- Episode 9 -

 

Une lumière blanche et violente se glissait sur les draps de la jeune femme. Des gouttes de transpirations coulaient le long de ses joues. Elle ne pouvait s'empêcher de bouger et de geindre. Son lit, sans doute trop bordé l'empêchait de respirer. Elle ne savait pas si elle s'étouffait dans son cauchemar ou si c'était réel. Elle ouvrit donc brusquement les yeux et fixa le plafond. Elle souffla puis posa sa man droite sur son front. Elle descendit de son lit et se dirigea vers la fenêtre. Il faisait si sombre et pourtant si jour. Un hiver glacial et imminent était annoncé par ce brouillard épais qui recouvrait New York toute la journée. Où était le soleil ? Où était la douce lumière qui rassure et qui réchauffe ?  
Cruz prit une veste qu'elle avait posé la veille sur une chaise près de son armoire et la mit sur ses épaules. La jeune femme ce matin là fut cependant surprise par une chose, elle n'avait pas de nausée. Le paysage, alors, de ces immeubles lugubres qui s'élevaient vers un ciel blanc, lui paraissait somptueux. Tel un spectacle, elle le contemplait et ne pouvait s'empêcher de songer « ce matin…je n'ai pas mal. »    

55Dany.
Cruz conduisait tandis que London faisait son monologue.
« Hier…c'était Thanksgiving Cruz ! » dit l'officier.
-Je sais. Répondit Maritza.  
-Et bien….qu'avez-vous fait ?  
Cruz s'arrêta à un feu rouge tout en répondant :
-Rien. C'est pas important.
Un silence s'installa jusqu'à ce que le feu ne passe au vert.    
-Vous ne me demandez pas ce que j'ai fais ? s'informa London.
Cruz sourit et regarda sa partenaire.
-T'allais me le dire de toute façon. dit-elle.
Elisa fit un large sourire. Les différents que les deux jeunes femmes avaient eu depuis l'incident d'Halloween semblaient s'être dissipés. Toutes deux semblaient en effet faire comme si rien ne s'était passé. Elisa n'avait donc jamais été agressé, et cette dernière ne pensait pas son équipière gravement malade.  
Cet oubli volontaire rassurait Maritza car elle savait combien une agression pouvait traumatiser l'esprit d'un flic et d'une jeune femme. Le simple fait de l'enfouir au fond d'elle aiderait sans doute London à aller de l'avant. Seulement Cruz n'était pas dupe. Elle savait que cette tactique d'ignorance serait bénéfique un temps, jusqu'à ce qu'un événement ultérieur se fasse resurgir les vieux démons de sa partenaire. Et au moment où cela arriverait, il faudrait qu'elle soit près d'elle pour la soutenir.  
« Très bien ! dit London d'une voix enjouée. Je vais vous raconter mon Thanksgiving ! Comme vous le savez, mes parents et ma sœur sont venus passer quelques jours ! Ils sont repartis ce matin.  Hier, ma mère et moi nous nous sommes levés à 5h du matin pour préparer le repas! Chez moi c'est traditionnel ! Je me charge de la soupe à la citrouille et de la purée de patate douce, ma sœur a toujours fais la tarte aux châtaignes et la gelée de canneberges ! C'est ma mère qui se charge de la dinde ! Je suis végétarienne »
Cruz se mit à sourire.
-Et ton père est allé chasser la dinde à Central Park !dit-elle.
Elisa fronça les sourcils.
-Vous moqueriez-vous des traditions Cruz ?    
-Tu sais London, moi les jolies petites fêtes qui cachent un génocide….c'est pas trop mon truc !
London regarda la route et dit en faisant un drôle d'air :
-Vous n'avez pas vraiment de truc…n'est-ce pas ?

« Centrale à 55 Dany, une voiture de patrouille est demandé au nord de la 108ème. Un homme à priori non armé bloque la circulation. »
Cruz se munit de a radio :
  « 55 Dany à Central, on y va tout de suite ! »
Cruz alluma le gyrophare et tourna la tête vers London.
-C'est ça mon truc ! rétorqua-t-elle en souriant.  
-Je suppose que ça peut en effet être considéré comme….un truc ! dit lentement London.  

