CHAPITRE 7
Jimmy : Pourquoi ils l'ont emmené dans une pièce isolée ?
Chacun s'inquiétait, tout le monde pouvait voir, par la vitre, Faith discuter avec les médecins.
Ty : C'est pas une bonne nouvelle, un ?
Personne n'osa parler. Bosco avait traversé pire il y'a trois mois, il ne pouvait pas les lâcher maintenant.
Dr Thomas : Faith, Bosco est dans le coma.
Faith : Quoi ?
Elle se sentit défaillir. Elle se laissa tomber sur une chaise derrière elle et prit sa tête entre ses mains. Le Dr Thomas s'accroupit devant elle.
Dr Thomas : Faith…
Faith : Ce n'est pas possible… Il va se réveiller au moins ? Hein ? Dites-moi qu'il va se réveiller.
Elle était totalement paniquée, non ce n'était même pas de la panique mais de la terreur, de l'angoisse, de l'horreur même, enfin toute une palette d'émotions qui s'ouvrait à elle. Elle redressa la tête lorsque aucune réponse à sa question ne vint. Elle regarda tout à tour Homeyer et le généraliste.
Faith : Docteurs ?
Dr Thomas : Le corps de votre ami a subi de graves dégâts. Etre dans le coma est une forme de thérapie, cet état permet au corps de se soigner. Mais…
Faith : Mais quoi ? Son cerveau n'est pas…
Homeyer : Non, nous avons eu peur pendant un moment mais il fonctionne.
Faith : Pour… Pourquoi il est dans le coma alors ?
Dr Thomas : Comme je vous l'ai dis, le corps a besoin de repos pour se soigner. Cependant lorsque Bosco s'est cogné la tête le flux sanguin s'est accumulé à un seul endroit de son cerveau, provoquant ainsi un épaississement d'une partie de ses vaisseaux. La compression exercée fait qu'il ne répond plus aux ordres. Il va falloir attendre que la pression descende, nous ne pouvons rien faire dans ces conditions.
Faith : Mais lorsque ça sera redevenu normal, il se réveillera, n'est-ce pas
Homeyer : Nous n'en savons rien, le corps est une science complexe. Il peut très bien se réveiller dans 10 minutes comme dans 10 ans
En la voyant s'asseoir, les pompiers et policiers se trouvant dans la salle d'attente sentirent la panique monter. Ils virent, quelques minutes plus tard, les deux médecins sortirent. Ils regardèrent le Dr Thomas avec interrogation. Celui-ci baissa la tête et partit, Kim alla voir Faith. Elle la trouva entrain de pleurer. L'ambulancière perçut son angoisse augmenter.
Kim : Faith ?
Celle-ci releva la tête, Kim s'avança et la serra dans ses bras.
Kim : Chut, doucement ma belle
20 minutes plus tard, tout le monde était réuni dans la salle d'attente ; les nouvelles sur la condition de Bosco avaient fait le tour, et personne n'osait dire quoique ce soit. Faith n'avait pas eu le droit d'aller le voir. Mais elle pensait finalement que c'était mieux comme ça, il fallait qu'elle attende qu'il soit descendu en réanimation. Elle ne pourrait pas faire face à ça, voir son meilleur ami lutter pour sa vie sans en être conscient, elle lui parlant, mais Bosco ne répondant pas. Au moins il était encore parmi eux, avec elle, mais pour combien de temps encore ?
De l'appartement en flammes, Bosco s'était retrouvé directement dans son ancien appartement. Il n'avait pas compris comment il avait fais pour arriver là, surtout il n'avait aucun souvenir d'être rentré dans son ancien immeuble, sans la clé en plus. Il regarda autour de lui, cet appart qu'il avait quitté n'avait pas changé, tout ce qu'il avait emballé dans des cartons, tout ce qu'il avait jeté était revenu à sa place. Et sans savoir pourquoi, bien que son seul désir était de partir à toutes jambes d'ici, et de regagner son nouveau loft, Bosco n'en fit rien. C'est comme si on le forçait à rester là. Il alla se servir un verre d'eau puis remarqua qu'il était en uniforme. D'habitude il l'enlevait toujours et le laissait dans les vestiaires.
Bosco : Qu'est-ce que… ?
Il avait beau chercher rien ne lui revenait. Qu'est-ce qu'il faisait là, pourquoi, comment ? Et comme si ses jambes avançaient seules il se dirigea vers sa chambre. Il ne pouvait rien faire, il avait l'impression de ne plus être maître de lui. Il commença à enlever son uniforme, mais une fois la chemise déboutonnée, il releva la tête et pu voir qu'il n'était plus dans l'appartement mais dans la cave, cette cave, lieu de tortures et de souffrances. Il ne portait plus que son jean, son polo avait disparu. Il sentit son cœur s'accélérer lorsqu'il aperçut Melonni et Paterson se diriger vers lui.
Faith était assise aux côtés de Bosco, dans une chambre d'hôpital comme une autre. Ca faisait deux heures qu'elle était là, à le fixer, à lui parler mais rien n'y faisait. Les médecins lui avaient dit que ça pourrait aider son ami s'il entendait sa voix, mais Faith n'en était pas convaincu. Le voir dans cet état lui rappelait ce qui s'était produit plus de trois mois auparavant, et elle ne le supportait pas. Elle revoyait des flashs, elle arrivait dans la cave, apercevait Bosco, suspendu à des chaînes, sans bouger, et Melonni s'effondrer à terre après les coups de feu. Elle sentait encore la terreur qu'elle avait éprouvée avant de se porter aux côtés de Bosco, lorsqu'elle s'était approchée de lui et qu'il ne bougeait plus, elle avait cru être arrivée trop tard.
Cette fois-ci c'était pareil, elle n'avait pas pu le sauver. Elle pouvait encore se remémorer Bosco à travers les flammes, pourquoi donc la vie s'acharnait-elle sur lui. Elle se sentait totalement perdue. Elle ne savait pas quoi faire, où ce qu'elle aurait dû faire. Elle aurait dû savoir que quelque chose n'allait pas chez son ami, bien sûr il lui avait vaguement dit l'autre soir, lorsqu'il s'était mis à pleurer dans ses bras, mais ça avait été véritablement la seule fois qu'ils avaient échangé quelques mots sur la situation.
Elle sursauta lorsqu'elle entendit frapper à la porte.
Jimmy : Faith ?
Faith : Jimmy ? Oh ! Tu m'as fais peur
Jimmy : Désolé ce n'était pas mon attention… Je t'apporte un peu de café.
Il lui tendit la tasse
Faith : Merci
Jimmy : Comment va-t-il ?
Faith : Assez bien vu la situation…
Bosco : … Ahhhhhhh
Lyssia retira le fer brûlant de la peau de Bosco. Ce dernier laissa sa tête tomber en avant. Qu'est-ce qui n'allait pas chez lui. Il avait voulu hurler mais rien. Là, il avait crier mais seulement le silence s'était fait entendre. Et pourtant la douleur, cette douleur, était pire que tout.
Lyssia : Ne crie pas bébé ! Tu dois le faire, et je vais t'y aider
Bosco : Non… Tu n'es pas vraie, tu es morte, tu n'es pas réelle
Lyssia s'avança et l'embrassa avant de descendre sa main jusqu'au pénis du policier.
Lyssia : Et ça ce n'est pas réel ?
Pourquoi ? Pourquoi alors Paterson avait disparu devant ses yeux, pourquoi était-elle là alors qu'elle avait été tuée ? Il sentit brusquement un violent coup dans son dos, et il cru qu'il allait s'effondrer, il entendit un craquement, sans doute la colonne vertébrale. Il cria mais rien ne sortit, il ne s'entendait pas, il entendait seulement ses discussions avec Lyssia. Peut-être après tout n'était-il jamais sorti de cette cave ? Il avait dû rêver tout ça, que Faith était venue le libérer, qu'il avait repris sa vie. Il leva la tête vers sa main, pourtant son petit doigt était toujours là. Il ne le sentait pas mais il le voyait. Mais alors ce feu, cette chaleur et cette souffrance… Ses séances chez le psy, les verres après le boulot avec les amis… Rien de tout cela n'était vrai ? Où était-ce son esprit qui revivait les moments passés avec Lyssia. Se sentait-il coupable de quelque chose ?
Il sentit à ce moment là comme un tremblement, tout bougeait autour de lui, sauf Melonni, qui restait de marbre, affichant un grand sourire. Il regarda tout s'effondrer, puis vit son petit doigt tomber à terre, du sang en sortant et s'éparpillant sur le sol. Il regarda sa main et vit alors les coupures de ses bras et de son torse se rouvrir, il tourna la tête mais plus personne n'était devant lui, et tout avait arrêté de bouger. Il tourna la tête de l'autre côté, juste à temps pour apercevoir un flacon, dont le contenu se déversa sur lui goutte à goutte. Il ouvrit une nouvelle fois la bouche mais rien ne sortit, il avait mal, tellement mal. Il avait l'impression que sa peau s'arrachait, s'écartait d'elle-même. La sueur parcourait son corps, mais lui n'en pouvait plus.
