Témoignage de Noël Maitland - Pompier à New York depuis 6 ans (en 2001) - Ladder 15
" Après l'effondrement des tours, j'arrive sur place. Les rues ont disparu, il ne reste que des cavernes de ruines jonchées de fragments de poutrelles, de façades en aluminium, de poussière, de papiers et de boue. Les buildings qui entourent ce qu'on appelera plus tard Ground Zero sont éventrés, ravagés par les flammes, leurs fenêtres brisées par centaines ou transpercées par des poutres qui ont été projetées par les tours dans leur chute. Le système de commandement est réduit à néant : un chef hurle des ordres depuis le toit d'un camion de pompiers. Tous les hommes semblent venir d'unités différentes et ils n'ont pas encore l'équipement de base. Nous déroulerons des lances d'incendie pour maitriser les feux dans les monceaux de débris et faisons passer des civières, des masques à oxygène et des outils de désincarcération par-dessus les poutres pour tenter de sauver les pompiers pris au piège.
Plus tard, je retrouve ma compagnie Ladder 15 et, après quelques heures à attendre les ordres, nous nous dispersons pour tenter de nous rendre utiles quelque part. Je trouve de nombreux pompiers et policiers au sud des ruines de la tour n°2, en train de plonger une lance d'incendie dans l'obscurité enfumée des gravats. Je cherche des victimes sous les décombres. Je ne vois personne.
Au bout d'une lance d'incendie, des hommes appellent à l'aide. Je remonte tout du long au milieu d'une chaleur intense et d'une fumée qui me prend à la gorge. Environ une demi-heure plus tard, j'atteins l'extrémité et propose de prendre le relais. L'homme qui s'occupe du jet d'eau refuse : "Je ne bouge pas tant que Duncan n'est pas revenu" me crie-il. C'est la tradition : une compagnie garde la lance jusqu'à ce que l'incendie soit éteint et que tous les pompiers de la caserne soient en sécurité. Je l'aide à diriger le tuyau plus en avant, puis je m'en vais chercher des outils. Soudain, je me sens mal et j'ai très soif. Des centaines de mais m'aident à tenir debout tandis que je gravis les décombres et descends le lond des échelles que mes frères ont placées dans les pasages les plus escapés. Au centre de triage de la caserne, les infirmières m'apparaissent comme des anges munis de perfusions. Avant de m'endormir, je repense à cet après-midi, quand les pompiers et les ouvriers de construction ont mis en marche des engins de terrassement et dégagé la rue. Quelques heures après l'effondrement des tours, les opérations de sauvetage avaient commencé. "