Une fois arrivé sur les lieux, les deux officiers furent guidés par une vielle  femme qui les emmena au milieu de la route. Les klaxons hurlaient et les conducteurs énervés sortaient de leur voiture. Cruz et London marchèrent jusqu'à ce qu'elles ne penchent la tête vers le sol. Au milieu de l'avenu, un homme était couché et avait les yeux fermés. London se mit subitement à genoux près de lui tandis que Cruz levait les mains en l'air pour calmer les automobilistes.
« C'est quoi ce mec au milieu ! s'exclama un homme. Virez le c'est votre boulot ! »
-Est-ce que quelqu'un a appelé une ambulance ?! hurla Cruz.  
-Cruz ? dit doucement Elisa. Je crois que ça n'est pas nécessaire !
Marirtza s'agenouilla près de son équipière.
-Il est mort ? demanda-t-elle.
London, qui regardait l'homme d'un dôle d'air se retourna vers sa coéquipière et dit doucement :
-Non….il prie.

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Cruz, qui pensait avoir mal entendu à cause des bruits que faisaient les automobilistes en colères se pencha un peu plus vers London.
« Tu peux répéter ? » dit-elle.
Elisa, gênée se retourna vers sa partenaire et murmura :
-Je crois…qu'il prie.  
Maritza leva les yeux au ciel et se leva. Elle se mit face à la file de voiture et hurla :
« Ecoutez ! Le problème va être réglé le plus vite possible….. ! »
-Ca veut dire quoi « le plus vite possible ? » coupa l'un d'entre eux.  
-Je vois pas vraiment ce que vous n'avez pas pigé dans ma phrase ! dit la jeune femme.
-C'est qui ce mec ? demanda un autre conducteur à propos de l'homme couché sur la route.
Cruz ne répondit pas mais murmura en se retournant vers sa partenaire :  
-Encore un ahuri !
Tandis que Maritza s'efforçait de calmer une foule de New Yorkais pressée, London, elle, tentait d'établir le dialogue avec l'homme aux pratiques étranges. Accroupie près de lui, elle le regardait tandis qu'il gardait les yeux fermés. Timidement elle demanda :
-Comptez-vous partir d'ici monsieur ?
-Non. Répondit-il sèchement sans ouvrir les yeux.      
Elisa baissa la tête. Le jeune officier n'avait pas l'habitude de ce genre d'opération. Elle décida donc d'établir un contact pour ne pas faire de vague.  
-Pourquoi faites-vous cela ?demanda-t-elle.
-Ca vous intéresse vraiment ? dit l'homme.
-J'imagine que si ce n'était pas le cas, je ne vous poserais pas la question. Fit Elisa.
-C'est juste. Dit-il.  
-Alors ?redemanda l'officier.
L'homme hésita un moment, comme si ce qu'il faisait était une sorte de secret bien gardé et personnel. Il ouvrit les yeux et regarda ceux de l'officier. Après quelques secondes de silences, il répondit simplement:
-Je fais de l'art.  
London qui ne semblait pas comprendre où le jeune homme voulait  en venir dit bizarrement.
-Vous faite de l‘art.  
-Oui ! Ca vous étonne ? demanda-t-il toujours sans bouger.
L'officier fit une petite grimace.
-Monsieur, dit-elle. Sans vouloir vous offenser….vous êtes couché au milieu d'une route.
L'homme se mit à rire.  
-Vous faites sans doute partit de ces gens qui pensent que l'art se limite aux belles peinture n'est-ce pas ? demanda-t-il.    
London ne répondit pas et tourna la tête pour regarder sa coéquipière qui était entrain de se disputer bruyamment avec un automobiliste.
-Ce que je fais, dit l'artiste à l'officier qui se retourna vers lui, s'appel une performance. J'ai besoin d'un public et mon corps est au centre de l'oeuvre.  
-Ecoutez, dit Elisa, sur un ton gêné, je ne doute pas de la crédibilité de vos démarches artistiques mais là…vous bloquez la circulation.
-Je sais. Dit l'homme en regardant le ciel. C'est ma motivation ! Bloquer la légendaire panique new yorkaise par un élan de spiritualité.
-C'est pour cette raison que vous priez ? demanda l'officier.  
L'artiste tourna son regard vers elle et fit un petit sourire.  
-Vous êtes perspicace ! dit-il.
-Monsieur….commença Elisa.
-Marc…. Anderson.  
-Monsieur Anderson. Je suis heureuse que vous me trouviez perspicace et sans doute aussi compréhensive, seulement si vous ne partez pas tout de suite, ma coéquipière qui est là bas… vous ne la voyez pas puisque vous êtes couché…
-Je l'entend parfaitement ! fit-il en souriant. Votre amie fait plus de bruit que tous les automobilistes réunis.  