Jimmy : C'est pas forcément évident
Faith : Non c'est …
Elle fût interrompue par les moniteurs cardiaques affolés de Bosco. Jimmy se redressa.
Jimmy : C'est quoi cette me…
Faith : Oh non ! … MARY … MARY !
Jimmy : Y'a un problème ici
Mary se précipita dans la chambre
Faith : Aidez le !
Mary : Et merde !
Elle appuya sur l'alarme qui se répercuta dans tout l'hôpital.
Faith : Aidez-le Mary, ne le laissez pas mourir je vous en prie…
CHAPITRE 8
Jimmy et Faith regardaient les médecins et infirmières s'affairer sur leur ami depuis maintenant près de 7 minutes. Le corps de Bosco semblait insensible à toutes les tentatives de réanimation. Faith regardait la scène horrifiée, soutenue par Jimmy. Ni l'un ni l'autre ne pouvait ni parler ni pleurer. Le vide, la détresse, il n'y avait que ça.
Dr Thomas : On dégage
Pour la énième fois Faith l'entendait prononcer cette phrase. Mais à quoi ça servait, son ami était entrain de mourir sous ses yeux. Une minute paraissait une heure… Le corps de Bosco retomba une nouvelle fois inerte sur le lit. Jimmy baissa la tête, il ne pouvait plus soutenir la scène du regard. C'était injuste, après tout ce que le policier avait traversé il ne pouvait, ne devait pas mourir comme ça. Pourquoi le pompier n'était-il pas arrivé avant ? Pourquoi n'avait-il pas réagit immédiatement ?
Il releva la tête lorsqu'il entendit un, puis deux bips, et vit le cœur de son ami recommencer à fonctionner sur les appareils. Le personnel s'écarta. Faith regarda le Dr Thomas.
Faith : Quoi ? Il…
Dr Thomas : Son cœur vient de repartir, on ne peut pas en faire plus pour le moment. Il faut qu'il arrête de faire ça. Mais il est en vie, c'est l'essentiel.
Son biper sonna. Il le regarda puis tourna la tête vers Jimmy et Faith.
Dr Thomas : Je dois y aller
Il quitta la chambre. Mary s'approcha de Faith, sous le choc.
Mary : Faith ?
Faith la dévisagea, ne réalisant pas encore ce qui venait de se produire.
Mary : Il va bien Faith, c'est une bonne nouvelle
Faith : Vraiment ?
Mary : Oui
Elle lui donna un sourire puis sortit de la chambre. Faith s'approcha du lit de son ami, puis s'effondra dans une chaise, réalisant qu'elle avait failli, une fois de plus, le perdre. Les larmes commencèrent à tomber malgré elle, elle lui serra la main mais n'eut aucune réaction en échange. Comment Mary pouvait-elle dire qu'il allait bien alors qu'il était toujours dans le coma ?
Bosco ouvrit les yeux. Il était de nouveau chez lui, dans son ancien appartement. Pourquoi ne pouvait-il pas le quitter. Il s'était cru mort, cette douleur… et maintenant il se retrouvait ici, de nouveau, allongé sur son sofa. Il regarda autour de lui, personne. Tout était tranquille, calme, la télé était allumée et une bouteille de bière à moitié vide était posée sur la table.
Il se redressa puis toucha son dos, mais rien, il n'y avait rien, aucun mal, aucun sang. Il devenait vraiment cinglé, mais c'était si réel pourtant. Il avait tout ressenti, chaque millimètre de sa peau avait tremblé, chaque nerf s'était contracté sous la douleur. Il s'était senti partir, il avait eu conscience de se laisser sombrer dans le néant, et maintenant le voilà qui se retrouvait chez lui. Il se mit debout et fit le tout de son appart, mais personne, pas de Lyssia en vue. Il se dirigea avec appréhension vers la porte d'entrée. Il y porta une main tremblante puis d'un geste brusque l'ouvrit. La porte céda sans résistance, donnant sur le pallier habituel. Il sortit la tête doucement, tout avait l'air normal, alors pourquoi n'avait-il pas réussi à l'ouvrir tout à l'heure ? Sans doute encore l'un de ses rêves ! Il avait besoin de prendre l'air, de se rafraîchir les idées. Il enfila un polo, prit sa veste puis sortit ! Ca allait certainement lui faire du bien.
Le cœur de Bosco se fit plus régulier sur les monitorings, Kim avait prit la relève de Jimmy auprès de Faith, pour la soutenir. Après tout ce qu'elle avait traversé et surtout après tout ce qu'il avait enduré, elle se devait d'être là pour eux. Faith releva la tête lorsqu'elle entendit le son des moniteurs se modifier. Elle regarda Kim, inquiète.
Kim : C'est rien, il se détend ! Il doit rêver
Faith : On rêve dans le coma ?
Kim : Il semblerait que oui.
Ty : Mesdames !
Elles se tournèrent vers le jeune policier qui venait d'entrer avec Alex. Il leur tendit à chacune une tasse de café ; qu'elles prirent avec plaisir. Des secondes qui se transformaient en minutes, des minutes en heures, et les heures en jours… 4…7...9 jours de coma désormais. Aucun changement. Les médecins avaient dis que Bosco se remettait gentiment, mais Faith ne pouvait pas les croire. Ses attaques cardiaques avaient cessé mais son cœur battait souvent de manière irrégulière, ce qui inquiétait tout le monde.
Bosco rentra chez lui. Il passait son temps à sortir, à flâner dans le parc où bien à jouer au basket avec Ty, Jimmy et les autres. Il adorait ça. Ca faisait un moment que Lyssia ne lui avait pas rendu visite, et il bloquait son esprit à toute rencontre. Elle avait essayé bien évidemment mais il luttait de toutes ses forces, se disant que tout se passait dans sa tête. Et il réussissait à l'éloigner ; et sans elle tout lui paraissait bien plus facile. Ce qui le dérangeait en revanche était ce bruit de fond qu'il ne pouvait pas chasser, comme des voix éloignées ; il ne comprenait pas ce qu'elles disaient mais il les trouvait rassurantes. Il s'était habitué à vivre avec, enfin vivre était un grand mot puisque ça ne faisait, selon lui, que trois ou quatre jours qu'il les entendait.
Il alluma la télé et se commanda une pizza. Non pas qu'il n'aimait pas faire la cuisine, mais ce qu'il faisait n'était pas spécialement extra et la vaisselle le défrisait. Et puis une bonne pizza devant un match, quoi de mieux ? Son ventre gargouillait, à croire qu'il n'avait pas mangé depuis des siècles. La sonnette se fit entendre au bout de vingt minutes, il était temps. Il se saisit de son portefeuille et se dirigea vers la porte, mais lorsqu'il l'ouvrit, ce n'était pas un livreur qui l'attendait, ni même un couloir, mais une cave, la cave ; cette cave qu'il avait vainement chassée de son esprit. Il se retourna mais tout était pareil, gris, sombre, lugubre, avec cette puanteur… Et devant lui se trouvaient Paterson et Melonni, entrain de rire. Il ne comprenait pas, comment s'était-il retrouvé là ? Il essaya de bouger mais rien à faire ; il releva la tête, Lyssia se trouvait désormais devant lui, seule !
Les moniteurs commencèrent à s'affoler ; tout comme Faith qui se leva d'un bon, rejointe par Alex et Ty. Les bips devenaient de plus en plus irréguliers et surtout de plus en plus denses.
Alex : MARY !!!
Faith : Oh mon Dieu, ne me fais pas ça Boz.
Lyssia retira un couteau ensanglanté du ventre de Bosco. Ce dernier lâcha un cri de douleur.
Lyssia : Tu dois le faire Bosco ! Pour ton bien, et celui de tes amis. Tu ne vois pas que tu leur pourris la vie ? Ils te croient fou ; tu les déranges avec tes problèmes !
Ca faisait maintenant près de cinq minutes que Bosco subissait les dires de Melonni, toute sa culpabilité remonta à la surface. Il se l'était caché ; mais c'est elle qui avait raison. Il devait en finir. Et seul. Elle était là pour l'inciter… Il ferma les yeux ! La douleur qu'il ressentait n'était pas tant celle de son ventre mais celle morale. Elle s'avança vers lui et le détacha des chaînes qui le retenait prisonnier, puis lui tendit le couteau. Il le regarda
Lyssia : Tu sais que c'est la seule solution.
Ils restèrent en silence quelques secondes, Lyssia commença à le masser doucement, avant de revenir face à lui, elle lui fit signe de la tête. Il prit le couteau fermement entre ses mains… la seule issue possible.
