Un hiver à New York

Lee Stringer

 

 



Editions : J'ai lu
2004
Poche - 222 pages
Dimensions : 11 x 1 x 18 cm






New York, 1985. Terré dans un recoin sombre de la gare de Grand Central, un noir sans abri s'aide d'un crayon pour bourrer sa pipe de crack. Sa seule raison de vivre : trouver chaque jour de quoi se payer sa dose de drogue, et une planque pour survivre.
Soudain, il a l'idée lumineuse d'utiliser ce crayon pour écrire sur de vieux papiers des bribes de sa vie : comment ce brillant graphiste, propriétaire de son appartement et de sa société, est-il devenu un drogué en marge de la société?
Repéré grace à son style ironique et incisif, il est publié par Street News, un journal de la rue dont il est rapidement promu rédacteur en chef. Désormais accro à l'écriture, il fait de sa propre histoire un vibrant hommage à tous les drogués, alcooliques, prostitués, paumés, qui ont été son univers lors de sa descente dans l'enfer de la drogue.


Extraits :

"Un type portant pour au moins 500 dollars de cuir sur le dos traverse la rue, avec une grande nana blonde sophistiquée à son bras. Il sait qu'il tient le monde par les couilles. Ca se voit à sa démarche. Il plaque un petit sourire sur son visage en approchant de moi, il se dit qu'il va rigoler un peu.
-Hé, l'ami ! me lance-t-il, en riant déjà de sa plaisanterie. Je suis un peu à court, t'aurais pas un peu de monnaie ?
Il ne s'attendait pas à tomber sur moi.
Je plonge la main dans ma poche et en sors un billet de 1 dollar.
- Tiens, dis-je gaiement.
- Hé, mec, je plaisantais, dit-il, rouge de honte, maintenant, devant sa copine.
Il voulait juste voir comment je réagirais. Il m'a pris pour un mendiant et il croyait s'amuser à mes dépens. Mais le dollar est à lui. J'insiste. Je refuse de le reprendre. Il s'éloigne de quatre ou cinq pas, mais il ne peut pas supporter cette situation plus longtemps; il fait demi-tour, revient vers moi d'un pas nonchalent et me glisse 10 dollars dans la main. Cette fois c'est lui qui insiste. Il refuse de les reprendre.
- Ok, dis-je. Tu as gagné
Je sais reconnaître ma défaite. Sa copine et lui sont aux anges, maintenant. Il l'attire de nouveau contre sa hanche. Il est redevenu un caïd."




"Quand l'été s'installe et quand presque tout le monde, du prolétaire au requin de l'industrie moderne, enfile un t-shirt dans ses moments de loisir, la bousculade des poitrines fermées de slogans provoque une cacophonie muette et débridée dans le métro. Sur le torse d'un voyageur, on peut lire en grosses lettres majuscules : ME DEMANDEZ RIEN. Un coup d'oeil à son regard et vous comprenez qu'il ne plaisante pas. Brrr
Vous vous frayez un passage à coups de coude dans une rame bondée et, tout à coup, vous vous retrouvez face au canon d'un colt 45 imprimé dans le dos du débardeur de quelque misanthrope, accompagné de cette mise en garde : Foutez-moi la paix ! C'est précisément ce que vous faites. Aucun doute, l'air conditionné fonctionne, pensez-vous. L'atmosphère est glaciale dans cette rame."


 
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