-Et bien sachez que vous n'avez encore rien entendue. Comme je le disais, moi je suis peut-être patiente, mais si ma partenaire vient prendre le relais, on vous emmènera certainement au poste de police.  
L'artiste sourit de plus belle.
-Elle est sympathique votre amie !dit-il sur un ton ironique.
-Elle est…nerveuse.
La conversation fut coupée par Maritza qui demanda brusquement à London :
« Il compte camper là l'ahuri ? »
  -Bonjour ! fit Marc à Cruz, tout sourire.
Cruz ne lui répondit pas et attrapa London par le bras droit. Après l'avoir incité à se lever elle dit :
« Pourquoi il est toujours là ?! »
-C'est…un artiste.
Cruz se passa nerveusement la main dans les cheveux et rétorqua :
-Tu te fous de moi ? La 108ème est bloqué à cause de lui London ! Je peux m'en charger si tu veux !
Elisa accepta à contre cœur car elle se savait incapable de faire bouger l'homme d'un poil. Maritza s'accroupie et fixa Marc Anderson.
« C'est vous l'amie nerveuse n'est-ce pas ? » demanda-t-il en lui souriant.
Cruz tourna un peu la tête pour faire comprendre à Elisa de s'occuper des automobilistes, ce qu'elle fit tout de suite. L'officier regarda ensuite Anderson et lui sourit d'un air mesquin avant de demander à son tour :
-C'est toi le co.n qui emm.erde NY depuis environs une demi heure ?!  
-Les new yorkaises sont vraiment marrantes ! dit-il en regardant le ciel.  
Cruz bassa la tête en disant :
-Tu sais l'artiste –parce qu'il paraît que t'es un artiste- ma coéquipière et moi on peut tout aussi bien se barrer et te laisser entre les mains des centaines de malades qui veulent juste traverser la ville et qui ne peuvent pas à cause de toi !
-Vous ne le faite pas parce que vous auriez des états d'âmes n'est-ce pas ? demanda Marc.
Cruz leva les yeux et fit un grand sourire.
-Détrompes toi ! dit-elle sèchement. Si je ne le fais pas c'est parce que j'ai cette saleté d'uniforme  sur le dos et qu'il m'oblige à être politiquement correcte. Mais comme ma partenaire a apparemment du te le dire, je suis pas quelqu'un de très patient ! Là bas, dit-elle en montrant les voiture d'un signe de tête, dans une vielle Ford, il y a un champion de boxe. J'ai un peu discuté avec lui et pendant que tu racontais ta vie à mon équipière il m'a dit qu'il te ferait bien dégager lui-même et qu'après, les flics n'auraient plus qu'à t ramasser à la petite cuillère !  
-Dans ce cas, vous n'oseriez pas me laisser ! dit-il, avec un regard étrangement fasciné.
Cruz se rapprocha du visage de Marc et murmura d'une voix crispée:
-A moi, ça me fera moins de boulot alors je vais pas me gêner !
Après quelques secondes de silences, et de réflexion, l'homme commença par s'assoire avant de se lever doucement. Il regarda l'officier et lui confia :
« Ca ne vaut pas une oeuvre d'art ! »
Cruz se retourna et dit en partant :
-Je le crois aussi.
London venait de se dépêtrer de cinq automobilistes qui retournaient à leur voiture dès qu'ils se rendirent compte que Anderson s'était levé.  
Les deux officiers et l'artiste allèrent sur le trottoir.  
« Ils ne nous ont même pas remercié ! se plaignit Elisa. Il y en a  même un qui s'est énervé en disant qu'on avait mit trop de temps et que leur impos étaient décidément mal répartis ! »
-Ne sois pas surprise ! dit Cruz. Tu entendras ce genre de remarque toute ta carrière !
Anderson se mit face aux policiers et s'exclama :
-Que comptez-vous faire de moi ?
Elisa regarda Cruz.  
-Prend ça comme un avertissement ! dit Maritza. Et qu'on t'y reprenne plus !
-Vous êtes plus indulgente que ce que m'avait certifié votre amie.  
Cruz sourit.
-Tu te goures encore l'artiste ! dit-elle. C'est juste que j'ai pas envie de faire de la paperasse pour un petit dans ton genre !  
Marc se mit à rire. Il semblait définitivement captivé par la personnalité de l'officier Cruz.  
-Quoi qu'il en soit….merci mesdames….
Il se retourna et s'en alla d'un air heureux.
« Il n'était pas idiot ! » dit Elisa en le regardant s'en aller.
  -Les dingues ne sont pas tous enfermés London ! dit Cruz. Rappels toi bien de ça !
Elisa se tourna vers sa partenaire et dit en souriant :
-Vos conseils sont décidément très spirituels Cruz !

