elle ne réfléchit pas et bifurqua vivement dans le couloir avant de s'abriter derrière un mur.

Faith : Bosco !

Elle l'appela, mais une fois encore pas de réponse. Elle ne pouvait pas voir comment il allait, elle ne voyait que son dos et de la distance ou elle était elle ne pouvait pas dire s'il respirait encore ou non. Sa voix était remplie de panique, de souci, de peur mais surtout de culpabilité. Elle aurait du lui dire pour son cancer, elle aurait dû l'épauler. Mais c'était trop tard, elle s'approcha en longeant le mur, puis s'arrêta un peu avant la porte, Bosco était à moins d'un mètre d'elle, mais le forcené était toujours dans la chambre. Elle ne pouvait pas voir comment allait Bosco, il était si près, et pourtant si loin.

Faith : L'immeuble est encerclé
Mackinley : LAISSEZ MOI TRANQUILLE
Faith : Il faut que je vois mon partenaire, que je sache dans quel état il est. Okay ?

Elle regarda Bosco, étendu là, puis elle tourna la tête. Les larmes menaçaient de tomber, et la culpabilité l'envahit. Pourquoi ça, il ne le méritait pas. C'était de sa faute, elle aurait dû prendre des vacances comme le lui avait conseillé son médecin, et Bosco se serait retrouvé avec un partenaire capable de l'aider. Elle avait failli aujourd'hui. Elle espérait seulement que son ami soit sonné ; rien de plus. Elle ne pouvait en supporter davantage elle se tourna et se mit face à la porte ouverte de l'appartement, Mackinley se trouvait juste en face d'elle. Elle voulait voir Bosco, son esprit était comme submergé par cette pensée, il fallait qu'elle soit rassurée, mais Mackinley ne voulait rien entendre.

Elle baissa son arme et la rangea dans un dernier espoir que ce fou furieux la laisse voir comment allait son partenaire, peut importe s'il lui tirait dessus après, tout ce qui comptait était Bosco.

Faith : On est okay !
Mackinley : Je-ne-suis-pas-okay !

Ce dingue allait lui tirer dessus, que pouvait-elle faire. Elle sentit les larmes monter, ils en étaient là à cause d'elle. Bosco en était là à cause d'elle.
Un coup de feu se fit entendre, Mackinley tomba en avant, le sang éclaboussant la porte. Faith se recula contre le mur puis se jeta aux côtés de Bosco.

Du toit d'en face, Glenn Hobart rangea son arme, il avait tué Mackinley.

Faith retourna Bosco, celui-ci ne bougeait pas. Elle le regarda, la peur dans les yeux, l'air horrifié. Le visage de son ami était contusionné de partout. Faith se retint de pleurer. Elle voulait se convaincre qu'il irait bien, que tout ça n'était qu'un cauchemar. Elle défit la chemise de Bosco, et c'est alors qu'elle le vit…

CHAPITRE 2

… Tout ce sang, ce sang qui s'écoulait de nul part. Faith poussa un cri. Bosco ne portait pas son gilet. Pourtant… Pourtant il l'avait mis le matin même ; elle en était persuadée. Elle pouvait voir le trou formé par la balle dans le tee-shirt de son ami, elle le souleva prudemment pour voir le torse de son partenaire imbibé de sang qui s'écoulait de sa blessure, la balle s'était logée juste en dessous de la cage thoracique. Elle murmura imperceptiblement, son souffle s'arrêta presque. Pour la première fois de sa vie, Faith ne savait pas quoi faire ni comment réagir.

Faith : Bosco ?

Elle l'appela doucement, mais rien, elle commença à le secouer, sans aucune réaction. Les larmes qui menaçaient depuis cinq minutes de tomber commencèrent à inonder son visage. Elle avança ses doigts vers le cou de son ami afin de prendre son pouls, elle les appliqua doucement et son cœur se mit à s'accélérer lorsqu'elle sentit les faibles pulsations sous ses doigts. Elle aurait cru ressentir un soulagement, mais c'est tout le contraire qui se produisait. Elle se sentait coupable comme jamais auparavant, elle aurait dû lui dire. Bien avant que tout cela ne se produise.

Elle entendit des pas derrière elle, mais son regard restait fixé sur le torse de son ami, elle ne pouvait s'en détacher. La seule pensée qui lui venait était de se jeter par la fenêtre.

Homme : Vous êtes touchés ?
Homme2 : Un blessé, les secours sont juste derrière nous.

Deux hommes des unités spéciales s'approchèrent de Faith et Bosco puis s'agenouillèrent à côtés d'eux. L'un des hommes déposa son 666 puis regarda, choqué, l'état du policier ; il commença à appuyer sur la blessure, décrochant un gémissement à Bosco, qui ouvrit péniblement les yeux.

Faith : Boz ?