Faith : Bosco, me fais pas ça, bas-toi
Il redressa la tête
Bosco : Faith ?
Il regarda autour de lui, mais personne, personne sauf elle !
Lyssia : Elle n'est pas là joli cœur je te l'ai dis elle est morte par ta faute
Ce détail… Il l'avait oublié si facilement ? Pourquoi ? Sa meilleure amie était morte, et il ne s'en était même pas soucié.
Faith : Résiste ! Tiens bon je t'en prie
Il ne pouvait pas rêver, la voix de sa partenaire était présente, il la sentait tout près de lui. Il sentait la chaleur de son corps, son parfum…
Faith : Ne me quitte pas !
Il se redressa ! Faith était en vie, bien qu'il se croyait fou, quelque chose lui disait de se battre, de renoncer à faire ça… Il se tourna vers Lyssia, lui adressa un grand sourire, qu'elle lui rendit.
Bosco : Tu sais qu'elle est la chose en quoi je crois le plus ?
Lyssia : L'amour…
Bosco : L'amitié
Il lui enfonça le couteau dans le cœur, et la regarda se reculer.
Bosco : Tu n'es pas réel, et même si tu l'étais rien, je dis bien RIEN, et surtout pas toi, ne me fera comporter en lâche ! Je sais que mes amis croient en moi, je les ai déjà déçu une fois, je ne recommencerai pas. Va pourrir la vie de quelqu'un d'autre !
Lyssia le regarda avec stupeur puis disparue ! Bosco était complètement médusé, voilà qu'il parlait à un fantôme ! Mais elle était si réelle ! Il se laissa glisser au sol ; son corps ne lui répondait plus. Il ferma les yeux.
Mary : Il revient !
Faith, Ty et Alex s'approchèrent du lit. Faith serra la main de Bosco de toutes ses forces !
Faith : Boz, tu m'entends ?
Mary : Je vais chercher le Dr Thomas je reviens
Elle quitta la pièce. Faith sentit la main de Bosco bouger entre ses doigts.
Ty : Bosco ?
Alex vit les jambes de son ami bouger légèrement, elle sourit. Le policier releva légèrement la tête, puis ouvrit doucement les yeux. Faith, son ange était là, ce n'était pas un rêve
Ty : Hé ! Salut vieux !
Faith (souriant) : Bon retour parmi nous !
CHAPITRE 9
Deux semaines qu'il était coincé dans cet hôpital, il n'en pouvait plus, il tournait en rond, heureusement qu'il sortait aujourd'hui.
Faith entra dans la chambre.
Faith : Prêt ?
Bosco : Plus que jamais
Il n'en pouvait plus. Mais en deux semaines, il avait récupéré, récupéré de tout, non seulement au niveau physique mais aussi au niveau moral, Lyssia ne venait plus le hanter, elle était partie, une bonne fois pour toute. Il s'était battu contre elle et finalement il avait gagné, il en remerciait Faith, c'est grâce à elle qu'il avait trouvé le courage de l'affronter. C'est sa voix, au moment ou il allait renoncer, qu'il lui avait redonné courage. Elle ne savait pas qu'il l'avait entendu l'appeler, mais jamais ce souvenir ne périrait dans ses mémoires. Faith avait toujours été là pour lui, et une fois de plus elle lui avait montré qu'il pouvait compter sur elle.
De l'air, de l'air frais, ça changeait de l'odeur des produits d'entretiens de l'hôpital, quoiqu'il s'y était habitué. Mais là, tout avait l'air nouveau pour lui, il était enfin dehors, reprenant sa liberté… Une nouvelle vie, sans cauchemar, seulement apprendre à redécouvrir les joies des sorties après le boulot…
Ce boulot qui lui avait tellement manqué, il allait le reprendre dans deux ou trois jours, bien entendu il serait derrière un bureau, mais qu'elle importance, il irait à son rythme, c'est tout ce qu'il lui importait.
Faith gara la voiture devant l'immeuble de son ami.
Faith : T'es sûr que ça va aller ?
Bosco : Oui, t'en fais pas, merci.
Faith : je passerai te voir demain
Bosco : Ecoute, merci mais je n'ai pas besoin d'une maman…
Faith se racla la gorge
Bosco : Quoi ?
Faith : C'est sûr, je te laisse cinq minutes et regarde l'état dans lequel tu t'es retrouvé !
Bosco : Je vais bien je t'assure, d'accord ? J'ai besoin de reprendre mes repères, seul, tu comprends ?
Faith : Bien sûr
Bosco : Merci
Faith : de rien
Il lui déposa un baisé sur la joue, puis sorti de la voiture et entra dans son immeuble. Faith resta médusée, elle se toucha la joue, à l'endroit ou il l'avait embrassé, elle n'avait pas l'habitude d'attentions aussi délicates de la part de son partenaire. Il était si doux ! Elle sourit, puis partie.
Bosco entra chez lui, c'était si bon de se retrouver chez soi. Il avait hâte de retrouver son lit, car ceux des hôpitaux n'étaient les modèles les plus confortables, mais ce dont il avait avant tout besoin, était de sortir, de profiter, de revoir ses amis. Il déposa ses affaires puis se dirigea vers son frigo, il n'y avait plus rien, Faith l'avait prévenu que Ty et Sully étaient venus faire un peu de ménage.
De grosses belles frites bien croquantes, avec un double cheeseburger, c'était tout ce dont il avait envie. Il irait faire les courses après. Ty… C'était le mec avec qui il avait le plus d'affinité, un bon policier, qui adorait faire la fête, comme lui. Ca faisait près d'une semaine qu'il ne l'avait pas vu, sans doute à cause du boulot. Il avait menti à Faith, le fait était qu'il voulait retrouver ses amis, mais avec Faith ce n'était pas pareil. Il se sentait vulnérable lorsqu'elle était là, et il ne voulait pas qu'elle s'en rende compte. C'était comme un sentiment bizarre qui l'enveloppait lorsqu'elle se trouvait là, pas comme de l'amitié ni comme de l'amour, quelque chose d'autre, qui prend l'être tout entier.
*******
Ty : Hé mec !
Bosco arriva devant chez Haggerty, Ty l'attendait, il l'avait appelé, pour savoir si ils pouvaient se voir pour manger un morceau, Ty avait tout de suite accepté ; Bosco adorait ce type. C'était un peu comme son petit frère pour lui, pas comme Mikey mais quelque chose d'encore plus présent, de plus profond.
Bosco : Comment ça va ?
Ty : C'est toi le rescapé !
Bosco : Ca va super.
Ty : Génial ! Tant mieux.
Ty entraîna Bosco à l'intérieur du bar, tous les pompiers et policiers étaient là. Bosco se sentit ému, il n'avait pas l'habitude des accueils chaleureux comme cela, lorsqu'il était petit c'était aux cris qu'il était reçu, désormais il se rendait compte qu'il était entouré et qu'il n'était plus seul, tout irait bien maintenant, il avait l'impression d'avoir retrouvé un certain équilibre dans sa vie, un équilibre qu'il n'avait plus ressenti depuis longtemps. Il aperçu Faith ; elle aussi se trouvait là, il avait envie de la prendre dans ses bras, de lui montrer combien il tenait à elle, comment il se sentait surtout lorsqu'elle était là, mais il se retint et après avoir salué et remercié chacun individuellement, il se dirigea vers elle.
Bosco : Salut !
Faith : Salut
Bosco : Alors … Qu'est-ce que tu fais là ?
Faith : je me suis dit qu'il y avait une fête en l'honneur de mon meilleur ami et que ça serait bien que j'y aille ; et toi qu'est-ce que tu fais ici ? Je croyais que t'avais besoin de te retrouver seul, c'est moi qui te fais fuir ou quoi ?
Bosco : Non, c'est pas ça…
Il s'assit en face d'elle.
Bosco : Tu as tellement fait pour moi ces derniers temps, je ne veux pas en abuser c'est tout. Je n'ai pas envie de profiter de toi
Faith : ce n'est pas ton genre. Et puis si je te propose mon aide c'est que ça ne me dérange pas ; j'ai failli te perdre deux fois en 4 mois, je ne sais pas si tu te rends compte de ce que j'ai ressenti ; mais je ne veux plus jamais, tu m'entends, plus jamais revivre ça.
Bosco : Je suis désolé Faith, mais je suis toujours là et je ne compte pas m'en aller ni te laisser.
Faith : Jure-le Bosco, promet-moi de ne jamais partir, de toujours rester avec moi
Bosco : Jamais je ne pourrai m'en aller ni m'éloigner de toi, tu es la personne qui compte le plus pour moi ; alors je te le promets Faith, jamais je ne te laisserai seule. Et puis qu'est-ce que tu deviendrais sans moi, sérieusement ?