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55 Dany patrouillait  depuis au moins une heure quand London regarda sa montre.
« Tu veux prendre la pause ? »demanda Cruz à son équipière.
-Vous savez que les autres se sont donné rendez vous chez Jeff pour déjeuner ? demanda timidement Elisa qui appréhendait la réaction de Maritza.
Cruz regarda furtivement sa partenaire et dit brusquement :
-Tu veux y aller ?
-Ca nous ferais l'occasion de voir un peu nos collègues vous ne croyez pas ?
Maritza se mit à sourire.
-Je ne suis pas sûre que nos « collègues » aient vraiment envi de me voir. Dit-elle.  
-Détrompez vous Cruz ! Je vous assure qu'ils vous apprécient ! J'ai l'impression que depuis quelque temps, vous êtes remonté dans leur estime !  
Cruz se retourna brusquement vers Elisa et la transperça du regard.
-Il faut sérieusement que tu piges que j'en ai absolument rien  à foutte London ! Je suis flic ! Je ne suis pas là pour me faire des amis.  
Elisa soupira et regarda la route avant de se dire timidement :
-J'aimerais beaucoup y aller….Cruz.
-J'ai pas dis qu'on y allé pas ! rétorqua Maritza. J'ai juste dis que je n'avais rien à leur prouver !
Elisa ne pu s'empêcher de sourire d'un air satisfait. En étant la coéquipière d'une femme aussi solitaire, elle n'avait pas souvent l'occasion de se mélanger aux autres.  

Chez Jeff 13h00
Les deux officiers rentrèrent dans la pizzeria tandis que les autres étaient déjà assis.
Il y avait quatre officiers et trois infirmiers autour d'une table normalement réservée à six personnes.    
Cruz, qui ne se sentait décidément pas à sa place  alla l'air de rien derrière sa partenaire. Elisa, elle faisait un grand sourire à l'assemblée. Monroe se leva pour prendre une chaise à la jeune femme pendant que Brendan se poussait pour faire de la place à Maritza sur la banquette.  
« Vous avez commandé ? » demanda London.
-Ouais. Répondit Bosco en regardant Cruz
  Celui- ci ne cachait pas sa surprise de la voir parmi eux. Il la fixait de bas en haut mais tourna la tête dès que l'officier le regarda.  
Le garçon s'avança vers la table avec quatre assiettes posées dangereusement sur ses avant-bras.  
Il les posa sur la table et demanda aux deux officiers ce qu'elles désiraient commander. Maritza prit une salade et London une quatre fromages.  
Carlos s'apprêtait à croquer dans une énorme part quand Holly se munit d'une serviette et l'accrocha au col de son époux.  
-Qu'est-ce que tu fais ?! demanda-t-il en repoussant un peu sa pizza.
-Tu vas t'en mettre partout ! dit la jeune femme.
-Holly ! Je ne suis pas un gamin ! s'exaspéra Carlos.  
-Ca se voit que ça n'est pas toi qui fais les lessives ! rétorqua-t-elle.  
Carlos allait répondre lorsqu'il se rendit compte que leurs amis s'était arrêté de manger et les regardaient. Il se contenta donc de lever les yeux au ciel et de croquer dans sa part de pizza. Il fit ensuite une grimace à Holly qui ne pu s'empêcher de lui sourire.
-Vous savez, dit London d'un ton enjoué. Aujourd'hui on a arrêté un artiste !
-Un artiste ? demanda Grace.
-Je t'assure ! dit Elisa. Il était au milieu de la route et il prétendait faire de l'art !
-Encore un ahuri ! dit Bosco en s'essuyant la bouche avec une serviette.  
-C'est exactement ce qu'a dit Cruz !
Bosco et Cruz regardèrent leurs coéquipiers qui souriaient. Ce n'était pas la première fois que les deux jeunes gens tenaient les même propos sur les mêmes sujets. Si cela semblait les exaspérer, ça paraissait au contraire beaucoup amuser leurs collègues.  
-Bref ! fit Cruz pou couper court à cette parenthèse comique. Ce mec bloquait la 108ème !
-Ses motivations n'étaient pourtant pas idiotes. S'exclama London. Il priait pour dénoncer la folie New Yorkaise ! Un peu de spiritualité dans cette ville ne fait de mal à personne !  
-London ! fit Bosco. J'ai l'impression de ne pas avoir très bien pigé.
Il ‘approcha un peu de l'officier et la fixant droit dans les yeux il demanda :
-Est-ce que tu as bien dis qu'il priait ?
Elisa acquiesça d'un signe de tête.  
Le sergent se laissa retomber sur la chaise et lança :
-Ca y est c'est officiel ! On est dans la ville la plus dingue des états unis !
-Vous l'avez emmené au poste ? demanda Ty.
-Non ! répondit Elisa en faisant un large sourire. Cruz l'a laissé partir !
Tous se tournèrent vers l'officier qui ne fit plus un geste. Elle tenait sa fourchette qui portait un morceau de salade. Ils avaient chacun le même regard. Leurs yeux étaient plein de surprise et ils semblaient attendre une justification de la part de la jeune femme. Maritza Cruz aurait-elle fait preuve de laxisme ?  
Après quelque secondes de silence elle posa sa fourchette et fixa ses collègues tour à tour.  
-Il m'a fais pitié !rétorqua-t-elle.  
Bosco sourit et lança en reprenant une part de pizza :
-Je me disais aussi !