Bosco mit quelques secondes à fixer son regard. Il essaya de parler mais il fut pris d'une quinte de toux.

Homme : Doucement Boscorelli ?
Bosco : … Brad ?
Brad : Oui, calme toi les secours seront bientôt là.

Bosco tourna la tête vers Faith, puis une vague de douleur s'empara de lui. Il n'arrivait plus à respirer, il ferma les yeux puis les rouvrit. Faith se refusa à le regarder, elle ne pouvait pas assister à ça. Son ami s'était fait tiré dessus à cause d'elle. Elle sentit quelque chose effleurer sa main, elle dirigea son regard vers Bosco. Celui-ci mis sa main dans la sienne. Elle lui sourit, un sourire forcé dissimulant la peine, et le dégoût.

Faith : Ca va aller, d'accord ?

Bosco lui serra doucement la main

Bosco : Tu… m'as tué !

Le cœur de Faith s'arrêta, elle était horrifiée. Même lui le reconnaissait. Les mots de Bosco lui firent l'effet d'un coup de poignard. Elle se sentit suffoquer. Elle ne pouvait plus parler. Il la regarda, elle pouvait voir que ses yeux étaient emplis de peine, de douleur, mais surtout de reproche.

Il ferma les yeux.

Elle ne pouvait pas réagir

Il laissa sa tête tomber sur le côté.

Et pour la première fois, Faith n'avait qu'une envie, c'était de s'enfuir, de courir.


CHAPITRE 3

Carlos : Homme de 33 ans, blessure par balle au niveau de la cage thoracique, inconscient depuis six minutes, 5 mg de morphine en IV sur les lieux et deux d'épi…

Faith n'écoutait plus. Tout ce qu'elle voyait était Bosco, étendu sur ce brancard, dirigé vers les soins intensifs de la Pitié. Tout ce qu'elle entendait étaient les mots prononcés par son partenaire avant qu'il ne perde conscience. « Tu m'as tué » Elle avait pu voir l'incompréhension mais aussi la colère dans les yeux de Bosco. Ces yeux qu'elle ne pourrait jamais plus regarder. Il lui en voulait et elle le savait. Carlos et Alex avaient essayé de la réconforter durant tout le trajet dans l'ambulance, mais rien n'y faisait. Carlos avait eu beau lui dire que l'état de Bosco n'était pas si grave, elle ne le croyait pas. Elle ne connaissait pas bien Carlos, mais elle avait ce don de deviner lorsque quelqu'un mentait ; depuis le temps qu'elle était dans la police, elle savait reconnaître les mimiques d'un visage. Et celui de Carlos n'annonçait rien de bon. Si tout allait bien pourquoi était-elle donc là ?

Trois… Cinq… Dix fois qu'elle arpentait ce couloir de long en large, cela faisait plus de quatre heures qu'elle se trouvait ici, dans ce lieu qu'elle détestait. Elle s'était éloignée de la salle d'attente ou une bonne vingtaine d'officiers attendaient des nouvelles de leur collègue. Lorsqu'une chose comme cela se produisait, la nouvelle se répandait plus vite que n'importe quoi d'autre. Même Glenn Hobart était présent avec certains de ses hommes. C'est lui qui avait descendu le forcené qui avait tiré sur Bosco, et le fait est qu'il était l'ami du jeune flic. Qu'on connaisse ou non un officier, le schéma était toujours le même. Une grande famille dont l'un des membres était en danger.

Doc et Alex étaient repartis malgré eux, pour répondre à des appels. Ils avaient ignorés les trois premiers mais leur Capitaine leur avait clairement fait comprendre qu'ils ne travaillaient pas pour l'armée du Salut et qu'ils pourraient retourner à la Pitié une fois leur travail terminé.

Faith revint vers la salle d'attente. Elle n'en pouvait plus de cette attente. Elle vit Sully en grande conversation avec Hobart, tandis que Ty était seul, dans un coin, l'air choqué. C'était la première fois que l'un de ses amis était dans cette situation, et il ne savait pas quoi faire.

Lorsqu'il la vit il se redressa et se dirigea vers elle.

Faith : pas de nouvelles ?
Ty : Pas encore non ! Merde Faith, je suis désolé, j'aurai dû arrêter ce mec avant
Faith : Tu ne pouvais pas savoir
Ty : mais il avait l'air énervé et surexcité, c'était pas normal ! J'aurai dû me rendre compte qu'il n'était pas net.
Faith : En général lorsque un type descend sa famille, il n'appelle pas la police ni les secours après.
Ty : Qu'est-ce qui s'est passé là-haut ? Je connais Bosco, ce n'est pas le mec le plus prudent de la terre mais il ne s'est jamais fait avoir.

Faith ne répondit rien, comment dire à Ty que c'était de sa faute à elle si Bosco était dans cet état, parce qu'elle n'avait pas pu le protéger.