Faith laissa échapper un rire.
Faith : Toujours aussi modeste !
Bosco : Que veux-tu, ça ne change pas les gens !
Faith : Reste comme tu es, c'est comme ça que l'on t'apprécie !
Bosco : Bien sûr !
La soirée continua à se dérouler sans trop de problèmes, les pompiers et policiers jouaient au billard, aux fléchettes, ils étaient complètement saouls ! Bosco n'avait pas trop abusé de l'alcool, il avait parlé avec Faith, parfois en laissant entre les discussions des silences confortables, apaisants, qui lui faisaient du bien.
Vers trois heures du matin, il décida de rentrer ; certains étaient déjà partis.
Bosco : Bon je vais y aller
Faith : Ouais va te reposer tu as l'air crevé !
Bosco : Merci du conseil ; je te dépose
Faith : Non merci, je vais rester encore un peu
Bosco : Tu es sûr… Je veux dire, pour une femme, rentrer à 3 heures du mat toute seule, à pied c'est pas très prudent, et je doute que Fred daigne se lever pour venir te chercher.
Faith : Non, je-
Bosco : -Y'a pas de non qui tienne, aller, viens
Faith le regarda, elle était contente de passer encore un moment avec lui. Elle avait simplement refusé la première fois par convenance ; mais elle venait de se promettre de passer le plus de temps possible avec son meilleur ami. En quatre mois, elle avait eu l'impression de vieillir de 20 ans d'un seul coup, par deux fois la mort avait failli lui enlever l'être le plus cher qu'elle a après sa famille. Comme elle l'avait déjà reconnu, parfois à contre cœur lorsqu'elle était fâchée contre lui, Bosco était un personnage particulier, toute une partie de sa vie qu'elle n'aurait jamais connue s'il n'avait pas été là, quelqu'un sur qui elle pouvait compter, même s'il était parfois un peu trop égocentrique à son goût et qu'il se comportait en imbécile, mais elle l'aimait ; elle l'aimait de différentes manières, comme un meilleur ami, comme un frère aussi et parfois même se mélangeaient sans doute des sentiments plus forts. Mais ce dont elle était sûre est qu'il avait une force… il n'avait jamais renoncé, et elle l'en remerciait. Il était sorti par deux fois d'un coma, et s'était remis de ses blessures, du moins celles physiques. Le moral avait été absent pendant un temps, mais il semblait allé bien mieux, bien qu'il était encore pâle et avait les traits tirés, mais il venait de sortir de l'hôpital, il n'avait pas récupéré le poids qu'il avait perdu, et il devait encore en avoir perdu davantage avec le traitement de bouillons liquides de l'hôpital. Mais il était là, bien vivant, le sourire aux lèvres, ce sourire qui lui avait tellement manqué ; elle ne l'avait pas vu sourire depuis qu'il était sorti il y a 4 mois. Mais tout ça n'était désormais qu'un mauvais souvenir.
CHAPITRE 10
Bosco : Enfoiré de salopard de connard ! Je vais t'apprendre à me pisser dessus !
Bosco hurlait à s'en éclater les poumons, il coursait un type qui venait de braquer une banque, de tirer sur Ty (heureusement le gilet avait fait son travail), et pour finir le tout, lorsqu'il s'était sauvé, il avait renversé un saut rempli de pisse de chien sur Bosco, qui était plus que furax. Il courait aussi vite qu'il pouvait derrière ce type, ça faisait près de trois semaines qu'il avait repris le boulot, il avait passé les huit premiers jours derrière un bureau avant que de retourner sur le terrain ; et c'était véritablement la première poursuite qu'il effectuait depuis cet accident dans l'immeuble en flammes. Sa jambe le tirait toujours quelque peu mais il faisait son footing tous les matins et s'était habitué à la douleur. Les médecins lui avaient dit de ne pas forcer, surtout après ce deuxième coma, il allait à des séances de rééducations trois fois par semaines, et continuait à voir un psy ; mais depuis l'hôpital, Lyssia ni Paterson ni aucuns mauvais souvenirs n'étaient réapparus, et il rendait grâce au ciel pour ça. Finalement peut-être est-ce vrai, avec le temps, peut-être que l'on oublie.
Bosco : Tu vas voir !
Bosco accéléra l'allure et bondit sur le type, le faisant rouler à terre. Il se mit sur lui, écarta son arme et commença à vouloir le menotter lorsque l'homme lui donna un coup de coude dans l'estomac ; ce qui fit tomber Bosco sur les fesses. Le gars voulu se relever mais Bosco se remit sur lui. Faith arriva à ce moment là en patrouilleuse, y fit monter l'homme puis regarda Bosco. Ce dernier était essoufflé, mais heureux, elle pouvait le lire sur son visage.
Faith : Ca va ?
Bosco la regarda puis lui adressa un grand sourire avant de prendre une profonde inspiration et de lui répondre jovialement.
Bosco : Je ne me suis jamais senti aussi bien depuis des mois.
Et pour la première fois depuis des mois, Faith croyait ce qu'il lui disait. Il était bien, et ça se sentait. Il était toujours pâle, les joues creuses, et les cercles noires sous ses yeux ; il n'avait pas vraiment repris de poids, mais il fallait qu'il se réhabitue lentement. Il recommençait à sortir avec ses amis le soir et Faith en était heureuse. De plus Fred, pour une fois (et ça ne lui était pas donné), comprenait la situation et la laissait aller à sa guise.
Tous ces mois de calvaire avaient été éreintant pour Bosco mais aussi pour Faith. Elle n'avait pas profité de sa famille, étant continuellement restée avec son meilleur ami, mais étrangement Emily et Charlie l'admiraient pour cela, contrairement à ce qu'elle aurait pensé. Et depuis trois semaines maintenant elle avait repris un rythme presque normal, et avait récupéré de la fatigue qu'elle avait accumulée. 6 mois… Déjà 6 mois, et les souvenirs étaient toujours présents dans leur tête comme si cela était hier, chaque détail, chaque souvenir… Présent dans chaque tête, sauf dans celle de Bosco. Il s'était battu pour oublier, il avait lutté pour cela, et finalement il avait réussi. Il ne voulait plus s'en souvenir, il avait fini par faire une croix dessus. Et il en était fier ; même s'il savait que chaque personne qui le croisait ne le voyait pas lui, mais son corps suspendu à ses chaînes. Mais après tout, il s'en remettait. Il savait que personne n'oublierai ; mais lui ne voulait pas vivre avec cela à l'intérieur de lui, il l'avait chassé. Définitivement.
Ty, Sully et Faith étaient entrain de se changer dans les vestiaires lorsque la porte s'ouvrit dans un fracas et Bosco apparu en courant.
Sully : Tiens, Superman !
Bosco : Lâche-moi !
Ty : Oh il a retrouvé sa bonne humeur
Bosco : Vous n'avez rien d'autre à faire vous deux ?
Ty : Bonjour quand même
Bosco : Ouais c'est ça.
Sully : Superman c'est levé du mauvais pied ce matin ?
Bosco : Ouais ! Ta mère qui est venue me réveiller
Sully claqua la porte de son casier puis commença à se diriger vers Bosco. Ty, qui rigolait, réagit immédiatement et fit barrage devant Sully, le poussant vers la sortie.
Ty : Oh, oh, oh, du calme Sully, viens avec moi, sort d'ici ça te fera du bien.
Sully lança un dernier regard à Bosco avant de sortir violemment des vestiaires, tandis que Bosco continuait à se changer. Faith, qui n'avait rien dit, s'approcha de lui.
Faith : Bonjour !
Pas de réponse. Au moins il avait retrouvé sa mauvaise humeur des bons jours, il allait bien.
Faith : Bien Monsieur sans langue, je t'attends en salle de réunion.
Bosco continua à lacer ses chaussures énergiquement pendant que Faith sortie.
Sully : Etre patient ? Ca va faire 6 mois c'est bon maintenant, t'as vu comment il a réagi ? Il en profite ! Je vais certainement pas m'écraser devant ce nimbo sous prétexte qu'il a été traumatisé !
Ty : Sully…
Sully : Quoi « Sully » ? C'est vrai après tout, je commence à en avoir marre de lui et de ses sautes d'humeur. Rien, pas UN merci depuis 6 mois, pas un merci pour l'avoir retrouvé ou encore sauvé, pas un merci pour l'avoir aidé, pour l'avoir épaulé, rien. NADA !
Ty : Tu connais Bosco
Sully : Ce type est un ingrat
Ty : Il t'a déjà dis merci à sa manière, mais il te fera savoir lorsque le moment sera venu. Pour l'instant ne le force pas, il va mieux, c'est l'essentiel, non ?
Sully : Mouais
Ils entrèrent en salle de réunion, Bosco arriva au moment où le capitaine allait commencer. Il en sortit précipitamment à la fin. Faith, Sully et Ty se regardèrent bizarrement.