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Chez Jeff

« Nous ! dit Bosco en reposant sa pizza et en parlant la bouche pleine, on a coincé la bande de John Craft, et John Craft lui-même ! Ensuite on a arrêté un dealer. »
Tous le regardèrent pendant qu'il reprenait sa part de pizza.
-Vous avez fais tout ça ce matin ? demanda Finney, au nom de l'assemblé.
Bosco leva la tête :
-C'était une bonne matinée ! répondit-il, l'air de rien.
-Il n'a pas arrêté de courir ! dit Monroe. Et j'ai du le suivre en voiture dans tout New York.
Ty fit un sourire à sa petite amie et lança :
-C'est le risque quand tu travailles avec Bosco.  
-La ferme Davis ! rétorqua le sergent.  
Cruz jouait avec un morceau de salade tout en état perdu dans ses pensées.
-Vous devriez manger Cruz ! lui murmura London.  
Maritza sourit à sa partenaire et dit :
-J'ai plus faim !
-Vous n'avez pratiquement rien avalé ! rétorqua Elisa  
-J'ai dis que je n'avais plus faim !
-Je le savais ! dit Elisa en croisant les bras.
-Qu'est-ce que tu savais ? s'informa sa coéquipière d'un ton toujours aussi bas.  
-Que j'aurais du vous emmener ma soupe à la citrouille.
-Je préfère encore cette salade sans sauce au simple fait de penser à bouffer ce truc orange !
-Vous ne savez pas ce que vous ratez ! s'indigna London.
Cruz porta un verre d'eau à ses lèvres. En le reposant sur la table elle dit :
-Et heureusement que je ne le saurais jamais !  
La jeune femme se leva de table et se dirigea vers les toilettes.
-Et vous ? demanda Bosco à Brendan tout en s'essuyant la bouche, qu'est-ce que vous avez foutu ?
Finney se tourna d'un air gêné vers son équipier.  
« Un bouchon. » répondit Ty en baissant la tête.
Bosco posa sa bière et demanda :
-Et quoi d'autre ?  
-Rien. Répondit Davis.
-Vous avez passé quatre heures à la circulation ?! s'étonna le sergent.
-C'est….c'était très chian.t ! dit Brendan.
- Sans blague ! s'exclama Bosco d'un ton clairement ironique.  
Un silence de quelques secondes s'installa, lorsque Holly prit la parole d'un air indigné.
-Nous nous avons sauvé trois vie ce matin ! Mais ça tout le monde s'en fiche !
-Holly…dit doucement Carlos pour tenter de la calmer.
-Non non ! Ca nous intéresse ! dit London.
L'assemblé se tourna vers Elisa et la regardait d'un air que la jeune femme ne parvenait pas à déterminer.
-Ca ne vous intéresse pas ? demanda-t-elle un peu gênée.
Brendan regarda Grace.
-Vas-y, explique nous ce qui s'est passé…. Supplia-t-il.
A ce moment, Bosco se leva.
-Eh ! Où tu vas ?! demanda Carlos au sergent.
-Pisser ! répondit-il.
-Comment ça ?!
-Tu veux que je te fasse un dessin Nieto ?! demanda Bosco.
-Non mais on allait raconter notre mission là ! Pourquoi tu te barres toujours à chaque fois qu'on parle de secourisme!
Bosco regarda sa montre.  
-Parce que vos histoires sont trop longues, qu'il me reste dix minutes avant de reprendre le service…et en plus elles finissent toujours bien !
-Excuses nous de sauver la vie des new yorkais ! dit Holly.
-Ta femme s'énerve Nieto ! s'exclama Bosco en partant vers les toilettes.
-Je sais….dit Carlos, apparemment d'accord avec le sous-entendu du sergent.      
-Pardon ? s'exclama Holly. Vous n'êtes vraiment que deux énormes matchos !  
Grace se pencha vers Brendan et lui chuchota à l'oreille :
«Tu crois qu'elle vient juste de s'en rendre compte ? »
-De quoi ? demanda Finney.
Grace sourit.
-Que Carlos est un matcho. Dit-elle.
-Il n'y a pas d'autre explication ! Sinon elle ne l'aurait pas épousé !  