Ty : Il n'avait pas son gilet ?
Faith : Quoi ?
Ty : Ce matin je l'ai vu mettre son gilet mais il ne l'avait pas sur lui lorsqu'il s'est fait tirer dessus.

Faith se sentit alors mal. Elle se souvenait maintenant. Ils s'étaient arrêtés pendant 20 minutes, Bosco avait enlevé son gilet parce qu'il avait chaud, elle s'était sentie mal et s'était écartée précipitamment de la voiture. Elle s'était appuyée contre un mur après avoir vomit ; Bosco s'était précipité vers elle. Ils étaient restés là pendant quelques minutes avant qu'elle lui dise qu'elle se sentait mieux, il s'inquiétait pour elle, elle l'avait vu. Il l'avait fais s'asseoir dans la voiture, puis ils étaient repartis en entendant un appel. Il avait balancé son gilet à l'arrière et avait totalement oublié de le remettre… à cause d'elle… encore une fois.

Elle entra dans la chambre de Bosco, le médecin venait de passer les voir. L'opération s'était bien passée, il n'y avait eu aucune complication, et il s'en remettrait vite. Mais de le voir comme ça, allongé, pâle, Faith ne pouvait pas supporter.

Elle s'approcha du lit. Il avait l'air si paisible lorsqu'il dormait. Elle s'assit et prit sa tête dans ses mains, puis lâcha tout ce qu'elle avait au fond d'elle, toutes les larmes qu'elles retenaient s'écoulèrent.

Faith : Mon Dieu Bosco… Pardon ! Pardon !

Sa phrase mourut dans un souffle. Jamais elle en se pardonnerait ça. Et jamais il ne lui pardonnerait.
Elle entendit un bruit léger et redressa la tête. Bosco était là, réveillé, la regardant, sans rien dire. Son visage ne montrait aucune expression.

Faith : Bosco, tu es réveillé ?
Bosco : Ca m'en a tout l'air

Sa voix était éraillée à cause de l'intubation qu'il avait eue.

Faith : Tu te sens comment ?
Bosco : Je ne sens rien… médicaments

Elle lui sourit faiblement.

Bosco : Tu n'as rien ?

Faith fût surprise par cette question.

Faith : N…Non ça va je vais bien… Oh Seigneur, Boz je m'en veux je suis désolée, je ne voulais pas ça, pardon !

Bosco inclina légèrement la tête

Bosco : Où tu étais ?

Elle devait lui dire, lui dire pour son cancer… Elle commença à lui expliquer la situation depuis le départ. Lorsqu'elle eut fini, elle le regarda, il avait cette expression choquée qu'elle lui connaissait peu.

Bosco : Tu vas… mourir ?
Faith : Non ; les médecins disent que c'est en bonne voix

Il tourna la tête vers l'opposé de la pièce.

Faith : Bosco je t'en prie, je sais que j'aurai dû te le dire mais j'avais peur tu comprends ?
Bosco : Peur ? De qui ? De moi ? On s'est toujours tout dit depuis le début, je ne veux pas que ça change
Faith : Je te dirais tout à l'avenir
Bosco : Promis ?
Faith : Promis

Un silence s'installa entre eux.

Faith : Tu m'en veux ?
Bosco : De quoi ? D'avoir le cancer ? Personne ne le choisit ! Je ne t'en voudrais jamais Faith, je ne pourrais jamais t'en vouloir. Mais j'aurai aimé que tu me le dises plutôt, pas dans ses conditions. J'aurai voulu être là pour toi, tu es mon amie, tu peux compter sur moi.
Faith : Je sais
Bosco : Et si je ne m'étais pas fait tiré dessus est-ce que tu me l'aurait dis ?
Faith : Je…
Bosco : je suis là Faith, saches le ! Tu sais que tu peux compter sur moi
Faith : Je suis désolée.

Elle le voyait lutter pour se tenir éveillé, mais il n'en pouvait plus, elle le voyait.

Faith : Je vais te laisser te reposer.
Bosco : Fais attention à toi

Elle sourit, il avait peur pour elle, mais ne lui en voulait pas. Elle se sentait rassurée.

Faith : Toi aussi ! Repose toi
Bosco : T'inquiète pas, va !

Il ferma les yeux. Elle lui déposa un baiser sur le front puis s'avança vers la porte.

Bosco : Faith ?
Faith : Oui ?
Bosco : Merci !

Il referma les yeux et s'endormit aussitôt. Elle le regarda puis sourit. Jamais plus elle ne lui cacherait quelque chose. Elle avait eu tellement peur, elle ne voulait plus jamais ressentir cela. Elle sortit, le sourire aux lèvres. Tout ce qu'elle voulait était maintenant d'oublier, de rentrer et de dormir. Elle allait prendre des vacances et se rétablir, pour ne plus rompre ses promesses et ne plus jamais le trahir.

FINI.




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