Après plus de 8 mois d'attente, le jour J est enfin là ! Je commençais à penser qu'il n'arriverait jamais ! J'ai même du mal à y croire. C'est aujourd'hui que le rêve commence ...
Il est 5h30, le chant du coq me réveille et me rappelle que je suis encore en France. Quelques secondes plus tard, je me rends compte que je suis chez Christine et que c'est aujourd'hui que nous partons. Je me rendors et 2h30 plus tard, ce n'est pas le coq mais Liza Minelli qui me réveille en chantant « New York, New York » à tue-tête via la sonnerie de mon téléphone portable. J'ouvre la porte de la chambre et je tomber nez à nez avec Christine, fraîchement réveillée elle aussi mais avec déjà le sourire jusqu'aux oreilles. « Aaaaaaah, c'est aujourd'hui qu'on va à New Yoooooork !!!! » Pas le temps de rêvasser, il faut se préparer.
10h – Après avoir chargé les valises dans le coffre de la voiture, nous prenons la direction de l'aéroport de Roissy – Charles de Gaulle. 30 minutes plus tard, nous nous garons face au terminal 2A. Nous descendons les valises et entrons dans l'immense bâtiment. C'est parti pour toute une série d'enregistrements et de contrôles de bagages.
En attendant de pouvoir enregistrer nos valises, deux personnes fouillent nos bagages cabines, quelques questions du style : « Transportez-vous des objets tranchants, de la nourriture, des produits liquides ... ? ». Non, non, excepté les sandwichs que nous avons prévus de manger en attendant de pouvoir embarquer.
Deuxième étape : l'enregistrement des valises. Nous plaçons tour à tour nos valises sur la balance. La limite est de 2 fois 23 kg par personne. Tout va bien, ma première valise pèse 15 kg et l'autre : 16 kg. Ca laissera un peu de marge pour ramener des souvenirs ! L'hôtesse accroche les étiquettes sur les valises et on les regarde partir sur le tapis roulant en priant pour qu'elles arrivent à la bonne destination.
Nous continuons notre parcours qui nous mène jusqu'à un contrôleur qui nous dit que toutes les bouteilles d'eau doivent être jetées à la poubelle avant de passer à la douane. Bien obéissantes, nous jetons à contrecœur notre bouteille d'eau pleine et passons notre chemin.
Le passage à la douane se fait rapidement. Un simple coup d'œil sur le passeport et le billet d'avion avant de passer aux rayons X. Je dois sortir Boscordi de son sac et le placer à part dans un autre bac. Après quoi, une autre personne fouille les sacs à dos une nouvelle fois.
La série de contrôles semble terminée, nous nous dirigeons vers la salle d'embarquement A43, et nous nous installons près de la baie vitrée avec vue directe sur les pistes. Nous commençons à manger nos sandwichs préparés le matin même, mais un peu d'eau nous aiderait à faire passer le tout. Christine décide d'aller acheter une bouteille au duty-free... 3€60 la bouteille d'un litre, on s'en souviendra !! A ce prix là, on prend soin de la déguster !
Nous finissons notre repas, tout en regardant notre avion, en provenance directe de Bombay, se placer face à la porte d'embarquement. Un superbe Boeing 747-400 aux couleurs d'Air India.
Le rêve que j'ai fait, il y a maintenant 8 mois est en train de devenir réalité. Nous sommes au beau milieu de l'aéroport de Roissy, et sur nos sacs à dos est écrit « Destination : New York City » !
Il est déjà 13h45, c'est l'heure d'embarquer. On donne notre billet à l'hôtesse qui, une fois passé dans sa machine, en ressort largement diminué. On entre dans le couloir et là, il y a toute une armada d'agents de sécurité. Les premiers nous font quitter nos chaussures pour vérifier qu'il n'y a rien de caché à l'intérieur. Les seconds re-vérifient (pour la quatrième fois) nos sacs à dos. Lesquels nous reprendrons notre fameuse bouteille d'eau payée si chère et à peine entamée, prétextant que les bouteilles achetées à l'aéroport sont acceptées à bord, sauf sur ce vol ! Comme par hasard ... Ils vont même aller jusqu'à ouvrir la petite boite en métal contenant mes cartouches d'encre « Poussière de lune » ! Et enfin, les troisièmes et derniers agents nous fouillent des pieds à la tête.
Nous nous retrouvons maintenant devant la porte qui mène à l'avion, au-dessus de laquelle s'affiche le numéro « 055 », nous sommes sur la bonne voie !