TOILETTES DES DAMES.
Cruz se regardait dans le miroir. Elle remarquait que les cernes étaient plus marqués qu'à l'accoutumer et se passa un peu de fond de teint dessus.
Elle mit ensuite le petit stick dans sa poche droite, et sortit de sa poche gauche quatre boîtes de cachés. Elle se regarda une fois de plus dans la glace et déposa la première pilule dans le creux de sa main. A ce moment précis, elle entendit la porte des toilettes s'ouvrir. Elle mit le premier comprimé dans sa bouche et l'avala à l'aide d'un peu d'eau du robinet. Lorsqu'elle releva la tête, elle vit apparaître Bosco dans le miroir.  
« Je crois que je me suis trompé !dit-il. J'ai cru que c'était ceux des hommes ! »
Cruz continua à le regarder dans la glace, sans se retourner.
-Comment t'as fais pour te tromper ? demanda-t-elle d'un ton moqueur.
-C'est pas écrit sur les porte ! rétorqua le jeune homme.  
Maritza fit un large sourire et baissa les yeux en disant :
-Tu sais que pour les gens comme toi, ils ont fait des dessins! Celui avec une robe devrait t'éclairer !
Bosco ne réagit pas, sans doute trop habitué par ces remarques perpétuelles. Il croisa les bras et s'adossa au mur.  
-C'est tes cachés ? demanda-t-il.
-Cruz le regarda furtivement dans le miroir.
-T'es perspicace ! dit-elle.    
-T'en a beaucoup à prendre ? s'informa le sergent.  
-Qu'est-ce que ça peut te foutre…dit Cruz.
-Rien…juste comme ça….
Cruz se retourna vers lui et mit les mains dans les poches. Sans regarder le jeune homme elle dit :
-Je…j'en ai pas mal…
-Ca doit être chian.t. déduisit Bosco.
Maritza sourit et leva les yeux :
-Il y a pire. Dit-elle à mi-voix.
Le sergent devinait que Cruz était particulièrement fragile en ce moment précis, mais il savait aussi qu'elle ne jouerait jamais la carte de la faiblesse.  
Bosco la regarda et après quelques secondes de silence total il lança :
-Il y a toujours pire….pas vrai Cruz ?
Bosco avait vu juste, mais Cruz le soutint un peu du regard. Lorsqu'elle comprit que ça ne servait plus à rien puisqu'il l'avait percé à jour, Maritza baissa la tête et le sergent sortit doucement des toilettes.

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Lorsque Cruz retourna s'asseoir, 55 David et 55 Adam était déjà partit.  
« Je crois qu'on ne va pas tarder nous aussi ! » lança Finney.
-Ouais, dit Ty en se levant. La circulation nous attend.  
-Quelle chance, fit Cruz d'un ton sarcastique.
-Tu ne peux pas t'imaginer à quel point ! rétorqua Davis sur le même ton.

« Appel à toute les unités ! Un carambolage a eu lieu sur la 112ème. »
Cruz pourssa le bouton de sa radio.
« 55 Dany à Centrale on va tout de suite sur les lieux »
« 55 Charlie à Centrale, on y va aussi ! » dit Brendan.

« C'est triste, dit Ty en se précipitant vers la sortie avec ses collègues, mais j'en arrive à être content quand il y a ce type d'action ! »
-Ne te réjouis pas trop Davis ! lança Cruz. D'une manière ou d'une autre, tu fera la circulation !  