Ty : Qu'est-ce qu'il lui prend ?
Faith : J'en sais rien
Sully : Et c'est moi qu'on traite de cinglé.
Faith : Je vais aller le voir.
Elle se dirigea vers les vestiaires. Elle ne vit personne en franchissant la porte.
Faith : Bosco ?
Elle l'appela doucement mais pas de réponse. Elle ouvrit la porte des premiers toilettes mais personne, elle recommença ainsi de suite jusqu'à en arriver au dernier. Elle s'arrêta net lorsqu'elle le vit. Il était assis par terre, recroquevillé sur lui-même. Il ne bougeait pas. Elle sentit son sang se mettre à bouillonner. Ses instincts et ses peurs s'étaient mis en avant trop souvent ces derniers temps lorsqu'il s'agissait de son partenaire ; parfois elle se frappait mentalement de s'inquiéter autant lorsqu'il ne décrochait pas immédiatement au téléphone ou qu'il ne venait pas ouvrir sa porte… Mais là…
Faith : Bosco ?
Son cœur battait la chamade. Il ne lui répondit pas. Elle s'agenouilla près de lui, et posa une main sur son épaule. En ne voyant aucune réaction de la part de son ami, elle commença à paniquer.
Faith : Boz ? Qu'est-ce qu'il y a ? Ca ne va pas ?...
Elle approcha sa tête de celle de son ami lorsque ce dernier redressa sa tête d'un seul coup. Il pleurait, non pas des larmes de tristesse, mais des larmes de douleur et de peine.
Faith : Bosco…
Elle murmura son prénom puis étreignit fermement son partenaire avant que celui-ci ne se mette à sangloter. Il s'écarta d'elle puis se leva d'un seul coup.
Faith : Quoi ?
Il s'éloigna d'elle puis alla se planter devant la glace. Faith se releva, surprise. Bosco était dans tous ses états, il était comme un garçon affolé, apeuré…
Elle s'approcha de lui mais au moment où elle allait poser sa main sur lui il s'écarta d'elle brusquement.
Bosco : Me touche pas ! Me touche pas
Sa voix était à peine audible, ce qui effrayait d'autant plus Faith.
Faith : Boz, c'est moi c'est Faith.
Bosco : Ne m'approche pas, s'il te plaît.
Elle ne comprenait rien à tout ça.
Faith : Dis moi ce qui ne va pas
Il se retourna vers elle, elle vit son visage noyé par les larmes.
Bosco : Rien ne va ! C'est pas moi, je ne suis pas moi !
Faith : de quoi tu parles ?
Bosco : DE CA !!!!
Bosco explosa et hurla en lui disant ça, en même temps qu'il défit sa chemise et souleva son tee-shirt pour laisser apparaître ses cicatrices. Faith le regarda dans les yeux avant de descendre son regard plus bas. Ces cicatrices, ces marques indélébiles… Ces souvenirs, ces blessures fermées mais encore ouvertes… Elles étaient là et le seraient toujours pour lui rappeler ; lui rappeler que jamais il ne serait en paix, ni avec les autres ni avec lui-même. Il se mit à pleurer, une boule en travers de la gorge, murmurant.
Bosco : Ca ! J'en peux plus … J'en peux plus Faith ! C'est pas moi ! C'est pas moi ! Qu'est-ce que j'ai fais ? Je n'ai jamais rien demandé à personne. Pourquoi c'est moi qu'elle a choisi ? C'est ma faute, je l'ai laissé me faire du mal ! Je l'ai laissé !
A ses mots, Bosco se laissa tomber par terre. Faith, les larmes aux yeux, se dirigea vers lui puis s'agenouilla à ses côtés, le laissant pleurer au creux de son épaule.
Bosco : Qu'est-ce que j'ai fais de mal, hein ? Pourquoi moi ? Elle ne me laissera jamais en paix…
Faith ne savait quoi dire ! Les paroles tourmentées de son ami l'horrifiaient. Elle pouvait entendre la détresse et la douleur dans la voix de son meilleur ami, et elle ne savait pas quoi faire. Pour la première fois de sa vie, Faith ne savait pas comment réconforter Bosco, elle qui d'habitude trouvait toujours les bonnes paroles, aujourd'hui les mots lui manquaient. La détresse de son partenaire la tuait ; le voir comme ça la détruisait ; il pleurait, elle aussi. Elle lui passa une main dans les cheveux, le laissant pleurer.
Faith : Je suis là Bosco, je suis là.
Bosco releva la tête, les yeux embrumés.
Bosco : Et moi, où je suis moi ?
Elchisiack : ENTREZ
Faith ferma la porte derrière elle.
Faith : Capitaine !
Elchisiack : Faith qu'est-ce que je peux faire pour toi
Faith : Bosco ne se sentait pas bien il est retourné chez lui.
Elchisiack : Il va bien ?
Faith évita le sujet, elle devait en parler avec Bosco d'abord.
Faith : Il… La grippe je suppose, il avait un peu de fièvre.
Elchisiack ne dit rien, par son regard et son silence, Faith comprit qu'il ne la croyait pas.
Elchisiack : Je comprends que tu ne veuilles pas m'en parler.
Faith : Non ce n'est pas ça Monsieur …
Elchisiack : Faith, même en ayant les jambes et les bras coupés Boscorelli viendrait travailler.
Faith : Je…
Elchisiack : Je te mets avec Gusler !
Faith : Merci Monsieur
Elchisiack : Sors d'ici
Elle acquiesça de la tête puis s'en alla, au moment où elle allait refermer la porte le Capitaine l'interpella.
Elchisiack : Yokas ?
Faith : Oui Monsieur ?
Elchisiack : Si y'a quoique ce soit que je puisse faire pour lui, dis le moi.
Faith : Merci Monsieur
Elchisiack : il a besoin de quelque chose ?
Faith : De temps, c'est ça dont il a besoin. De beaucoup de temps.
Elle referma la porte puis s'en alla.
Bosco avait passé tout l'après-midi chez lui, à tourner et retourner. Il s'était levé la nuit dernière, un mal de tête l'irradiant totalement. Il avait voulu prendre un des médicaments prescris par l'hosto mais s'était cogné.
C'est alors que tout était revenu. Une de ses blessures s'était rouverte, et le sang, la douleur… tout était revenu par flashs violents, si violents qu'il en avait été malade ; à chaque fois qu'il avait essayé de les repousser ils étaient revenus.
19h30 ! Seulement 19h30, en rentrant il s'était allongé, mais même la fatigue n'avait pas le dessus sur toutes les images qui lui revenaient. C'était pire que d'habitude, sans doute parce que cela faisait plus d'un mois qu'il vivait en paix, sans tourments. Il avait chassé ça de sa tête, il en avait été persuadé, mais tout ça n'avait été qu'illusion. Il avait essayé de confondre ce qu'il avait vécu en simples cauchemars, mais la vérité était que c'était bien réel. Il avait voulu s'en détourner, maintenant voilà où il en était. Il se tenait la tête, se levait, tournait en rond, s'asseyait, se balançant d'avant en arrière mais rien n'y faisait. Tout était là, se projetant devant ses yeux, il revivait son cauchemar. Lyssia, Paterson, les chaînes, le fer… Tout, tout, absolument tout.
Il avait mal à la tête, il n'en pouvait plus, il était effrayé, pourquoi ça ne partait pas ? Pourquoi ça ne le laissait pas tranquille ? Il n'avait qu'une envie, celle d'oublier, mais jamais il ne serait en paix.
Bosco se saisit de son calepin puis composa un numéro de téléphone.
Bosco : Vas-y décroche, décroche… s'il te plaît !
La messagerie se mit en route : Vous êtes bien au cabinet du Docteur Hayes Brickman….
Bosco : Putain de MERDE !
Il s'effondra sur son sofa, les sanglots se libérant. Hayes était le seul homme avec qui Bosco se sentait soulagé lorsqu'il parlait, bien sûr c'était son boulot puisqu'il était psy, mais un bon psy ! A chaque fois qu'il avait envie de parler et de ne pas déranger Faith ; il appelait Hayes. D'habitude il fermait à 22h, et mais pas ce soir. Bosco attendit la fin du répondeur.
… Veuillez laisser un message.
Bosco : Hé ! Doc c'est… c'est Bosco…j'espérai vous avoir ce soir mais… mais c'est loupé, hein ?
Bosco commença à pleurer, il éloigna le combiné un instant afin d'essayer de prendre sur lui.
Bosco :… J'ai vraiment besoin de vous parler Doc… Je vous en prie !
Bosco raccrocha le téléphone, c'était stupide de sa part de vouloir s'acharner sur une machine, Brickman ne viendrait pas avant le lendemain.