L'hôtesse en sari (vêtement traditionnel Indien) et le commandant de bord nous accueillent et une autre hôtesse nous aide rapidement à nous installer et à placer nos sacs dans les compartiments.
Les sièges sont répartis de la façon suivant : 5 places au milieu et 2 places de chaque coté. Sur notre billet, on nous a indiqué les numéros 25H et 25J. Les lettres ne se suivent pas mais nous sommes quand même côte à côte : à tribord, juste au-dessus de l'aile et à coté de la vitre !
Une grande majorité des passagers est d'origine indienne et la plupart des femmes sont aussi vêtues de saris. Par moment, on se demande si c'est le bon avion. Allons-nous vers New York ou New Dehli ??!
Nous découvrons petit à petit cet espace restreint que nous allons occuper pendant les huit prochaines heures. Les sièges sont assez rapprochés mais quand même pourvus d'écrans individuels. La traditionnelle pochette au dos de chaque siège contient les choses habituelles à chaque vol : revue sur la compagnie aérienne, consignes de sécurité ... le tout écrit en anglais et en hindi. Même le VomitoBag a des allures de palais royal indien !
14h15 – L'avion n'a pas encore décollé mais on nous sert déjà une première boisson : un jus d'orange.
14h35 – Les réacteurs se mettent en route, l'avion commence sa manœuvre, il recule puis s'avance sur la piste en suivant les autres mastodontes de fer prêts à s'envoler dans les airs.
14h55 - C'est notre tour, les réacteurs s'accélèrent, la pression monte, l'avion s'élance sur la piste à une vitesse impressionnante, nous sommes scotchées aux sièges. La piste semble tellement longue, on se demande si ce monstre d'acier va réussir à décoller ! On ressent un petit sursaut et ça y'est l'avion quitte le sol. C'est parti pour l'ascension jusqu'aux nuages. La terre s'éloigne petit à petit, le paysage vu d'en haut est magnifique. L'immense patchwork formé par les champs s'étend sur des kilomètres et les villes ne paraissent plus si grandes.
En quelques minutes, nous sommes déjà dans les nuages (dans tous les sens du terme !).
Le commandant de bord autorise les passages à détacher leurs ceintures et les hôtesses commencent à servir une première collation : une boisson fraîche au choix et un petit paquet de cacahuètes.
16h05 - On reçoit une petite carte indiquant les menus du jour (végétarien ou non ):
- Salade fraîche de saison
- Murg Makhani (Succulents morceaux de poulet dans une sauce avec tomates) (Ca c'est leur description du plat ! ...)
- Riz pilaf et légumes épicés
- Gajar Halwa (Sucrerie indienne aux carottes et aux noix)
Un quart d'heure plus tard, on reçoit notre plateau.
La salade de saison est composée d'une demi-tomate, 3 rondelles de concombre et 2 brins de carottes qui se battent en duel.
Le Murg Mahkani est en fait un genre de purée de poulet ultra épicée qui nous a subitement réchauffées dans cet espace tant qu'assez climatisé.
Les légumes épicés sont ... effectivement bien épicés !
En dessert, le Gajar Halwa ressemble un peu à un brownie dont on aurait rajouté une très forte dose de colorant orange (normal puisque c'est à base de carottes !).
Le plateau est accompagné d'une timbale d'eau, d'un petit pain, d'une portion de beurre Président, d'un peu de sauce et d'un fromage blanc nature.
Pour les couverts, on nous donne une fourchette en métal (style fourchette de bébé) et un couteau en plastique qui ne coupe pas. Pour éviter qu'un petit barbu ne s'invite dans le cockpit équipé d'un couteau qui coupe !
Après le repas, la plupart des passagers ont tendance à se laisser porter par le bourdonnement des réacteurs et finissent par s'endormir. Et c'est ce que Christine est en train de faire depuis presque une heure déjà. Je reste éveillée à contempler le spectacle qu'offre cet immense désert blanc et cotonneux qui s'étend sous nos pieds. Des cristaux de glace commencent à se former sur la vitre. Il ne doit pas faire très chaud là dehors ! Mais impossible de savoir à quelle altitude nous sommes, ni à quelle vitesse nous volons, l'écran refuse d'afficher la carte ni les informations de vol. Seules quelques vidéos sont proposées : des films en hindi et un film américain qui commence d'ailleurs très bien puisqu'il montre un hélicoptère en détresse se crashant dans un lac au milieu de nulle part ! Très rassurant pour des spectateurs qui sont justement à bord d'un avion au-dessus de l'Atlantique ! Je me laisse finalement, moi aussi, glisser tout doucement dans les bras de Morphée.
