Valentine Goby, née à Grasse en 1974, a passé son enfance à l'écart de la ville en rêvant de l'agitation parisienne.
Dès qu'elle a pu, elle est partie. De Grasse à Londres, de Jérusalem à Marseille, de Copenhague à Manille, en passant par NEW YORK évidemment, elle
nous présente un tour du monde de son point de vue d'amoureuse des villes. Le béton et le plexiglas l'attirent et ne se sent à l'aise que dans les lieux bruyants, lugubres et sales mais vivants ! Au travers d'anécdotes croustillantes, aux 4 coins du monde, elle partage avec nous cette vision des choses.
Extrait :
"C'était en 1994. A vingt ans, je marchais dans Manhattan, baskets aux pieds, en tailleur gris. Je marchais vite, à Grasse on marche lentement. Le soleil se meut lentement, le coeur bat lento, et toute la vie. A Grasse. New York c'était le mouvement. Pas de fleurs, pas d'arbres, pas de vert. Des paysages sonores, fluides, jamais pareils, et je m'imaginais ce que pourrait être le parfum de cela, le mouvement en note de tête et des pas, des cris distillés, la ferraille du métro, les serpents de lumière des taxis dans la nuit, des néons, le bruit doux des rollers sur l'asphalte, l'odeur des gratte-ciel, du béton et du verre, et du ciel. Ca sentirait la poussière, la graisse, l'essence, la vanille synthétique des boulangeries industrielles, le vinaigre qui s'échappe des salad bars, ça sentirait le fer, comme les cuillers qu'on a tournées longtemps dans le fond d'une casserole.
New York est bâtie dans le ciel, je me le répétais le long de 9th avenue, tours bleues et noires traversées de nuages bondissant de façade en façade, glissant sur les vitres. Au vingtième étage d'une de ces tours, dans des bureaux à tables lisses, sans soleil et sans fenêtres, j'ai vu des parfumeurs faire naître des champs de jasmin en pipettes, des champs de quelques grammes, des champs de fleurs comme il n'en poussera jamais."