Bosco prit sa tête dans ses mains, les flashs étaient fréquents, chaque chose qu'il regardait lui rappelait un de ses calvaires. Il releva la tête vers le téléphone, il pouvait toujours contacter Faith… Il se saisit du combiné puis commença à composer les quatre premiers chiffres avant de renoncer. C'était stupide, si elle était en patrouille, il ne devait pas la déranger, surtout si elle se trouvait en difficulté. Et dire qu'elle pouvait être entrain de se faire tirer dessus en ce moment, et il n'était pas au courant … Tout ça à cause de ses états d'âme ! Quel crétin il faisait. Il n'était pas là pour la protéger alors qu'il le devrait ! Il se saisit de son blouson pour sortir et ouvrit la porte. Il lâcha ses affaires et recula, horrifié.
Lyssia : Salut mon cœur…
CHAPITRE 11
Bosco claqua la porte immédiatement puis la verrouilla.
Bosco : Non, tu n'es pas réelle ! Vas t'en !
Il rêvait, non, il cauchemardait ! Pourquoi maintenant, alors qu'il avait eu l'impression, ces derniers temps, d'aller si bien. Etait-il fou ? Symptôme post traumatique, combien de fois lui avait-on balancé cette phrase. Mais qu'est-ce que ça voulait dire, qu'il était traumatisé ? Qu'il n'était pas capable de s'en sortir ?
Lyssia : Mon cœur alors tu me fuis ?
Bosco : Vas t'en !!!
Bosco se bouchât les oreilles les oreilles, et se réfugia dans la cuisine, il tournait en rond. La voix de Lyssia se faisait de plus en plus présente dans sa tête, des murmures vaguent qui s'accroissaient…
Lyssia : C'est de ta faute Bosco… Uniquement de ta faute
Bosco : NON !
Il se laissa tomber au sol et se recroquevilla sur lui-même, peut-être que s'il s'isolait elle ne reviendrait pas. Il pensait l'avoir affronté, vaincu même, mais ce n'était pas si simple…
Lyssia : Non, chéri, ce n'est pas si simple. Tu sais qu'il n'y qu'un seul moyen de t'en sortir !
Bosco : FICHE LE CAMP !!! Fiche le camp, laisse moi tranquille !
Ses derniers mots retentirent dans un faible sanglot, il était seul, tout seul, ses amis ne pouvaient rien faire, c'était peut-être ça le problème, il s'était trop accroché à eux, il avait trop compté sur eux, mais face à ça ils ne pouvaient rien pour lui.
Lyssia : Tu es seul Bosco, tu l'es et tu l'as toujours été, depuis le moment ou tu m'as suivi ! Dès le soir ou tu m'as rencontré
Bosco : Arrête ! Stop ! Je t'en prie
Il pleurait maintenant, que pouvait-il faire ? Il ne savait plus où il en était.
Lyssia : Je ne fais ça que pour ton bien
Il ouvrit les yeux, sa cuisine s'était transformée bizarrement, tout était noir, et cette puanteur fétide… Il ressentit à ce moment là une vive douleur au niveau des côtes, il cria de toutes ses forces, il voyait du sang couler par terre. Son doigt n'était plus là, ses bras et son torse étaient tailladés de partout.
Bosco : ARRETE CA ! ARRETE CA ! Je ne t'ai rien fais ! Laisse moi
Paterson : Pourquoi te laisser ?
Non, pas lui, pas cet homme, ce tortionnaire… encore un de plus. Bosco avait de plus en plus mal, il paniquait. L'air devenait rare dans ses poumons, il suffoquait. Il se déplaça tant bien que mal jusqu'à être coincé contre l'un des murs de cette cave et vit Lyssia et Paterson, rigolant devant lui, se déplaçant vers lui, tendant leurs mains dans sa direction. Avec tout l'air que contenaient ses poumons, il cria, hurla même puis se redressa. Il était à nouveau chez lui, mais ses blessures le faisaient souffrir. On l'avait prévenu ; Hayes lui avait dit que les douleurs physiques étaient liées au psychique, dès qu'il revivrait une scène de son enlèvement, il les ressentirait… Mais pendant encore combien de temps devrait-il subir ça ?
Il n'en pouvait plus, il était à bout de force, il ne dormirait donc plus jamais tranquille, sans faire ces cauchemars sordides, maintenant il les faisait même éveillé, cela ne s'était pas produit depuis un bout de temps, il se sentait pourtant plus vif ces derniers jours, il redevenait joyeux et recommençait à s'habituer, à prendre goût à la vie. Et en un millième de seconde, ce soir, tout avait à nouveau basculé. Il se sentit mal, il se précipita aux toilettes juste à temps pour rendre ce qu'il avait mangé, c'est-à-dire quasiment rien. L'appétit lui était récemment revenu, mais aujourd'hui il ne s'était pas vraiment senti au mieux de sa forme, ce matin il s'était réveillé en sursaut, de l'un de ses tourments nocturnes, qui revenaient le hanter. Il avait rêvé de Lyssia, de Paterson, il avait revécu trait pour trait ce qu'il s'était passé pendant ses quatre heures d'enfermement et de tortures acharnées. Son premier cauchemar depuis des semaines, et ensuite il avait craqué… craqué au commissariat, il s'était promis de ne rien dire, de garder cela rien que pour lui, mais il n'avait pas pu. Il détestait lorsque Faith le voyait comme il s'était comporté ce matin, mais il n'en pouvait plus.
En sortant de sa douche, les cicatrices qui jonchaient son corps et qu'il essayait à chaque fois d'oublier l'avaient rappelé à l'ordre ; il avait eu l'impression qu'elles sortaient de sa chaire plus que de raison, comme des gonflements purulents. Ca lui avait fait ça au tout départ, mais ça faisait presque cinq mois qu'il n'y avait pas pensé, bien sûr que si il les voyait tous les jours, mais tachait de les ignorer… et ça avait marché, enfin jusqu'à aujourd'hui.
Il se laissa vomir de nouveau, cette fois seulement de la bile sortie, il n'en pouvait plus, sa gorge irritée était en feu, ses poumons n'avaient plus d'air, il se sentait mal, vraiment mal. Il se laissa aller en s'appuyant le long de sa baignoire, il avait l'impression que sa tête allait exploser…
Lyssia : ta faute Bosco, uniquement de ta faute…
Les rires de Paterson et de Lyssia devenaient plus présents dans sa tête, ils les revoyaient rire face à lui
Lyssia : Comment vas-tu bébé Paterson : J'ai toujours détesté les flics…. Lyssia : La douleur ne dure qu'un moment… Paterson : je commence à en avoir marre de lui
Tout se faisait désormais confus dans sa tête ; se mélangeant… La douleur, les joies, les rires, les peines, la frayeur, le mal sinueux et mesquin, il était complètement perdu dans ses émotions.
Il se releva tant bien que mal, et après avoir tiré la chasse d'eau il ouvrit l'armoire à pharmacie, juste à côté de son miroir. Il se regarda dedans, mais ne vit que Paterson et Melonni derrière lui, il ne se concentrait plus. La douleur le fit revenir à la réalité ; il regarda son petit doigt, il était toujours présent et pourtant, Bosco sentait une douleur lancinante à sa base. D'une main tremblante, il fouilla dans sa pharmacie, il n'arrivait pas à prendre les produits, il s'énerva et fit tomber l'étagère d'un geste brusque, toutes les boites tombant dans l'évier.
Bosco : MERD-E
Il commença à fouiller parmi les boites, puis retrouva les somnifères que lui avait prescris Hayes deux mois avant ainsi que ses anciennes pilules, celle d'avant son deuxième coma, datant d'avant cet incendie ou il avait eu envie de mourir. Il regarda et vit les trois nouvelles boites de pilules, celles prescrites pendant trois mois, une midi et soir, afin que sa jambe ne s'infecte pas. Il vit aussi une bouteille de Tylénol, il la prit puis alla déposer ses prises sur la table. Le Tylénol l'aiderait pour les mots de tête, et peut-être qu'une ou deux pilules l'aideraient pour la douleur… et les somnifères étaient justes là au cas où il ne trouverait pas le sommeil. Car le fait était qu'il était vraiment fatigué, et qu'il avait besoin de récupérer.
« Bosco »
Il entendit le doux murmure de Lyssia, pendant cinq minutes il l'avait oublié, mais elle venait de le ramener dans la dure réalité. Il n'en pouvait plus, il mit la musique à fond et alluma la télé, avant d'aller fouiller dans le meuble en dessous de son magnétoscope. Il vira quelques affaires avant de tomber sur une bouteille de Ballantin's, une de ces prestigieuses bouteilles de Whisky que l'on vous offre à votre anniversaire, et encore !!! Bosco se souvenait de cet anniversaire, cette bouteille, c'était sa mère qui lui avait donné, et il ne l'avait jamais ouverte depuis trois ans. Mais ce soir il n'avait plus que ça ; peut-être qu'un verre lui ferait oublier ses blessures, de toutes sortes qu'elles soient.