20h30 – Après une bonne dose de lassitude et un testage du pipi-room en plein vol, les passagers se réveillent doucement. Les hôtesses s'activent, un nouveau repas va être servi. Cette fois-ci le plateau sera composé d'un ciabattia aux légumes grillées, d'un petit pain garni de fromage frais aux herbes, d'une mini tartelette à l'abricot, d'une timbale d'eau et d'un café. Tout en dégustant ces gourmandises, l'écran propose sur une des chaînes, la version indienne de l'émission « A la recherche de la nouvelle star » ! Folklorique !
Les hôtesses commencent à distribuer les cartes de débarquement, à remplir et à donner à la douane à notre arrivée. Des questions basiques comme « Nom, Prénom, Adresse ... » mais aussi « Etes-vous un criminel ? Êtes-vous handicapé mental ? Êtes-vous un terroriste ? ..... » Et en bas de la feuille, il est précisé : « Si vous avez répondu oui à une ou plusieurs des questions ci-dessus, veuillez contacter l'ambassade des Etats-Unis avant votre voyage »...
21h45 – Les oreilles se bouchent, nous perdons progressivement de l'altitude, l'avion entame une longue série de virages pour descendre lentement vers la terre promise. Impossible de savoir où nous sommes, le ciel est couvert de nuages qui deviennent de plus en plus noirs et menaçants au fur et à mesure que l'on descend. Sous nos pieds se dessine petit à petit le sol du New Jersey. Je cherche, en vain, la skyline de Manhattan. Je m'imaginais pourtant survoler les buildings à notre arrivée. Mais les seules choses que je puisse apercevoir sont les larges autoroutes, les énormes camions américains et les rues bordées de petites maisons toutes similaires. Et déjà l'avion touche la piste de l'aéroport de Newark. L'atterrissage se fait en douceur. En quelques secondes seulement, nous sommes déjà presque à l'arrêt. Nous attendons quelques minutes, le temps que l'avion se place face à la porte de débarquement.
23h00 (16h00 heure locale) : Un dernier au revoir aux hôtesses et nous entrons au cœur du grand aéroport international de Newark – Terminal B. Un petit arrêt par les toilettes de l'aéroport avant d'entamer la longue file d'attente à la douane. Et là, première confirmation que nous sommes bien en Amérique : les portes des toilettes qui ne vont pas jusqu'en bas ! Ca n'a l'air de rien mais c'est vraiment typique des Etats-Unis !!
Nous sortons des toilettes et suivons la file d'attente pour passer à la douane. Arrivées en face de la petite cabine, l'agent, lassé de poser toujours les mêmes questions (pourquoi vous venez ici ? Pour combien de temps ? Êtes-vous déjà venus aux Etats-Unis ?...) nous prend nos empreintes et nous prend en photo avec sa webcam., avant de nous laisser partir.
Quelques mètres plus loin, les agents vérifient aux rayons X le contenu de nos bagages, une nouvelle fois. La batterie de test semble finit. Il ne nous reste plus qu'à trouver le bureau « Ground Transportation », là où on est censé attendre le shuttle. Celui ci nous indique la porte 7, au sous-sol. A peine le temps de s'asseoir qu'il est déjà là !
Nous poussons la porte vitrée de l'aéroport pour sortir et là, surprise, il fait une chaleur étouffante dehors ! On ne s'attendait pas à ça !!
Le conducteur du shuttle ‘jette' nos valises à l'arrière et nous montons à bord du minibus déjà rempli par 5 autres passagers. Il fait quelques mètres puis s'arrête au terminal suivant pour prendre une dernière personne. Là, on baigne déjà dans la vie new-yorkaise : les gros 4x4, les taxis jaunes et les flics dont une ressemble un peu à Yokas et avec la même manie : poser son coude sur son ceinturon !