Les deux voitures de patrouille se frayèrent un chemin parmi les files de voiture jusqu'à la 110ème.  
Au bout d'un certain moment, il leur était impossible de continuer à cause de la pagaille, qui ne faisait que s'empirer.
Les officier laissèrent leur voiture au milieu de l'avenue et coururent vers ce qui paraissait être la cause du carambolage. En y allant, ils se rendirent également compte de l'énormité des dégâts qui recouvraient l'avenue.  Certaines voitures étaient totalement retournées tandis que leurs chauffeurs tentaient désespérément de sortir. Ty, Brendan, Elisa et Maritza décidèrent comme un accord que les trois premiers s'attarderaient à aider les blessés pendant que la dernière irait voir de plus près ce qui aurait causé le carambolage.  
Cruz continua donc seule à courir vers le centre de l'allée et elle s'arrêta net devant un corps presque méconnaissable tant il était recouvert de sang. Son visage était laminé par les multiples bouts de verre qu'il avait reçu pendant l'accident. Elle s'accroupie près de lui et tenta d'en enlever quelque uns. A ce moment précis, Carlos et Grace arrivèrent sur les lieux. En s'accroupissant à coté du blessé,  Nieto regarda Cruz et demanda :
« Tu le connais ? »
Maritza hésita un moment mais répondit de façon très brève :
-C'est l'artiste.  
-Ok. Fit Carlos. Bon on s'occupe de lui. Tu devrais aller voir les autres blessés.
-J'aurais du l'arrêter. Dit Cruz d'un ton sévère. Tout est de sa faute…et de la mienne…
Nieto attrapa le bras de l'officier et rétorqua :
-Il y a des gens qui sont entrain de mourir Cruz !
La jeune femme repris conscience et se leva. Elle courut vers une voiture située pas loin.  
Une femme tentait de sortir de sa voiture mais n'y parvenait pas à cause de sa ceinture coincée.
Maritza tenta de débloquer la ceinture lorsque la conductrice la regarda dans les yeux et lui dit en la suppliant :
« Occupez vous d'abord de ma fille ! »
Cruz constata en effet qu'une enfant était assise dans un siège auto à l'arrière du véhicule et qu'elle avait les yeux fermés. Elle se précipita vers la portière et l'ouvrit. L‘officier se débattit avec la ceinture spécialement conçu pour les bébés et parvint à la débloquer. Elle prit ensuite l'enfant dans ses bras et la déposa sur la route.
Elle posa son oreille sur la poitrine de la petite fille pour s'assurer que son cœur battait toujours. Elle recherchait le moindre bruit, la moindre pulsation, mais en vint. Cruz finit par lever la tête, et d'une voix pleine de panique elle hurla :
« NIETO ! »

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CRUZ-NIETO
C arlos se précipita vers Cruz après avoir demandé à Grace de se charger seule de l'artiste.  
« Qu'est-ce qui se passe ?! » dit-il en courant vers elle.  
-Elle….elle ne respire plus ! s'affola Maritza en tentant le massage cardiaque.
Nieto repoussa les mains de Cruz et pencha son oreille sur la bouche de l'enfant. Après avoir lui-même constaté les faits il demanda à Cruz de l'aider à la réanimer.  
Maritza aida donc le secouriste à procéder à l'intubation. Leurs yeux pleins d'incertitude se croisèrent pendant l'opération tandis que Cruz ne pouvait s‘empêcher de trembler.  
Les deux jeunes gens tentèrent absolument tout mais le cœur de l'enfant ne se remit pas à battre. La mère, qui avait entre temps réussit à sortir de sa voiture, rampât sur le sol vers son enfant. Sa jambe blessée traçait une ligne de sang sur le goudron. Cruz la reteint par les bras tandis qu'elle éclatait en larme  et qu'elle hurlait le nom de sa défunte petite fille.  
Carlos soupira un moment et regarda le corps de l'enfant avant de dire doucement :
« Il faut que j'examine votre jambe madame. »
-Nieto ! s'exclama Cruz en se retournant brusquement. Je crois qu'elle n'en a rien à foutre !
-Bien sur….pardon. Il se leva aussitôt et lança à mi voix.
-Cruz….il faut que…
-Vas-y. coupa Maritza. Je m'occupe d'elle.  
Carlos acquiesça d'un signe de tête et accourut vers l'ambulance. Là il prit le brancard et se redirigea vers le corps de la petite.
Pendant cette délicate manœuvre, Cruz avait toujours la mère dans ses bras. La jeune blessée hurlait de toutes ses forces, comme si elle pensait que les cris la ramèneraient en arrière. Elle regarda ensuite l'officier dans le blanc des yeux et bredouilla :
« On allait….au jardin d'enfant…. Juste….au jardin d'enfants»
Des larmes de tristesse coulèrent sur les joues pâles de Maritza qui ne savait pas trop quoi répondre. Après quelque seconde de regard intense avec la femme qui venait de perdre la chair de sa chair  elle dit maladroitement :
-C'est finit….je suis désolée….
Le tact. Voilà ce qu'il manquait dans la phrase que l'agent venait de prononcer. Elle ne s'en rendit compte que lorsque la mère se mit à crier un énorme :
« NON !!!!!! »
Des larmes plus grosses coulèrent sur les joues de l'officier tandis qu'elle dut tenir plus fermement la jeune femme.
-Je suis…désolée….. insista-t-elle.  