Il dévissa le bouchon de la bouteille sous les rires sous-jacents de Melonni et Rick, puis se versa un verre qu'il ne prit même pas le temps de déguster, il l'avala cul sec avant de s'en resservir un deuxième. Il s'installa sur son sofa, devant sa télé, avec son verre et la bouteille juste à côté de lui, puis n'y tenant plus, il ouvrit les boites de pilules une à une, comme à chaque fois, puis les déposa les unes à côtés des autres, et commença à verser une pilule de chaque boite dans sa main, afin de prendre le strict nécessaire. Il allait reposer la dernière boite lorsque son portable sonna, ce qui le fit sursauter. Il donna un coup de genoux dans la table basse en verre sur laquelle se trouvaient les médicaments ; tout tomba et se mélangea. Bosco jura entre ses dents. Quel crétin. Son portable continuait de sonner mais il fallait qu'il retrouve ses pilules anti-douleur et qu'il en prenne une, ça devenait urgent.
Il commença à trier les pilules mais ses mains se faisaient tremblantes et il commençait à suer. Les rires de Paterson et Melonni étaient toujours présents, sans qu'il puisse s'en débarrasser. Il but à nouveau une gorgée de whisky, puis s'énervant, cogna contre la table, faisant les pilules se mélanger une fois encore.
Bosco : PUTAIN !
Il se saisit de deux pilules et les avala avec le whisky, il n'en pouvait vraiment plus, il était à bout, il devait appeler quelqu'un, Faith ? Hors de question ! Elle devait être entrain de manger à cette heure et de plus elle avait sa famille. Le Docteur Brickman ? Il n'était pas là ! Ty ? Que pourrait-il bien lui dire : « Hé salut mon pote, je deviens fou t'aurais pas une idée ? » Non c'était stupide !
Il se leva mais fut prit d'un violent vertige qui le fit se rasseoir. Son mal de tête n'avait pas disparu, il se saisit de la bouteille de Tylénol puis en but une grosse gorgée directement au goulot avant de la refermer. Il espérait que ça l'apaiserait, il ne pourrait pas dormir comme ça. Il fallait qu'il réessaye d'avoir le médecin, il n'y avait que lui qui pouvait le calmer. Il se leva prudemment cette fois puis se dirigea vers le téléphone. Une boule s'était formée dans sa gorge, il ne se sentait pas si bien, mais en ce moment c'était monnaie courante. Lyssia et Paterson avaient disparu mais leurs voix étaient toujours présentes, comme dans un long murmure, et Bosco souffrait. Il composa le numéro de Brickman, il le connaissait par cœur, puis retourna se rasseoir sur le sofa. Ses yeux le démangeaient, ses oreilles bourdonnaient…
En attendant toute réponse, il reprit une des pilules se trouvant sur la table, le moindre de ses muscles le rappelait à l'ordre. Une nouvelle fois il attendit, une nouvelle fois il tomba sur le répondeur. Bosco était en larmes, complètement paniqué, perdu, seul…
… Laissez un message après le bip.
Bosco : Doc ? Doc t'es là… S'il te plaît décroche si tu m'entends…
Bosco faisait tout pour contenir ses sanglots et sa terreur mais il se lâcha.
Bosco : Doc… Hayes ! Docteur Brickman je vous en supplie ! S'il te plaît !... Je … je ne sais pas quoi faire ils sont … ils veulent me faire du mal je ne sais pas comment les en empêcher… Je ne suis pas fou Doc crois-moi… Tu… Vous… Aidez moi je vous en supplie !
Bosco raccrocha après avoir laissé le silence s'écouler, il ne savait plus s'il fallait dire « tu » ou « vous » il était seul, désormais.
Lyssia : Seul, comme toujours…
Bosco : Non ! Non vas t'en, vas t'en…
Il dit cela en pleurant et en se recroquevillant ! Puis il sursauta en avant et se reversa un verre de whisky avant de prendre une, puis deux pilules ! Il voulait que son mal de tête s'arrête, que les voix s'arrêtent, que les hallucinations s'arrêtent. Il voulait dormir ! Il n'avait que ça à faire
Lyssia : Continue mon amour, il n'y a que ça à faire !
Bosco : LACHE MOI
Lyssia : Je te promets de disparaître par la suite !
De colère, de rage, de haine et surtout de désespoir, Bosco fourra une poignée de pilules qu'il avala au goulot de la bouteille de whisky, puis recommença. Il se saisit de trois pilules qu'il fourra avec vigueur dans sa bouche avant de les avaler… Le whisky ne lui faisait plus rien, sa gorge ne le brûlait même pas, et son estomac ne disait encore rien. Alors il recommença, encore et encore, voulant fuir les bruits, voulant rester seul, désirant seulement dormir.
Puis soudain plus rien, sauf la musique et le bruit de la télé, il ouvrit les yeux, ses lampes étaient légèrement allumées, les pièces étaient tamisées, et lui était … SEUL ! Elle… Ils étaient partis, tous les deux ! Il regarda autour de lui, se redressant, puis sourit, il avait gagné ? En tout cas pour ce soir. Il s'affaissa dans son canapé pour regarder la télé, mais se sentit tout de suite bizarre. Il était encore malade, ça ne faisait aucun doute, sauf que cette fois…
Cette fois sa vision devenait floue… Il se redressa et se mit debout mais s'écroula aussitôt au sol, tout se déformait autour de lui. Il se sentait nauséeux, qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ? Il tenta de se relever mais ne pu que ramper pour prendre le téléphone. La lampe était plus grosse, difforme aussi, le téléphone avait l'air petit, gonflé…
Bosco secoua la tête et revint, péniblement et toujours en rampant jusqu'à son sofa. Il y monta avec grande peine. Son ventre le lacérait et sa gorge, qui était insensible deux minutes avant, était devenue irritée. Il ne s'était jamais senti autant fatigué de sa vie. Il fit tomber le téléphone, il se tourna sur le côté pour le ramasser et lorsqu'il se redressa, il comprit…
…Il venait de faire une bêtise, une grosse bêtise, sans doute la plus grosse et la dernière de sa vie. Sur la table basse devant lui qui avait regorgée d'une centaine de pilules dix minutes auparavant, qui formait comme un napperon, ne restait plus que quelques pilules parsemées à un bout et à l'autre de la table. Qu'est-ce qu'il avait fait ?
Ses yeux commençaient déjà à se fermer, et il se sentait si faible… Il composa le numéro du portable de Faith sans ouvrir les yeux, il avait tellement l'habitude…
Faith : Allô ?
***
Le Docteur Hayes Brickman montait quatre à quatre les escaliers. Il arriva à son bureau. Où est-ce qu'il pouvait être passé ?
Shawn : Tu l'as ?
Hayes : Deux secondes
Shawn : Papa presse toi !
Le médecin regarda son fils de 14 ans. Celui-ci trépignait d'impatience, c'était l'anniversaire de sa mère ce soir et dans leur famille c'était sacré. Il lui avait acheté un cadeau et mourrait d'envie de le lui offrir. Quant à son père c'était la même chose, à cela près qu'il avait perdu son cadeau !
Hayes : Shawn, chéri, regarde par là bas tu veux
Shawn : Ah les vieux ! Plus vous vieillissez moins vous avez de cervelle !
Il secoua la tête négativement puis se mit à chercher l'emballage rouge qui contenait le cadeau de son père. Hayes releva la tête puis commença à chercher dans les tiroirs de son bureau. Il se redressa et vit son répondeur. Il le mit en route… Deux messages !
« Doc c'est… c'est Bosco…j'espérai vous avoir ce soir mais… mais c'est loupé, hein ? »
Bosco commença à pleurer, Hayes l'entendit, il entendit les sanglots dans la voix du jeune flic ; il savait que celui-là ne l'appelait que s'il n'allait vraiment pas bien. Il sentit sa gorge se serrer, encore plus avec la deuxième partie du message.
« J'ai vraiment besoin de vous parler Doc… Je vous en prie ! »
Bosco lui paraissait ne pas aller bien. Il écouta le second message.
« Doc ? Doc t'es là… S'il te plaît décroche si tu m'entends… »
Hayes sentit la terreur dans la voix du policier, quelque chose qu'il n'avait jamais alors vu chez lui. Il commença vraiment à s'inquiéter.