C'est parti ! Direction Manhattan !!! On emprunte les autoroutes du New Jersey, le paysage n'est pas très attirant mais on aperçoit déjà au loin les grands buildings. Puis on passe sous l'Hudson River en traversant les 2.5 km du Lincoln Tunnel. Et à la sortie, c'est comme un rêve ! On débarque au beau milieu des buildings, des lumières partout, les taxis jaunes qui klaxonnent, les grandes avenues ... Incroyable ! Tout semble si irréel ... Des images plein les yeux, l'Empire State Building qui se laisse apercevoir entre deux autres bâtiments, plus loin on devine le Time Warner Center et en tournant la tête, on est sous le charme du Chrysler Building. Les rues de Manhattan étant en sens unique, on a l'impression que le shuttle fait tout un tas de détour dans la ville. Il tourne à gauche, remonte la 8th avenue puis tourne à droite et on se retrouve en plein Times Square, les publicités gigantissimes clignotent de tous les cotés, on ne sait plus où donner de la tête ! A-t-il fait un détour exprès pour épater nos yeux de touristes fraîchement débarqués où est-ce vraiment le bon chemin ?? ... Il continue sa course, puis s'arrête devant un immeuble de la 34th St. Tout le monde se regarde mais personne ne descend. Le chauffeur ne comprend pas, il demande à tout le monde les adresses, mais aucune ne correspond à cet endroit. Apparemment c'était pour nous mais il a dû se tromper en notant l'adresse dans ses papiers. Tsss ... Il continue son parcours et finit par nous déposer au bon endroit, c'est à dire au n° 303 de la West 30th Street, au pied de notre auberge : Manhattan Inn Hostel. Le chauffeur nous aide à descendre nos valises, empoche le pourboire et remonte aussi sec dans son bolide.
Nous entrons dans l'auberge pour le check-in (check-in quand on arrive et check-out quand on part). Là, on nous demande les papiers confirmant la réservation par internet et notre passeport. On paie pour les 14 nuits à venir, auquel il faut ajouter un billet de 10$ pour la caution de la clé. Nous avons la chambre n°406 au 4th floor, (c'est à dire au 3 ème et dernier étage puisqu'aux Etats-Unis le rez-de-chaussée compte pour un étage.)
Le check-in terminé, il nous faut nous armer de courage pour monter nos trois énormes valises au 3 ème étage ! Trois étages plus loin, nous voilà enfin devant la porte de la chambre. Celle-ci n'est pas très grande mais bon pour le prix, on ne s'attendait pas à un palace non plus ! Et puis, on est à New York, on est pas là pour dormir ! La chambre est climatisée et est équipée d'un lit superposé, d'une demi-penderie sur laquelle est posée une vieille télé couleurs et un magnétoscope. Sous la fenêtre : une petite table de chevet avec un téléphone, les pages jaunes de Manhattan et ... la Bible ! Une porte sépare la chambre de la salle de bains équipée d'une douche (avec pommeau de douche fixe, pas facile !), d'un tout petit lavabo (à peine plus grand qu'un lave-mains) et des toilettes.
Après avoir fait le tour de la chambre (c'est vite fait !) et tester un peu les matelas, comment résister à l'envie de sortir marcher dans les rues de New York ?! Nous y sommes enfin, profitons en dès les premières minutes !
Et nous voilà déjà en bas de l'immeuble, libres d'aller où bon nous semble ! Nous tournons à gauche et remontons la 8th avenue, première surprise : l'énorme bâtiment abritant La Poste est recouvert d'échafaudages et de bâches pour cause de travaux ! Mais contrairement à La Poste Française, celle-ci est tout de même ouverte 24h/24h et 7j/7 !! Nous passons devant le gigantesque Madison Square Garden (là où se déroulent la plupart des matchs de baskets et les plus grands concerts de NY). Nous croisons un sympathique new-yorkais à vélo qui prend la pose pour qu'on le prenne en photo. Mais derrière l'immense bâtiment de Penn Station se dévoile le plus beau et le plus grand de tous les buildings new-yorkais : l'Empire State Building ! Dont la pointe est entièrement illuminée de blanc. Tels des moustiques attirés par la lumière, nous ne pouvons résister à l'envie de s'en approcher ! Nous tournons donc à droite pour longer la 34th St jusqu'au fameux édifice. D'en bas, il parait tellement haut qu'il m'en donne le vertige ! Il est déjà plus de 3h du matin en France, la fatigue se fait ressentir. Nous descendons la 5th avenue et tournons à droite sur la 30th st pour rejoindre notre auberge.
Nous nous écroulons de fatigue sur nos lits, et nous nous endormons rapidement malgré les bruits de la rue et l'émotion de passer une première nuit dans cette ville tant espérée.
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