LONDON-HOLLY
London, quant à elle était seule face à un groupe d'adolescent à moto qui était blessés.  
Elle s'accroupie près de l'un d'entre eux et lui demanda si il pouvait bouger la jambe.
« Aaah ! dit-il lorsque Elisa la toucha. Ca fait vraiment mal. »
-Et l'autre ? demanda l'officier en agissant de la même façon que pour la première.  
-Je crois que c'est bon!
-Bien….pensez-vous que ça va aller ? Je peux aller voir d'autres personnes ?
-Ouais…dit le garçon en faisant une grimace, je vais tenir le coup ! Je crois qu'un ami est sérieusement blessé là bas ! ajouta-t-il en montrant du doigt un autre garçon à terre.
London se précipita vers le corps et colla son oreille contre sa poitrine.
« Il respire mais il est inconscient ! dit-elle. »  
Elisa se leva et regarda autour d'elle à la recherche d‘un secouriste. Au bout d'un petit moment elle aperçu Holly. Elle l'appela et cette dernière accourut vers l'officier.  
« Je crois qu'il est juste inconscient ! »dit London en s'accroupissant en même temps que Holly.
-Vas chercher le brancard ! ordonna la secouriste.
L'officier acquiesça d'un bref signe de tête et accourut en direction de 55 Adam. Etant donné qu'il n'y avait plus de brancard Elisa chercha une autre ambulance. Elle courait sans vraiment savoir où elle allait. Elle tombait nez à nez avec d'autres blessés qui suppliaient son aide. Des larmes de colère et de désespoirs glissèrent sur les joues de la jeune bleue à la vue de tant d'horreur. Le pire de tout était sans doute pour elle les multiples mensonges qu'elle disait aux blessés et qui se résumaient pourtant à un simple :
« On s'occupe de vous dans un instant ! »    
« On s'occupe de vous ! » se disait elle sévèrement à elle-même. « Trop d'accidentés et si peu de moyens ! »
La fumé des voitures avait crée un brouillard épais et il devenait difficile pour l'officier de trouver ce fameux camion qui contenait un brancard !
  Et puis ces cris….ces cris de peur, ces cris de douleurs… Ils provoquaient chez London une envie de hurler elle aussi. Le moral commençait donc à flancher et elle s'en rendit compte lorsqu'elle du se retenir de vomir en posant sa main droite sur sa bouche. Elle posa son autre main sur une voiture et prit une profonde inspiration. Doucement elle se dit en baissant la tête :
« C'est donc ça….être flic…. »
Elisa essuya une larme et reprit ses esprits. Elle leva la tête d'un air déterminé et aperçut tel un mirage au milieu de ce brouillard presque irréel trois nouvelles ambulances qui arrivaient les unes derrières les autres.  
« Le brancard ! » dit-elle fermement  en se dirigeant vers les camions.  

GRACE-BRENDAN
Après avoir sauvé l'artiste, Grace l'avait confié à un ambulancier, et s'était attardé sur une autre accidentée. Il s'agissait d'une vielle dame.    
Grace et Brendan conduisaient donc d'urgence la vieille dame grièvement blessée à la Pitié. Finney conduisait 55 Murray sur deux roues tandis que Grace se battait pour maintenir la dame en vie.  
« Allez dégages co.nnard ! » s'exclama Brendan en doublant un chauffeur un peu lent.  
  « Restez avec nous madame Clark. » dit doucement Grace à sa patiente.
Madame Clark s'était retrouvé coincé dans son véhicule lorsque celui-ci avait fait un tonneau.  Son corps fragile était entièrement recouvert de sang mais ses yeux étaient ouverts. Elle fixait la secouriste d'un regard affaiblit qui reflétait toute la douleur qu'elle ressentait dans ses moindres membres.  
« On arrive bientôt ! » s'exclama Brendan en tournant furtivement la tête vers Grace.  
« Tenez le coup ! » supplia doucement la secouriste.
A ce moment précis, la vielle dame attrapa légèrement la main de la jeune femme et la lui serra un peu en la fixant dans les yeux. Son regard était à présent plein de résignation et de confiance et Grace comprit très vite ce qui allait se produire :
« Brendan ! s'exclama Grace, la voix pleine de panique. Elle se laisse mourir ! »
-Et mer.de ! rétorqua l'officier en appuyant sur l'accélérateur.  

Quelques minutes plus tard, 55 Murray arriva à la Pitié et les médecins prirent la patiente en charge.
« Son cœur vient tout juste de lâcher ! » cria Grace en courant derrière le brancard.  
Finney attrapa sa petite amie par la main et la serra dans ses bras.
« Elle va s'en sortir dit-il doucement pour la rassurer. Elle va s'en sortir…. »



DAVIS
Ty avait confié un accidenté à un secouriste qui venait tout juste d'arriver. Il se positionna au milieu du carambolage où Cruz et London le rejoignirent. Cruz avait les bras croisés et les yeux humides, tandis que le visage de London était étonnement pâle, presque verdâtre. Ils se regardèrent d'un même air désemparé, et le jeune homme lança tristement :
« J'espère que demain, il n'y aura que de la circulation. »

 


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