« Doc… Hayes ! Docteur Brickman je vous en supplie ! S'il te plaît !... Je … je ne sais pas quoi faire ils sont … ils veulent me faire du mal je ne sais pas comment les en empêcher… Je ne suis pas fou Doc crois-moi… Tu… Vous… Aidez moi je vous en supplie ! »
Devant le trouble de son patient, le sang de Hayes ne fit qu'un tour. Sa voix, cette voix qui s'était affaiblie entre les deux messages ! Hayes avait déjà eu à faire à des patients dépressifs, et même si Bosco allait mieux, il ne pouvait que s'inquiéter pour ce jeune homme dont il s'était pris de sympathie. Il sortit son carnet et composa le numéro de Bosco. Il attendit… Occupé… Son sang bouillonnait à l'intérieur de lui. Peut-être était-il arrivé quelque chose au policier…
Shawn : Je l'ai !
Il arriva en vainqueur, brandissant le cadeau. Devant l'interdit de son père et son manque de réaction, Shawn s'approcha.
Shawn : Papa ? Tu vas bien ?
Hayes : Oui… Ecoute reste ici je dois aller voir quelqu'un, je vais appeler Betti elle va venir te chercher.
Shawn : Mais…
Hayes : T'en fais pas je ne serais pas long… Il embrassa son fils sur le front… Je reviens
Il s'en alla dans les escaliers en courant, le portable à l'oreille.
Shawn : Et l'anniversaire de maman !... Pfou les vieux tous les mêmes !
***
Faith décrocha son portable lorsqu'elle entendit la deuxième sonnerie. Elle reconnue le numéro de Bosco. Elle était en pose repas, avec Sully, Ty, Alex, Carlos, Kim, Doc, Jimmy, et certains autres pompiers.
Chacun s'arrêta de rire et le silence se fit lorsque Faith décrocha.
Faith : Allô ?
Bosco : Fai…Faith…
Faith : Bosco ?
Sa voix était lente, molle, sans vie, sans expression. Faith sentie la panique monter, ce n'était pas comme s'il avait bu, non, c'était autre chose. Mais quoi ?
Faith : Bosco qu'est-ce qui se passe ? Tu as bu ?
Les autres regardèrent Faith, inquiets. Ils savaient que Bosco avait besoin d'aide.
Bosco : Je… je suis désolé…
Faith : Bosco, pourquoi ?
Bosco : Pour tout… Po… Pour avoir gâché…ché toute ta v… toute ta vie.
Faith : Mais de quoi tu parles tu n'as rien gâché du tout ! Dis moi ce qui se passe.
Bosco : je… tu seras tranquille dé… désormais…
Faith : QUOI ?
Les autres la regardaient anxieusement. Son sang ne fit q'un tour, elle savait que quelque chose n'allait pas avec son ami.
Bosco : Faith…
Faith : Oui ?
Bosco : Je… Je crois que… que j'ai fais une bêtise !
Faith comprit à ce moment là, elle sauta de sa chaise.
Faith : Bosco ? Bosco t'es toujours là ?
Bosco : Ou…Ouais
Faith : Parle moi d'accord, on arrive ! Reste avec moi, parle moi
Bosco : F… Faith ?
Faith : Oui ?
Bosco : J'ai tout gâché, hein ?
Ty : Qu'est-ce qui se passe !
Faith : Doc, je crois qu'il… qu'il
Doc : Qu'il quoi ?
Faith : Qu'il tente de se suicider
Un « QUOI » retentit.
Doc : Passe moi ça !
Faith lui passa le portable.
Doc : Bosco ?
Bosco : Doc ?
Doc : Oui, c'est bien, qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce que tu nous fais là
Bosco : Je… pilule…
Doc : T'as pris des pilules ?
Bosco : Ouais !
Doc : Combien…
Silence.
Doc : Combien Bosco !
Bosco : je… je sais pas… je sais plus… c… c'était contre eux….
Doc sentait que la voix de Bosco devenait de plus en plus faible à chaque fois. Et cela l'inquiétait. Il aimait bien ce jeune, il avait traversé des épreuves horribles, bien pires que beaucoup de personnes en toute une vie ; et il avait appris à découvrir certains de ses côtés qu'il ne pensait pas pouvoir exister… Et pourtant.
Doc : On arrive ! D'accord ? Tiens le coup Bosco !
Doc redonna le portable à Faith.
Doc : Monte avec moi ! Et tiens le éveillé ! C'est très important !
Chacun se leva précipitamment et se dirigea vers son véhicule de service. Même les pompiers y allèrent. Tout le monde démarra, Faith tenait Bosco au téléphone du mieux qu'elle pouvait, tandis que Doc conduisait à toute vitesse. Carlos était monté avec Gusler.
Faith : Bosco ? T'es toujours avec moi partenaire ?
Bosco : J'ai… j'ai mal Faith, j'ai mal
Faith sentit son cœur se briser aux paroles de son ami.
Faith : Je suis bientôt là, accroche toi !
Bosco : J'en peux plus… fatigué
Faith : Non BOSCO !
Doc tourna la tête vers Faith, elle lui rendit un regard.
Doc : Non, non, non, il n'a pas le droit de renoncer, pas maintenant, pas après tout ce qu'il a vécu. Il s'est tiré de tout ! Bosco écoute moi espèce d'andouille me fais pas ce coup là !
Doc hurlait dans l'ambulance. Faith sentit les larmes monter. Son partenaire, son meilleur ami lui disait adieu. Mais qu'est-ce qu'il lui était passé par la tête ? Elle aurait dû savoir, ce matin il n'allait pas bien, elle aurait dû prévoir !
Faith : Boz ? Ca va aller, tu m'entends ?
Bosco : Non… Faith…Pl…Plus jamais ça n'ira… y'a que… que ce moyen
Faith : Non, non, non, si on cherche je suis sûre qu'on va trouver quelque chose, mais Bosco ne me fais pas ça, j'ai besoin de toi, Boz.
Bosco : Je…l'ai pas fais exprès… Pardon !
Sa voix s'affadissait. Faith l'entendait à peine. Bosco pleurait, elle pouvait le dire. Elle-même se laissait aller. Doc roulait aussi vite qu'il pouvait. Ils étaient presque chez lui.
Faith : Bosco tu te rappelles cette promesse que tu m'as faite ? Tu m'as dit que jamais tu ne me laisserais seule, Boz, tu es comme un frère pour moi, tu m'as dit que tu serais toujours là pour me protéger, et tu as toujours tenu tes promesses, alors je t'en prie Bosco, tiens celle là. Une fois de plus, je t'en prie.
Bosco : De toutes les choses qui… qui me sont arrivées dans la vie… tu en es la plus belle !
Faith se mit à pleurer plus durement. Elle entendit un soupire suivit d'un murmure dans le téléphone… Son ami venait de lui dire au revoir.
Bosco lâcha le téléphone, qui tomba à terre, puis ferma les yeux.
Faith : Bosco ? BOSCO ? Réponds moi ! Oh mon Dieu ! DOC !
Doc : On y est presque…
Hayes descendit de sa voiture et se mit à courir vers l'entrée de l'immeuble de son patient. IL sonna au nom de Maurice Boscorelli mais personne ne répondit.
Hayes : Hé merde ! Allez Maurice ne me fais pas ça !!!
Un homme descendit et sortit de l'immeuble, Brickman en profita pour se jeter à l'intérieur. 2èeme étage, Bosco habitait au deuxième étage. Hayes ne voulait pas prendre le risque de prendre un ascenseur qui tombe en panne, il se mit à gravir les escaliers.
Doc arrêta l'ambulance précipitamment, Alex, dans celle de derrière, fit exactement la même chose, tout comme les pompiers et les deux patrouilleuses. Les secouristes prirent leurs affaires, et les huit amis entrèrent dans le hall de l'immeuble dont la porte était restée ouverte, puis ils s'engagèrent par les escaliers à vive allure.
Ils arrivèrent et purent voir un homme frapper violemment à la porte de Bosco. Faith le reconnu. Elle se précipita vers lui.
Faith : Dr Brickman
Hayes : Officier Yokas
Faith sentie son sang ne faire qu'un tour
Faith : Qu'est-ce que vous faites là
Hayes : J'ai fermé plus tôt ce soir, je suis retourné au bureau et j'ai entendu deux messages de Maurice sur mon répondeur, il n'avait pas l'air d'aller bien, je me suis précipité ici mais il ne répond pas.
Jimmy, DK et Walsh s'avancèrent vers la porte.
Jimmy : Poussez vous
Les autres s'exécutèrent, les pompiers fracassèrent la porte. Chacun entra, Faith la première. Ils avancèrent de quelques pas dans l'appartement.
Kim : Bosco ?
Jimmy : Boz !
Ty : Tu es là ? Répond
Sully : Aller !
Ils continuèrent à regarder autour d'eux, puis se dirigèrent vers le salon. Chacun s'arrêta net.
Faith : Non !
Elle se précipita vers le corps de son ami puis s'agenouilla près de lui, Doc à ses trousses.
Faith : Oh mon dieu non, non !
Doc : Faith !
Faith : NON !
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